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Valeurs – Le contrôle de soi

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Les valeurs ont du sens. Elles irriguent et nourrissent la pratique. Comment ? Nous vous proposons de nous pencher sur cet éventail de plus-values qui font le sel de la discipline. Pour ce nouvel épisode, après avoir exploré les notions de sincérité, de respect, de courage, d’honneur, d’humilité et de politesse, échanges avec trois pratiquants passionnés qui placent le contrôle de soi au centre du jeu.

Rodolphe Gianotti, 5e dan, Saint-Michel Karaté (Charente)
« Une notion physique, gestuelle et émotionnelle »
« Je définirais cette notion comme « l’idée de garder la maîtrise de ce qui peut se passer« . Et je pense qu’elle est de trois ordres : physique, gestuel et émotionnel. Dans le karaté, cette valeur, si j’ose dire, coule de source. Elle est intrinsèque à notre pratique. En effet, la maîtrise du coup porté au partenaire ou à l’adversaire implique, dans sa réalisation même, le contrôle de soi. C’est pourquoi, j’utilise avec les enfants une cible fixe. L’idée ? Qu’ils s’approprient le contrôle de soi à travers l’idée de distance et d’intensité grâce à cet exercice. Concrètement, je leur demande, d’abord, d’approcher la cible le plus possible sans la toucher. Autrement dit, appréhender la juste distance. Ensuite, ils doivent frapper la cible le plus doucement possible afin de contrôler l’intensité de leur frappe. Chez les adultes, pas de cible mais un partenaire immobile. La peur de blesser ce dernier oblige à se concentrer sur les mêmes notions que les enfants.
Les arts martiaux, de par leur identité, ont le contrôle de soi au cœur de leurs fondements. Et je pense qu’un karatéka, par sa pratique, aura la capacité, plus que d’autres personnes, à trouver rapidement les bonnes réponses à une situation de tension croissante, comme cela peut malheureusement arriver dans la vie quotidienne. Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès de confiance : penser que le contrôle de soi nous est désormais absolument naturel au sein de notre personne de karatéka est une erreur. On doit toujours travailler dessus, ne jamais penser qu’elle est totalement maîtrisée. »

Loïc Bourgeois, 3e dan, Club Omnisport Karaté Othis (Seine-et-Marne)
« Une gestion pertinente de ses émotions »

« Le contrôle de soi est l’un des piliers de notre discipline. Présente de manière consubstantielle dans tous les arts martiaux, elle dépasse largement le cadre du sport. Au club, j’assiste notre professeur lors des cours « éveil » où viennent des enfants de quatre à six ans. Un moment particulièrement propice, je trouve, pour travailler cette valeur. À la fois pour moi et pour eux ! En effet, c’est une population qui a une capacité de concentration assez courte. Avec l’expérience, je me suis rendu compte que, dans cette situation où garder son calme est fondamental pour que le cours soit réussi, je suis… une autre personne. En effet, avec le temps, j’ai construit un autre « moi » avec des réactions, des mots adaptés à la situation donnée, quand le sentiment d’agacement peut par exemple vite monter. Cela s’est fait de manière non calculée. Si j’ai réfléchi, je pense que l’expérience de situations diverses de tension ou de stress aident à forger son propre contrôle de soi. Le karaté combat m’a aidé dans mon cas.
Le maître mot fut toujours, pour moi, de ne pas se blesser. Ce qui oblige à une maîtrise technique et à une connaissance de soi, de son corps, de ses émotions, toujours plus fines. De nature plutôt calme, le travail du contrôle de soi au karaté m’aide concrètement dans ma vie professionnelle. Travaillant dans le domaine informatique, la pression est quotidienne, avec des incidents à gérer régulièrement. Or, travailler le contrôle de soi sur le tatami m’a permis, je le crois, d’acquérir un processus mental qui m’aide à maîtriser des situations critiques dans mon travail : d’abord, ne pas se précipiter. Le contrôle de soi est une gestion pertinente de ses émotions dans une situation inattendue. Se précipiter, c’est risquer de faire des erreurs et d’aggraver la situation. Ensuite, analyser les causes du problème. Puis enfin, trouver les solutions. Toutefois, j’ajouterai qu’il n’y a pas de réponse unique à des situations de colère ou d’emportement. En effet, je pense que le contrôle de soi peut se manifester de différentes manières, liées à la personnalité de chacun. »

Chrislaine Joseph-Rose, ceinture marron, Martial Kombat Club (Martinique)
« Être maître de soi vous rend plus crédible »

« Quand je suis sur le tatami, j’associe cette valeur à la maîtrise de mes émotions, en particulier mon impulsivité, mais aussi de mes hésitations. J’ai commencé le karaté à quarante-trois ans. Je me souviens qu’à mes débuts, j’étais assez nerveuse de nature. Avec le temps et les conseils des professeurs, j’ai appris, de manière inconsciente maintenant que j’y pense, que la maîtrise de mes émotions était indispensable dans ma progression. Se laisser guider par son impulsivité, c’est initier un coup qui peut être fort, mais sans aucune maîtrise. Or, cette dernière est nécessaire à l’efficacité. Du coup, j’ai mis en place une routine lors du travail technique : avant chaque frappe, je me focalise sur ma respiration, afin de me sentir pleinement maître de moi-même, de mes gestes.
Hors du karaté, je travaille comme responsable dans le médico-social, et je suis amenée à participer à des prises de décision où parfois le ton peut monter. Je me suis rendu compte qu’être maître de soi me rendait à la fois plus crédible et avait un effet de désamorçage des tensions. Concrètement, face à des propos parfois irrationnels ou passionnés, j’expose toujours du factuel, du concret, de l’objectivité. Une stratégie de calme et de self-control qui, selon moi, a un effet presque magique puisque l’interlocuteur se dégonfle, telle une baudruche. Répondre à de la passion par de l’impulsivité, c’est rentrer dans un cercle vicieux. Cela invite au conflit. Je pense que le contrôle de soi a aussi un impact positif sur soi-même et sur sa relation à l’autre. Si vous parlez à l’autre avec maîtrise, mesure et calme, vous aurez bien plus facilement une écoute active, attentive et de l’empathie de la part de votre interlocuteur. »

Thomas Rouquette / Sen No Sen

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