Tokyo 2020 : ça plane pour Steven Da Costa !
Tout avait bien commencé pour le jeune Français, avec un combat bien négocié contre le piège potentiel de cette poule B, le membre de l’équipe olympique des refugiés Hamoon Derafshipour, né en Iran, désormais installé au Canada et surtout médaillé mondial. Deux rushes précis du bras avant encadrant un bon coup de pied au corps, et l’affaire était faite pour un 4-0 solide. L’attitude qui respirait la confiance. Mais un piège peut en cacher un autre, et c’est ce qui allait arriver à notre n°1 mondial des -67kg. Le Jordanien Abdel Rahman Almasatfa, un combattant doué, mais loin des sommets de la ranking et qualifié pour les Jeux par sa deuxième place au TQO à Paris, avait pourtant affiché la couleur sur son premier combat, renversant une situation mal embarquée à coups de pied contre le Letton Kalnins, battu 8-3 alors qu’il avait mené 2-0.
Et le Jordanien dégainait dans les premières secondes un ura-mawashi tout en souplesse qui surprenait Steven Da Costa ! Le Français ne s’affolait pas, remettait deux touches précises au poing… avant de subir à nouveau, toujours dans la première minute (et avec l’aide de l’arbitrage vidéo), le ura du Jordanien, décidément « on fire » ! Accrocheur, le combattant de Mont-Saint-Martin revenait par un bon coup de pied au corps. Mais il devait courir derrière et le Jordanien échappait à toutes les tentatives, dont deux mawashi tout près de toucher leur cible dans les dix dernières secondes, au corps et à la tête.
Deux victoires solides pour assurer la médaille
Il fallait serrer le jeu étroitement jusqu’au bout, ce qu’allait finalement réussir Steven Da Costa, bien emmené par Olivier Beaudry, efficace sur la chaise avec de judicieux cartons vidéo. Le combat suivant contre le Letton Kalvis Kalnins, champion d’Europe en 2017 et souvent classé, encore finaliste cette année en -60kg, pouvait tout faire basculer dans le cauchemar… mais Steven s’appuyait une nouvelle fois sur son coup de pied au corps et se mettait dans le bon axe dès les premières secondes. Il semblait vouloir dérouler avec une jolie frappe au visage en suivant, mais la vidéo accordait une frappe simultanée à son adversaire, qui en profitait pour recoller à un point avec un rush à la reprise, son coach demandant même une vidéo sur la séquence suivante. Frisson ? Pas vraiment. Le Français remettait deux fois le couvert aux points, tout en ajustant la mire pour sortir un beau coup de pied. Et c’est ce qu’il faisait dans les dix dernières secondes par un ura-mawashi justement réclamé par Olivier Beaudry, et après avoir profité d’une perte d’équilibre du Letton pour marquer trois points au sol. Un joli 11-2 qui ouvrait l’horizon.
Il suffisait alors de vaincre le trentenaire Vénézuélien Andres Eduardo Madera Delgado, champion panaméricain vainqueur au premier combat du champion du monde italien Angelo Crescenzo – combat annulé finalement par le forfait sur blessure de l’Italien — avant de subir la loi du Letton et du réfugié iranien. Le Français aura fait le maximum pour se sauver. Combat crispant et crispé, mais finalement éclairé encore une fois par un bon coup de pied au corps.
Dans le même temps, le Jordanien Abdel Rahman Almasatfa, toujours aussi chaud sur ses techniques de jambe, était parvenu à placer son ura-mawashi dans les dernières secondes au solide réfugié Derafshipour et au Vénézuélien Madera Delgado. C’est donc lui qui sort en tête de la poule, après s’être qualifié in extremis par le TQO !
Assadilov, le danger kazakhstanais
Dans l’autre poule, c’est le petit Kazakh Darkhan Assadilov, trente-trois ans, médaillé mondial 2018 et n°1 mondial en -60kg (après un parcours hallucinant en tournois avec six victoires de suite en 2018-2019) qui sortait tranquillement du chapeau sans une défaite. Il faudra se méfier comme de la peste de ce combattant rapide et rugueux, prochain adversaire de Steven Da Costa, au mawashi montant sans préparation, et bien difficile à déstabiliser.
Le Jordanien sera quant à lui opposé dans l’autre demi-finale au vainqueur du TQO de Paris Eray Samdan, battu par le seul Assadilov. Il faudra prendre aussi très au sérieux de ce combattant turc vainqueur en 2020-2021 des tournois de Paris et d’Istanbul en -60kg, et n°2 de la catégorie.
Deux -67kg contre deux -60kg en demi-finales. Et en finale ? Le -67kg Steven Da Costa, on croise les doigts. Contre le Jordanien pour la revanche, ou contre le champion d’Europe turc Eray Samdan ? Dans tous les cas, un combat difficile, et à suivre, en cas de réussite française, à 13h40.