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Valeurs – Le courage

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L’avis de trois pratiquants qui s’interrogent sur les vertus du karaté

Les valeurs ont du sens. Elles irriguent et nourrissent la pratique. Comment ? Le Mag’ a décidé de se pencher sur cet éventail de plus-values qui font le sel de la discipline. Pour ce nouvel épisode, après avoir exploré les notions de sincérité et de respect, place au courage, qualité indispensable pour quiconque pénètre dans un dojo.

Daniel Phang, 3e dan, KCC Châteaudun (Eure-et-Loir), fondé en 1972 (46 licenciés)
« La compétition développe le courage »

« Par courage, j’entends une force morale face aux épreuves, au danger, à la souffrance. C’est une valeur qui permet d’appréhender les difficultés de la vie, privées comme professionnelles. Travailler sur son courage, c’est développer ses capacités d’analyse, de sang-froid et de décision face à des situations rencontrées, potentiellement anxiogènes. C’est également développer sa confiance en soi dans une situation de stress. En tant qu’enseignant, travailler sur cette valeur avec mes élèves, c’est d’abord faire naître ou augmenter leur confiance en eux. Car, je pense qu’on ne peut faire preuve de courage que si on a une idée précise de ses capacités et et de ses qualités à agir dans un but positif et de manière spontanée. Agir de manière instinctive face à une « injustice », c’est bien. Mais savoir agir de manière pertinente et proportionnée, c’est mieux. Pour optimiser la confiance en soi, je pense qu’il faut être très pédagogue, diplomate. Utiliser un ton calme, serein. J’utilise beaucoup d’expressions comme « n’aie pas peur…ose », « ne crains pas d’être jugé ». De même, la répétition amène à la maîtrise, qui amène elle-même la confiance en soi. Cela demande donc de l’exigence dans la pratique et l’assiduité. Pour travailler son courage, une première étape consiste selon moi à aller se confronter en compétition. Savoir ce que l’on vaut face à d’autres qui veulent la même chose, dans une configuration où le stress est très présent, c’est se mettre dans une situation inédite, d’inconfort qui permet de travailler son courage. »

Mohamed Benaissa, 2e dan, Shotokan Karaté Alès (Gard) fondé en 1999 (112 licenciés)
« Se confronter à des risques »

« Le courage permet de se motiver, de se surpasser, de se transcender. Cette valeur est intimement liée à la confiance en soi. Comment la travailler ? En tant que professeur, j’essaie toujours de mettre en valeur les points forts des combattants, afin de les mettre dans les meilleures dispositions psychologiques. Lorsque l’on débriefe une compétition, l’idée est de se souvenir des phases de combat où l’athlète a été fort et d’insister sur ses potentialités. Mais la prise de confiance qui amène au courage sert aussi, évidemment, dans la vie quotidienne de tous les jours. Pour partir de mon cas personnel, j’étais très timide, réservé, quand j’ai débuté le karaté. L’exigence de la discipline et ses valeurs ont développé chez moi une vraie confiance. Une confiance qui m’a permis d’être courageux dernièrement, en décident de me réorienter professionnellement après dix ans dans la même société pour devenir éducateur spécialisé. Changer de situation du jour au lendemain impliquait de vrais risques. Mais la confiance en moi que le karaté, mes professeurs, le club et mes amis m’ont apporté m’a aidé faire ce choix, dont je ne me serais pas forcément senti capable il y a encore quelques années. Faire ce qui vous semble juste et bon, pour vous ou pour les autres, voilà ce qu’est le courage pour moi. Il y aura inévitablement des risques. Mais être en accord avec ses envies et les principes qui guident notre vie impliquent de s’y confronter. »

Julien Caillon, 1er dan, CAM Pondinois (Ain), fondé en 1998 (103 licenciés)
« Devenir courageux, ça se travaille »
« Sous la notion de courage, j’entends l’acceptation de la confrontation, la capacité à surmonter ses peurs. Cela peut être le cas, par exemple, en compétition. Je me souviens d’avoir rencontré un adversaire qui me faisait forte impression. Dans ce cas, il faut rester concentré, calme, et avec un état d’esprit fixé sur ses points forts et non pas sur son concurrent. Et même si celui-ci s’avère finalement plus fort, faire de son mieux permet d’être fier de soi. Les passages de grade sont aussi une épreuve qui requiert du courage : être jugé, avec une possibilité d’échec, demande, d’une certaine manière, une forme de courage.
J’associe aussi le courage à la bravoure, c’est-à-dire de dépasser ses peurs pour réaliser une action en accord avec des valeurs positives. Devenir courageux, ça se travaille. Si on parle de cette valeur dans le karaté, je pense que le rôle des gradés et des professeurs est primordial. En tant que ceinture noire, j’apprécie de travailler avec des ceintures de couleur, voire des débutants. Ces derniers ont peur de se faire mal. Ils expriment donc des craintes, de la réticence : parce qu’on est plus costaud, plus gradé, plus expérimenté. Travailler avec eux, c’est les aider à lever ces craintes, à leur faire prendre confiance. Et donc à devenir plus courageux. Pour se faire, il ne faut surtout pas les dénigrer. Je me suis rendu compte que le caractère de la personne joue beaucoup aussi. Avec certains, il faut beaucoup de patience. Personnellement, mon frère, karatéka lui aussi, m’a beaucoup aidé à surmonter mon appréhension et à devenir plus courageux sur le tatami. Une valeur qui désormais me guide aussi dans la vie professionnelle. Lorsque je ne sais pas, je tente, j’essaie, je prends plus de temps pour comprendre, mais je ne me laisse pas gagner par une forme de peur devant ce que je ne maîtrise pas, ou mal. »

Thomas Rouquette / Sen No Sen

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