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Les enjeux du karaté enfants (partie 1) : Objectif plaisir

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Comment pratiquer le karaté avec les enfants ? Face au rajeunissement des licenciés ces dernières années, les clubs et les professeurs ont dû adapter leur enseignement. Cette prise en compte, ces changements, la FFKaraté les accompagne et les encourage avec l’épanouissement comme valeur cardinale.

Les enfants dans le karaté ? Baby (3-5 ans), poussins (6-7 ans), pupilles (8-9 ans) et benjamins (10-11 ans) … en tout, ce sont environ 70 000 licenciés sur un total de 253 000. Et les formateurs s’accordent pour mettre le bonheur au centre de l’apprentissage. « L’idée de la fédération, c’est de mettre en avant la partie plaisir et la satisfaction personnelle de l’enfant », rappelle Jonathan Maruani, médaillé mondial et européen en kata, aujourd’hui coordinateur du projet de développement du karaté enfants pour l’olympiade 2016-2020.

Un formidable outil de développement
Certaines associations sont encore réticentes à proposer du karaté aux plus jeunes. Peur de commencer trop tôt, de la blessure… Pourtant, la pratique est sans risque. Au contraire, elle accompagne le développement de l’enfant. « L’enjeu, c’est d’expliquer que le karaté à quatre ans, ce n’est pas dangereux, que l’on va surtout développer la latéralisation, la coordination », expose Jonathan Maruani. C’est dans ce sens que la FFKaraté avait lancé, à la rentrée 2017, un kit dédié au baby karaté, comprenant notamment un diplôme et un système d’écussons pour remplacer les ceintures de couleurs. « Le kit a été très demandé », se félicite l’ancien champion. Preuve que de plus en plus de clubs ouvrent des sections.

« Les enfants, on leur apprend à piloter leur corps, image Philippe Devilliers, enseignant au KC Troyen (Aube). Le karaté, c’est un outil formidable parce qu’on se sert vraiment des quatre membres. Beaucoup de sports privilégient le côté fort, le côté rapide. Nous, on travaille dès le début de manière plus globale. » Le karaté permet de canaliser certains jeunes, donner confiance à d’autres, et les faire travailler leur concentration, véritable enjeu à l’heure où la multiplication des écrans rend plus compliquée l’attention. Mais rien de tout cela n’est possible sans une méthode adaptée.

Un karatégi bicolore pour faciliter l’apprentissage

Pour aider les plus petits, Philippe Devilliers a développé un karatégi bicolore : rouge pour le côté gauche, bleu pour le droit. Le vêtement, destiné à l’entraînement des 4-6 ans, doit permettre aux enfants de se repérer plus facilement dans l’espace en faisant appel à leur mémoire visuelle. Pour les consignes, un « coup de poing rouge » va donc remplacer un « coup de poing gauche ». Le professeur est vêtu de la même tenue, ce qui permet aux petits de l’imiter plus facilement, sans se perdre dans un effet miroir. « Et puis, les enfants s’autocorrigent, souligne l’inventeur du concept, déposé à l’INPI. Parce que si vous avez un groupe d’enfants avec la jambe bleue devant, celui qui s’est trompé et a mis la jambe rouge va tout de suite s’en apercevoir et changer. »

Jeu ne veut pas dire foire d’empoigne
Certains amoureux de la tradition pourraient s’émouvoir d’entendre des jeux résonner dans les dojos. Mais ce n’est pas parce que l’apprentissage des plus jeunes est ludique que le karaté perd son âme. « Avec ce que je mets en place, ça ne veut pas dire que c’est le bazar, évacue David Chéreau. Tout est très structuré, il y a des règles, et la partie martiale – le salut, les valeurs – reste centrale. » Les jeux, l’utilisation de cibles, cerceaux ou bâtons, ne sont que des outils pour conduire l’enfant au geste juste. L’enjeu est de taille.

« Cela évite d’enregistrer des attitudes, des placements ou des positions fausses qui, une fois installées, demandent beaucoup plus de temps à corriger », prévient Guy Berger, septième dan et professeur au Samouraï Toulon. « Il faut être proche du traditionnel au niveau de l’apprentissage, du comportement et des attitudes, mais inclure de la modernité dans le choix des exercices et du matériel », résume l’enseignant expérimenté. « Les enfants, d’abord, tu les attires en proposant du karaté loisir et du karaté découverte, énumère Jonathan Maruani. Ensuite, tu vas rapidement voir se dessiner des profils de jeunes qui veulent aller plus loin, les orienter éventuellement vers différentes sections au sein des clubs. Et là, petit à petit, tu vas aller vers une pratique plus martiale. »

Gaëtan Delafolie / Sen No Sen

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