Francis Didier « Contribuer à construire l’esprit »
Réélu président de la FFKaraté le 28 novembre dernier, Francis Didier a récemment fait paraître un livre, « Karaté, Tradition et Modernité ». Que contient-il ? Quel est le sens de cette démarche ? Nos trois questions à l’auteur.
Votre livre est un recueil d’entretiens. Qu’elle en est la genèse et que nous donne-t-il à lire ?
Il y a plus de dix ans de cela, notre service de communication, connaissant mon goût pour la réflexion concernant la pratique, l’histoire et le sens du karaté, du budo en général, m’a proposé une interview régulière pour notre magazine fédéral de l’époque, sur des thèmes « martiaux », du grade au salut, en passant par les notions de distance, de contrôle de soi, de courage… mais aussi les valeurs, les grandes idées qui nous ont accompagnés pendant les décennies pionnières comme le Zen, par exemple. Je m’y suis astreint avec plaisir. Il y a, dans l’approfondissement intellectuel autour de nos grands fondamentaux, un véritable exercice, une démarche que l’on peut relier à la recherche d’efficacité. J’ai toujours été intéressé par l’approfondissement des choses, qui permet d’échapper à la naïveté, pour mieux approcher la réelle valeur de nos pratiques, leur dimension spirituelle. Ces derniers mois, j’ai retravaillé ces entretiens pour dégager une cohérence générale et ce livre est le résultat de ce travail.
Pouvez-vous préciser de quoi se compose cet ouvrage ? Que nous proposez-vous ?
Il est composé de trois parties. La première est une réflexion sur les notions d’art martial et de budo, la relation au sport, une comparaison entre ce que l’on appelle la tradition et ce que les époques successives ont amené de modernité au concept et à cette pratique séculaire du karaté. La seconde partie évoque le lien profond entre le corps et l’esprit à travers le grade, la notion de ippon, le travail de la distance, l’esprit guerrier. Dans la troisième, je propose ma lecture de ce que l’on appelle « les valeurs », c’est-à-dire ce qui est finalement l’essentiel de notre quête pour un épanouissement personnel et collectif. Contrôle de soi, confiance, politesse, bienveillance… avec une concentration particulière sur les lieux « creusets » de cette transformation à travers la pratique : le dojo et le club. Il est essentiel pour moi que l’ensemble de notre culture et de notre projet, ce qui nous rend utile à la communauté nationale, à la société, soit discuté et compris par tous les pratiquants, et en particulier par tous ceux qui sont les prescripteurs, les hommes d’expérience, les gradés, les experts, les enseignants. J’avais envie de faire connaître les personnages, les éléments d’histoire importants de notre patrimoine, comme ceux qui sont moi connus. C’est aussi l’occasion pour moi d’être plus clair, plus précis sur ce que tout cela représente à mes yeux. J’espère juste, à travers ce travail, contribuer à la réflexion commune, que cette lecture fasse réfléchir, suscite les interrogations et les discussions.
Est-ce une démarche personnelle sans rapport avec votre rôle de président de notre fédération ? Ou l’inverse ?
C’est évidemment très lié dans mon esprit. J’ai déjà dit comment ce travail m’a été suggéré à l’époque et je ne serai sûrement pas allé au bout d’un tel projet s’il s’était agi d’une démarche purement personnelle. D’ailleurs, cette publication appartient à la fédération. Être président d’une fédération de clubs, c’est amener de l’énergie, construire la maison commune, pérenniser les structures. Aujourd’hui, cela me tient à cœur de participer aussi à la réflexion commune, de contribuer, à ce niveau, à la connaissance générale. C’est une façon pour moi de contribuer à construire l’esprit, notre esprit collectif.
L’ouvrage « Karaté, Tradition et Modernité » est en vente sur la boutique en ligne FFKaraté
