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06 avril 2017

Une leçon de courage aux championnats de France Kata 2017 !

KaratéDéveloppement

Samedi 1er avril dans l’antre du complexe René Tys de Reims les techniciens individuels s’affairent. Parmi eux, un athlète se fait remarquer, il porte des lunettes noires et déambule à l’aide d’une canne. Nohan Dudon, 15 ans, ceinture noire 1er dan et malvoyant s’apprête à entamer sa compétition avec les valides. Originaire de Vins sur Caramy, en Provence Alpes Côte d’Azur, Nohan participe à ses premiers championnats de France. Rencontre.

© Denis Boulanger / FFKDA
© Denis Boulanger / FFKDA

Lorsqu’on s’approche de lui, Nohan Dudon semble à l’aise. Lui qui a commencé le karaté à l’âge de 4 ans sait qu’aujourd’hui il suscite des interrogations et est observé. Pas de quoi impressionner le jeune homme de 15 ans, qui sait qu’il est un exemple pour beaucoup. Il revient pour nous, et avec l’aide de sa maman, Gipsy Lefebvre, sur les enjeux de sa participation aux championnats de France Kata 2017.

Est-ce la première fois que tu participes à une compétition « valides » ?

Nohan Dudon : “Non ça fait deux ou trois saisons que je participe à ce genre de compétition en ligue. Les deux dernières années je suis parvenu à me qualifier pour les inter-région, et cette année pour les championnats de France ! C’est ma première sélection, et je n’étais vraiment pas sûr de l’obtenir… Mais finalement si, et je suis content.”

Participes-tu également à des compétitions spécialisées ?

ND : “Oui, mais il s’agit surtout d’Open, et non de championnats de France… Aujourd’hui je participe à cette compétition car j’ai envie de m’améliorer et de vivre des expériences. Je souhaite aussi élargir les mentalités, et pourquoi pas susciter des vocations chez des personnes handi qui n’oseraient pas participer à des compétitions qui ne leur soient pas réservées.”

Pourquoi avoir eu envie de participer ?

ND : “Au départ j’allais juste en ligue pour faire des katas… Et puis je me suis amélioré, et j’ai réussi à acquérir le niveau suffisant pour me qualifier.”

Gipsy Lefebvre : “Oui au départ rien n’était écrit… Les portes se sont ouvertes petit à petit et nous avons suivi. On ne s’est pas dit « on va faire ça », ça s’est simplement présenté à nous au fur et à mesure !”

Comment Nohan en est arrivé à pratiquer le karaté ?

GL : “Nohan a été malade à l’âge de 3 ans, et c’était très compliqué avec l’école. On a donc vu pour un rythme dédié, grâce auquel chaque mardi il pouvait aller dans le village de mes parents. Il s’avère que le mardi dans ce petit village, c’est le karaté qui est proposé, c’est comme ça qu’il a essayé ! Au départ on n’était pas sûr. Le professeur nous a dit qu’il avait l’air vaillant, et qu’on pouvait essayer malgré les problèmes de santé. Tout s’est très bien passé, Nohan a de suite accroché ! Si ça semblait impossible au début, eh bien finalement les portes se sont ouvertes ! Il a gravit les échelons tout seul, c’est vraiment un bosseur !

Bien sûr il y a aussi des rencontres essentielles dans son parcours, qui lui ont permis de se construire. La rencontre la plus importante fut celle de son professeur, David Rossi, qui a réinventé son enseignement afin de s’adapter au mieux au cas de Nohan. Aujourd’hui un lien très fort les unit, autour du respect et de l’amour commun pour cette discipline. Il y a également eu les rencontres avec Lucas Jeannot et Jessica Hugues, qui étaient alors des champions en devenir, et aujourd’hui de vrais exemples.

Enfin, il y a eu l’UNSS, et grâce au sport partagé il a pu entrer dans la compétition, notamment aux côtés de Jordan Fonteney, qui est devenu un de ses grands amis depuis. Toutes ces rencontres l’ont conforté dans ses choix, et comme il est de nature à ne rien lâcher, le résultat est là !”

Et à devenir compétiteur ?

Article - Lecon de courage Championnats France Kata (1)
© Denis Boulanger / FFKDA

GL : “Au départ nous n’avions pas d’autorisation, notamment à cause de sa manière de s’habiller. Nohan porte constamment une casquette et des lunettes conséquentes car il souffre de photophobie sévère (extra sensibilité à la lumière, ndlr.). Et puis la ligue a accepté qu’il participe, petit à petit on a réussi à faire changer les mentalités. Il ne s’agissait pas d’un look par choix, mais pour raisons médicales, et en l’expliquant les gens comprennent !”

ND : “Aujourd’hui j’ai eu un super accueil, tout le monde m’a accepté avec ma canne et ma casquette. On est aussi là pour faire passer un message et changer les mentalités ! Je me suis qualifié il y a 15 jours, et c’était compliqué de venir, mais il le fallait, pour le symbole. Rien que d’être ici aujourd’hui est une victoire !”

GL : “Il a une vraie force en lui, et s’il peut la transmettre alors on est gagnant. Nous avons déjà des retours très positifs. Certaines personnes n’osent pas, et avoir Nohan comme exemple les galvanise. Ils n’hésitent pas à le contacter, lui poser des questions… La morale c’est que lorsque l’on tient à quelque chose, on peut y arriver ! Nohan est vraiment un combattant par nature ! Son premier combat il l’a mené contre sa maladie, le syndrome de Lyell. Cette maladie ôte la vie, et Nohan ne lui a concédé que sa vue… C’est un garçon qui gravit les échelons à la régulière, avec humilité et discrétion, mais qui ne surpporte pas la pitié et les passe-droits.

Si son exemple peut servir aux valides comme aux handi, et que le message comme quoi à force de travail tout devient possible est entendu, alors il sera heureux.”

Comment as-tu vécu ta compétition d’aujourd’hui ?

ND : “Je partais juste pour faire un kata, même si j’espérais faire au moins un tour. Je pensais perdre et puis finalement j’ai eu la chance de passer – chance ou performance, Nohan a remporté son match 5/0 – mais j’étais un peu dégoûté pour mon adversaire. Je me suis dit que si je n’avais pas participé il aurait peut-être continué sa compétition, et que je venais peut être de voler la chance de quelqu’un…”

GL : “Nohan est fondamentalement comme ça. Heureux d’avoir gagné mais dans l’empathie vis-à-vis de son adversaire. C’est comme s’il avait l’impression d’avoir handicapé son adversaire !” (rires)

 As-tu des objectifs particuliers en tête ?

ND : “Eh bien déjà, j’espère revenir sur des compétitions de ce genre, pour continuer à m’améliorer ! Et puis mon rêve serait d’un jour intégrer l’Equipe de France de karaté handi…” 

 

> Retrouvez le bilan détaillé des Championnats de France Kata 2017 sur Le Mag’ !

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