Paris Open Karaté 2025 – J1 : Paris, c’est le monde
Une jeune délégation française s’est battue avec détermination ce vendredi pour tenter de qualifier des représentants dans les finales de ce dimanche. Malgré de beaux exploits, la force est restée aux meilleurs du monde, présents en nombre ce week-end à Paris !
Avant les combattants, c’était à la technicienne Helvetia Taily de s’élever à la hauteur de l’événement aux premières heures de la matinée, ce qu’elle faisait en dominant, lors de son deuxième duel, la Turque Keyda Nur Colak, troisième de la Series A de Salzbourg – où la Française s’était parée d’argent – en septembre dernier, et surtout, peut-être, par le beau 40.20 qu’elle arrachait aux juges avec gankaku dans son dernier face-à-face contre Maho Ono, vingt-cinq ans comme elle, deuxième à la ranking mondiale et en argent aux championnats d’Asie 2024. Le suparinpei de la Japonaise, noté à 42.70, ne lui laissait cependant aucune place. Pas de phase finale ce vendredi, d’autant qu’elle avait aussi échoué à dominer les vingt-deux ans de la Colombienne Valentina Zapata Machado, espoir sud-américaine qu’elle a appris à connaître puisque qu’elle avait déjà perdu contre elle en finale en Autriche il y a quelques mois.
La Japonaise Maho Ono confirmait en quarts contre la toute jeune championne d’Europe et médaillée mondiale 2023, l’Espagnole Paola Garcia Lozano, dix-huit ans, et s’envolait jusqu’en finale retrouver dimanche sa meilleure rivale, la vice championne du monde, championne d’Asie et numéro une mondiale, la Hongkongaise Mo Sheung Grace Lau. Le top niveau mondial a pris ses quartiers à Paris.
L’enfer, c’est les autres
Bienvenue dans « l’enfer » des Premier League ! Le gros de la troupe tricolore qui se retrouvait ce matin au pied du mur était jeune, au point que les Sami Tas, (-60kg), Kilian Cizo et Enzo Berthon (-75kg), avec leurs vingt-quatre ans, faisaient déjà figure d’autorité. Enzo Berthon surtout, le seul à afficher un classement remarquable parmi l’élite : numéro deux mondial. Même si tout le monde allait démontrer sa belle envie de plonger dans la bagarre des poules, l’opposition était dans chaque catégorie de classe mondiale et la jeunesse, même française et devant son public, n’avait pas de passe-droit.
Bagarre donc. Pour les féminines, en -50kg où Chloé Breuzard et ses vingt ans arrachait deux victoires mais devait céder d’un point devant une future demi-finaliste, la Slovaque Natalia Vargova, septième mondiale, et où Niswa Ahmed croyait tenir Shara Hubrich, vice championne du monde 2021 et championne d’Europe 2023, grâce à un beau coup de pied, mais se faisait surprendre d’un dernier point quasiment après le gong, validé à la vidéo. Quant à Silya Abdesselem et ses dix-huit ans, en -55kg, elle commençait très fort, avec un 7-1 administré à l’ancienne championne d’Europe luxembourgeoise Jennifer Warling et un 6-1 contre l’Espagnole Ruth Lorenzo Couso, mais elle perdait le combat décisif face à la Japonais Rina Kodo, vingt-deux ans, finaliste des deux derniers Series A auxquels elle a participé, qui prenait définitivement le large en lui envoyant un mawashi au sol valide, selon la règle des trois appuis.
Deux de sortie
Bagarre pour les masculins où, en -60kg, Rayyan Meziane s’illustrait en début de journée avec une victoire importante contre un seigneur de la catégorie, l’Italien Angelo Crescenzo, champion du monde 2018 et sur le podium des deux suivants (2021 et 2023), champion d’Europe 2023, mais devait terminer deuxième de la poule derrière le vice champion d’Europe en titre, l’Albanais Orges Arifi, lequel s’arrachait de deux points dans les toutes dernières secondes. Quant à Amine Hellal et ses vingt ans, il se montrait plus qu’à la hauteur en gagnant deux combats sérieux contre le Turc Mert Halici, septième mondial, et le Thaïlandais Siwakon Muekthong, deuxième des championnats d’Asie, mais devait céder d’un tout petit point dans un combat qu’il avait mené contre le Grec Christos-Stefanos Xenos, champion d’Europe et champion du monde en titre. Sami Tas lâchait lui aussi un combat de poule, mais avait l’opportunité tout de même d’en sortir avec deux belles victoires qui s’avéraient suffisantes… pour un quart de finale contre le Japonais Hiromu Hashimoto, numéro un mondial, vainqueur du championnat d’Asie et finaliste dans six des sept derniers Premier League auquel il a participé, vainqueur de quatre d’entre eux ! Et c’est pourtant le jeune Français au catogan qui menait d’abord ce combat échevelé par trois à zéro, avant de se faire reprendre d’un mawashi au corps repéré à la vidéo, puis lâcher d’un autre coup de pied. Il devait finalement s’incliner par 10-4, non sans avoir jeté au sol son adversaire sur un « tai-otoshi » très judo, mais illicite en karaté de compétition.
Les deux -67kg du jour n’en sortaient pas non plus et c’était à la forte délégation des -75kg, où l’opposition n’était pas moindre, de faire vivre l’espoir d’un finaliste français dimanche, issu de cette journée féroce. Hugo Assemat et ses vingt ans, encore trop tendre, le vif Kilian Cizo pris au piège des contres du grand Monténégrin Nemanja Mikulic et disqualifié pour manque de contrôle contre l’Algérien Oussama Zaid, c’était à Enzo Berthon d’être à la hauteur de son statut. Il y parvenait en sortant de poule sans défaite, dominant des combattants de référence : le grand Belge Quentin Mahauden, médaillé européen en 2023, le pilier de l’âge d’or du karaté iranien, avec trois titres mondiaux par équipes en 2014, 2016, et 2018, le titre individuel en 2018, le trentenaire Bahman Asgari-Ghoncheh. En quarts, il affrontait l’impressionnant Lybien de vingt-deux ans Mohamed Abudabous, remarquable avec ses jambes interminables toujours capables d’aller chercher la cible. Menant d’un point, le Français lançait deux coups de pieds forts au corps… immédiatement surpassés par deux claques au visage du Lybien ! Les frappes d’Enzo Berthon étaient belles, et auraient peut-être mérité d’être validées, mais les contres étaient si judicieux qu’ils emportèrent les décisions. Le Français revenait par une frappe claire au sol pour trois points, se faisait une nouvelle fois attraper par le coup de pied au visage de l’intenable Lybien, et revenait encore dans la course avec un mawashi dans les dernières secondes… mais devait s’incliner d’un point sur le gong, par 8 à 9. Un beau combat, mais une occasion gâchée par le meilleur -75kg français de consolider son classement international.
Le Monténégrin Mikulic se montrait plus méfiant contre ce Lybien et l’écartait de la finale. En -60kg, le vainqueur de Sami Tas, le Japonais Hiromu Hashimoto, était lui aussi dominé d’un petit point par le formidable combattant turc Eray Samdan, médaillé mondial et quintuple médaillé européen (pour deux titres). Deux défaites pour les deux vainqueurs de nos Français qui empêchaient, selon la règle, qu’ils puissent défendre leur chance dimanche en petite finale.
Une journée acharnée et ultra-concurrentielle dans l’éternel écrin parisien de l’Open de France.
La suite demain 🔽
par Emmanuel Charlot / Agence Sen No Sen
