Kata français, le rapport d’étape

Le point avec Ayoub Neghliz, responsable du kata français

Aux lendemains des championnats d’Europe et de France où les résultats français du kata ont été observés de près en vue des Jeux olympiques 2020 qui s’approchent, le responsable du kata français Ayoub Neghliz se livre à un rapport d’étape précis et complet des « grands travaux » engagés autour de l’épreuve technique, qui subit de profonds changements au niveau international.

Quelle dynamique générale a été impulsée au kata français et où en êtes-vous ?
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’ensemble du travail que nous avons engagé sur le kata français, avec Stéphane Mari et Lucas Jeannot, L’idée maîtresse est d’affirmer l’unité d’une école française de kata forte et technique, respectée au niveau international. Pour faire passer le message le plus largement possible, nous avons décidé de trois étapes fortes.

Quelles sont ces trois étapes ?
Après avoir nous-mêmes travaillé sur les fondamentaux avec des experts fédéraux comme Alain Auclert, Serge Chouraqui ou encore Jean-François Tisseyre, nous avons convenu de regroupements techniques pour faire passer le message. Le premier a concerné les pratiquants eux-mêmes. En août 2018, nous avons sélectionné tous les techniciens classés dans les sept premiers en minimes, cadets et juniors au niveau national, plus quelques benjamins prometteurs et ceux que les entraîneurs régionaux nous ont signalé, pour n’oublier personne. Nous avons insisté sur les bases. Par exemple en haut du corps, les atemis, la qualité des trajectoires, pour permettre de gommer les défauts comme le fait de se frapper sur le corps. Nous avons revu les trois positions transversales aux styles – zenkutsu dachi, kokutsu dachi et kiba dachi – pour préciser la posture, le placement du talon…

La deuxième étape était prévue pour le week-end dernier autour du championnat de France. Nous voulions directement parler aux professeurs, pour éviter les incompréhensions, pour qu’ils sachent clairement ce que nous avions montré et comprennent nos attentes sur les positions, les coups de pied, le hikite, etc. Notamment dans le cadre des sélections à venir. Nous avions choisi de nous rassembler une petite heure avant la compétition nationale elle-même et de communiquer par une vidéo, ce qui nous a permis de toucher à peu près tout le monde.

Enfin, la troisième étape sera pour le 8 ou le 9 juin à venir. Nous renouvelons notre convocation à ceux qui se sont classés au niveau national, mais cette fois nous incluons les professeurs.

Comment analysez-vous, au regard d’une construction à moyen terme, les rendez-vous des championnats d’Europe et des récents championnats de France ?
Les championnats d’Europe ont marqué des progrès pour nos représentants. Des progrès très clairs pour Alexandra Feracci, qui atteint pour la première fois le podium après avoir été deux fois cinquième, aux championnats d’Europe et aux championnats du monde. C’était une confirmation espérée. Elle continue d’avancer dans un bon rythme avec les Jeux en ligne de mire. D’ailleurs, elle a aussi survolé les championnats de France. Pour notre représentant masculin, c’est plus fra. Enzo Montarello évolue aussi – il était non classé sur les championnats d’Europe précédents, puis septième aux championnats du monde et cinquième aux derniers championnats d’Europe – On souhaite une progression plus rapide. Il a gagné les championnats de France, mais il était fatigué de ses compétitions internationales et le score très serré de 3-2 en sa faveur contre Jonathan Maruani montre à quel point la concurrence est rude en France. On se retrouve avec un trio, dans lequel il faut donc compter Maruani, qui va s’essayer sur les tournois « Série A », et aussi le jeune Franck Ngoan, finaliste de la dernière coupe de France qui a malheureusement été pris de crampes sur son quart de finale au national, mais qui avait commencé très fort son championnat, dans la lign »r de sa finale aux derniers championnats d’Europe -21 ans. Il sera lui aussi engagé sur des « Série A » pour se situer. Pour le reste de la compétition nationale, nous avons surtout remarqué la façon dont Cassandra Sampieri s’empare du titre en cadettes et valide la première étape de la sélection pour les championnats internationaux, en dominant la leader Romane Leitao. La bataille au coude-à-coude entre Haron Weiss et Jimmy Ouch dans cette catégorie d’âge est aussi prometteuse. De même, il était intéressant de voir le jeune Hugo Poisson venir directement se confronter à son frère Romain en finale des juniors.

Le par équipes au cœur du projet
Au niveau international, nous nous sommes cette année beaucoup concentrés sur les individuels, pour combler les manques en vue des Jeux, mais, l’année prochaine, nous comptons reprendre le travail collectif sur le par équipes. L’équipe masculine championne de France fut celle qui a représenté la France aux derniers championnats d’Europe, passant tout près de la petite finale grâce au bon travail effectué dans leur club. Il y a une réelle volonté de bien faire et d’avancer, et nous allons reprendre les choses en main en vue des prochaines échéances internationales à venir, comme les championnats du monde jeunes d’octobre prochain et, déjà, l’édition 2020 des championnats d’Europe seniors.

Les vainqueurs des championnats de France kata 2019 :
Féminines
Mai Linh Bui (Annecy Dojo Karaté, minimes), Cassandra Sampieri (KC Goju Ryu Borgo, cadettes), Léa Pons (Épinay-sous-Sénart, juniors), Alexandra Feracci (Athletic Club Ajaccien, seniors), Annecy Dojo karaté (équipe cadettes-juniors), Annecy Dojo karaté (équipe seniors).
Masculins
Sasha D’Angelo (Fudoshin Lyon, minimes), Haron Weiss (Houdan Karaté Do, cadets), Romain Poisson (SKB Élite Épinay-sous-Sénart, juniors), Enzo Montarello (Karaté Club Le Ronin, seniors), SKB Élite Épinay-sous-Sénart (équipe cadets-juniors), SKB Élite Épinay-sous-Sénart (équipe seniors).