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Valeurs – L’honneur

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Les valeurs ont du sens. Elles irriguent et nourrissent la pratique. Comment ? Le Mag’ a décidé de se pencher sur cet éventail de plus-values qui font le sel de la discipline. Pour ce nouvel épisode, après avoir exploré les notions de sincérité, de respect et de courage, coup de projecteur sur l’honneur, dimension prégnante du karaté.

Nicolas Ferré, 1er dan, Karaté Club du Couserans (Ariège), fondé en 1983 (36 licenciés)
« Des attitudes plutôt que des mots »

« Si je devais associer un mot ou une valeur à l’honneur, je dirais le respect. Faire preuve d’honneur, c’est respecter des principes considérés comme légitimes, sains, positifs. En partant de là, il s’agira de respecter toute personne, qu’il soit ceinture jaune ou noire, et ce peu importe leur personnalité et, en particulier, leurs défauts. Être honorable aux yeux des personnes qui nous côtoient quotidiennement, c’est donner une image de soi constante : dans l’honnêteté, la sincérité, la franchise. A contrario, je considère qu’on perd son honneur à abuser d’un pouvoir, d’une influence. J’associe un autre mot, la gratitude, à ce principe. Par la gratitude, on exprime la reconnaissance, on rend honneur. Dans notre cas, il s’agira de rendre honneur à nos professeurs qui nous ont formé, fait évoluer positivement en tant que personne.
Une image forte me vient à l’esprit pour traduire cette idée : des enfants du club, alors que je me baladais dans la ville, sont venus me saluer en courant dès qu’ils m’ont vu. Cette attitude, que je ne m’explique pas, est pour moi le symbole de la gratitude, de cette volonté, parfois spontanée, de rendre honneur. Je pense d’ailleurs que le sens de l’honneur se transmet bien plus par des attitudes que par des mots. Respecter les principes qu’on essaie d’inculquer en tant que ceinture noire, se montrer à la fois exigeant et bienveillant. Avoir de l’honneur, c’est être en cohérence avec les principes que nous souhaitons voir suivis par les jeunes karatékas. Cela permet de garder la tête haute et être ainsi en accord avec les principes qui guident notre vie. »

Gérard Boespflug, 3e dan, Karaté Club Dignois (Alpes de Haute-Provence), fondé en 1975 (65 licenciés)
« Faire honneur, c’est se sentir redevable »
« Le sentiment que l’on a de sa dignité morale, voilà comment je définirais en préambule cette valeur. Cela induit un type de comportement constant à avoir, en fonction de références morales. Être digne de la confiance que l’on inspire, être en cohérence entre ses prises de position, ses paroles et ses actes. Faire honneur à ce que l’on est implique donc une vraie exigence de conduite ! Il y a une éthique que l’on s’impose à soi-même. Une éthique que le karaté permet d’acquérir ou de renforcer. Par exemple, étant jury d’examen pour les passages de grade, je me dois d’être impartial car, sans cela, je suis logiquement vu comme manquant à l’honneur de mon statut. En dehors du dojo, cette éthique de l’honneur doit aussi de concrétiser par l’idée que les gens aient l’assurance de pouvoir compter sur moi si je leur ai proposé mon aide au préalable, d’être toujours en accord avec des propos tenus.
Au dojo, il s’agira de faire honneur ou de rendre honneur au club ainsi qu’au professeur, en étant le plus présent possible en cas de besoin, le plus assidu aux entraînements, ou il faut essayer de pratiquer de la manière la plus sérieuse possible. Concrètement, je pense pouvoir dire que je fais modestement honneur à mon club en étant présent, lors d’une séance ouverte à tous en dehors des créneaux normaux, pour les licenciés souhaitant perfectionner leurs katas ou leur karaté. Faire honneur, c’est ainsi se sentir redevable, un sentiment que j’éprouve vis-à-vis de ma discipline, de mon club, de mon professeur. »

Françoise Guedjali, 4e dan, Karaté Club Rouillacais (Charente), créé en 2002 (30 licenciés)
« L’honneur aide à se construire au quotidien »
« L’honneur est une forme de construction de soi, c’est tendre vers un idéal. Et le karaté aide à progresser sur ce chemin. Par des valeurs, des normes, qui dirigent notre pratique technique mais aussi notre attitude, nos sentiments. L’honneur est évidemment lié à une question de morale. C’est le sentiment de considération que l’on porte à un individu qui se conforme, le plus possible, à des normes perçues comme légitimes et valorisantes. Une personne honorable sera vertueuse, voire irréprochable. Mais pour l’être, il faut, je pense, être conscient de qui l’on est, de ses qualités mais aussi de ses manques, pour les combler. Or, le karaté permet cette connaissance et cette élévation morale personnelle. Sur le tatami, on transpire par le corps, mais aussi par l’esprit puisque l’on s’approprie une culture, la voie du budo. Dans notre club, avant chaque cours, nous saluons d’abord le mur d’honneur (le kamiza) puis, à la fin des saluts, un jeune élève récite le « dôjô kun ».
Ce choix, qui fait honneur à un élève méritant permet, selon nous, d’intégrer cette culture qui revêt cette notion de respect des engagements, avec fidélité. Selon moi, l’une des notions qui découlent de l’honneur est la bienveillance : apprendre à être exigeant avec soi-même, quant au respect au quotidien des normes qui nous paraissent positives, doit nous apprendre à être tolérant, plus empathique et à faire preuve d’indulgence, par exemple envers les jeunes pratiquants. L’honneur renferme tous les principes qui sont nécessaires pour se construire au quotidien en tant qu’être humain, pour atteindre l’absolu dans la bienveillance et le bien-être. Il requiert un travail sur notre devoir de mémoire, envers les maîtres disparus qui ont œuvré pour nous transmettre leur art. »

Thomas Rouquette / Sen No Sen

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