Championnats d’Europe 2022 : Le bouquet final
Une finale, ça se gagne… cette formidable équipe de France l’a démontré aujourd’hui. On aurait d’ailleurs envie de citer, avant même l’équipe masculine combat, l’équipe féminine kata qui est allée chercher le bronze elle aussi plus tôt dans la matinée. Une médaille de bronze au goût d’or en petite finale quand on sait qu’Alexandra Feracci s’est blessée sérieusement à un genou, avec, pour diagnostic, une rupture des ligaments croisés qui a longtemps fait penser que le trio ne pourrait même pas s’aligner… Mais les Corses ont la niaque et les sœurs Feracci accompagnées de leur sœur de cœur, Laura Pieri, sont allées chercher ce bronze en battant les Portugaises. Ne jamais lâcher… un leitmotiv dont elles ont fait la démonstration, apportant ainsi à la France la onzième médaille de bronze (7 en valides et 4 en para) sur douze possibles lors de ces championnats pour un ratio impressionnant.
Sublimes
Finir en beauté… tout le clan français le souhaitait, une belle récompense collective pour les athlètes et l’encadrement, encore fallait-il battre l’Azerbaïdjan de Rafael Aghayev pour qui, si les années passent, pas question d’abdiquer. C’est Mehdi Filali qui lançait la machine française et qui, s’il devait se contenter du match nul (3-3), allait déjà le chercher à l’ultime seconde. Des petits signes qui font les grandes victoires ? Younesse Salmi était ensuite battu par le roi Aghayev (0-2), mais il appliquait aussi de qui avait été décidé : rester lucide, attaquer, ne pas avoir peur. 0-1, et déjà un combat quasi décisif. Mais voilà, Steven Da Costa est au-dessus, là-haut, tout là-haut et même sérieusement blessé – le staff médical évoque une fracture du pied – il montre, encore, qu’il est l’homme des grands rendez-vous : une victoire pleine d’autorité (4-0) pour donner le ton et passer le relais à l’impeccable Kilian Cizo, l’un des patrons de cette équipe pour une victoire 3-0. Ils allaient le faire ! C’est à Jessie Da Costa, médaillé mondial individuel et placé comme très souvent en position de cinquième homme, qu’il revenait de conclure. Il fallait gérer, il a préféré gagner avec panache, en piquant son adversaire dans les dernières secondes, faisant exploser de joie tout le clan français.
Les héritiers
Six ans après le titre continental à domicile à Montpellier, l’équipe de France combat remonte sur le toit de l’Europe, dans la lignée des grandes équipes françaises, glanant ici le vingtième titre par équipes combat masculines après ceux remportés en 1966, 1968, 1969, 1971, 1972, 1974, 1975, 1980, 1981, 1993, 1995, 1996, 1997, 1999, 2000, 2001, 2002, 2013 et 2016. Les héritiers ? On peut leur donner ce nom ; le handball a eu ses Barjots, ses Costauds, ses Experts… Parce que la performance est là, mais parce que l’état d’esprit y est aussi, comme le rappelle Yann Baillon ce soir. « Le message était clair : donnez tout ! La performance de l’équipe féminine kata a aussi montré combien la détermination était importante pour faire de grandes choses. Comme on le savait, cela n’a pas été facile, mais tous se sont donnés à fond. Je le leur ai dit lors du débriefing : avec cette attitude et ces nombreuses médailles, on a un socle, ils ont de quoi consolider la confiance qu’ils doivent avoir en eux à un an et demi des championnats du monde. Avec la victoire, il est toujours plus facile de construire, c’est ce qu’ils se sont tous offerts avec ces championnats d’Europe. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié leur attitude dans la victoire : posée, mesurée, personne ne s’est enflammé, comme si c’était le début de quelque chose. Cela signifie beaucoup de choses… »
L’équipe de France qui termine ces championnats d’Europe 2022 avec 12 médailles (8 valides et 4 en para) dont un titre. Une référence ? Oui, clairement. Il faut en effet remonter à 2011 et les championnats d’Europe de Zurich (1 or, 4, argent et 7 bronze, sans épreuve para à l’époque) pour avoir trace d’une telle campagne, et même à 2003 à Brême pour trouver mieux (14 médailles, dont 4 en or, 4 en argent et 6 en bronze).
