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Steven Da Costa, la triple couronne

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Sacré champion olympique et champion du monde en 2021, le -67kg tricolore a renoué avec la victoire à l’échelle continentale à Guadalajara, comme en 2016 et 2019. Le voilà détenteur de trois couronnes européennes dans sa catégorie. Pas anodin pour un combattant qui a encore faim.

« À chaque compétition, la question revient : et si c’était lui le challenger qui pouvait détrôner Steven ? Avec la même réponse, négative, en fin de journée. Parce que le GOAT* est le GOAT. Point. » Cette démonstration, limpide dans la bouche d’Olivier Beaudry, entraîneur national et coach de Steven Da Costa, le fut tout autant sur les tapis de Guadalajara à l’occasion de ces championnats d’Europe 2023. Pourtant, c’est avec une préparation écourtée à cause d’une blessure au pied droit que le combattant de l’USL Mont-Saint-Martin se présentait sur cette épreuve qui lui résistait avec deux médailles de bronze en 2021 et 2022. « J’avais à cœur de reprendre ce titre européen que je n’avais plus décroché depuis 2019 et, même si je n’avais pas pu combattre depuis la Premier League du Caire (où il s’était imposé, NDLR), j’avais quand même une bonne base d’entraînement pour aller au bout, analyse le numéro 1 mondial des -67kg, qui n’a pas hésité à commencer sa journée avant son entrée en piste. « Comme je ne me sentais pas vraiment dedans vers la fin de mon échauffement, et que je ne pouvais pas me présenter comme ça alors que j’allais affronter Luca Maresca qui avait déjà fait un tour, j’ai demandé à Olivier de faire venir mon frère Jessie pour un combat libre. »

© Denis Boulanger

Instinct et maturité

Une démarche saluée par son entraîneur, pas surpris par l’initiative de son protégé. « Quand la plupart des athlètes cherchent à reproduire d’une compétition sur l’autre ce qui a bien fonctionné précédemment, Steven se fie à son instinct et il est toujours capable de modifier des petites choses lorsqu’il le ressent. Se remettre en question malgré les victoires qui s’enchaînent est une véritable force chez lui. » Bien lui a pris puisqu’il matait l’Italien 3-1, avant d’enchaîner sans encaisser le moindre point contre le Suisse Noah Pisino (4-0) et l’Azerbaïdjanais Tural Aghalarzade (2-0) en demi-finale. Pas de score fleuve comme il peut en être capable, mais des éliminatoires où il n’aura finalement jamais été en danger. « Sans être au meilleur de sa forme, Steven a atteint l’âge de la maturité, et parvient à mêler à ses qualités intrinsèques de vitesse et de souplesse une intelligence de jeu et une analyse largement au-dessus de la moyenne, décrypte Olivier Beaudry. Il ne reçoit quasiment pas de sanction, ne sort pas de l’aire même lorsqu’il est acculé. Tout est maîtrisé. »

Xenos impuissant

Son ticket pour la finale en poche, ne lui « restait » alors plus qu’à conclure face à son meilleur ennemi du moment, à savoir le Grec Dionysios Xenos, impeccable pour disputer sa troisième finale européenne, après sa victoire de Porec en 2021 et son revers de Gaziantep l’an passé. Si, sur cette édition turque, c’était lui qui avait barré la route du Français en demi-finale, sur le plus petit des scores, la balance avait depuis rebasculé dans le clan tricolore avec deux succès étriqués en finale des Premier League de Bakou et du Caire. « C’est le combattant qui performe sur toutes les compétitions en ce moment, notamment grâce à une impressionnante envie de gagner qui fait qu’il se donne les moyens pour atteindre ses objectifs élevés », précise Steven Da Costa, conscient du danger qu’allait représenter le Grec lors de la journée des finales. Et quand sa jambe arrière ne s’avère pas la bonne option, il n’insiste pas et vient piquer à la tête avec sa jambe avant la fin de la première minute. Un avantage au score qu’il parviendra à conserver sans trembler, négociant parfaitement les offensives de Xenos pour terminer vainqueur de ce nouvel affrontement (4-2).

© Denis Boulanger

Le double triplé en ligne de mire

« À bien y réfléchir, Steven ne lui a laissé aucune chance et, même si rien n’est jamais acquis au karaté et que tout peut aller très vite dans un combat, il a mis tous les ingrédients pour que cette finale ne lui échappe pas, synthétise l’entraîneur national. Dans ces conditions, et avec cette envie qu’il dégage, il a tout pour étoffer encore davantage son palmarès. La clé est qu’il parvienne désormais à bien se préparer sur la durée pour se présenter au top le jour J, avec la sensation que tout le travail en amont a été correctement effectué et qu’il n’y a plus qu’à réciter son karaté. » Dans le viseur, rien de moins qu’un troisième titre mondial consécutif en Hongrie à l’automne prochain. « Bien sûr que je me rendrai à Budapest avec cette intention, mais aussi avec la sérénité de celui qui peut déjà être fier de ce qu’il a accompli. Si tout devait s’arrêter demain, ou que j’en viens à perdre au premier tour, ce ne sera pas grave. Je sais qu’il ne me reste pas dix ans, d’autant plus après cette parenthèse olympique qui nous a tous touchés tant psychologiquement que physiquement. Mais tant que ça avance, profitons-en ! » Et le karaté mondial tout entier par la même occasion.

*Greatest Of All Time, le meilleur de tous les temps

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