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Thalya Sombé : elle y sera !

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L’année dernière, la jeune Thalya Sombé avait ouvert à Paris son compte de médailles d’or en Premier League, avant d’aller cueillir un deuxième titre de championne du monde espoirs à Venise il y a trois mois. Elle sera à nouveau en finale ce dimanche pour rééditer l’exploit, et déjà marquer l’histoire.

Si le médaillé mondial américain Ariel Torres Gutierrez et le jeune Italien Alessio Ghinami avaient réussi la grande performance de se glisser dans les quarts de finale du kata masculin au milieu de six Japonais, il ne restait que quatre techniciens nippons en demi-finale de la compétition du kata ce samedi, et, bien sûr, deux d’entre eux en finale, pour un vainqueur qui sera forcément… japonais ce dimanche. Il faudra donc départager Yasuhiro Machida et le médaillé mondial Kakeru Nishiyama, lequel a gagné tous ses rendez-vous en 2024, soit les quatre Premier League de l’année – Paris, Antalya, Le Caire et Casablanca – ainsi que les championnats d’Asie ! Ce sera dur pour son cadet, qui entre pour la première fois dans une phase finale à ce niveau. Une journée qui n’était pas pour les fragiles, car même le champion du monde et champion d’Europe turc Ali Sofuoglu, présent à Coubertin, s’y est pris un revers, administré par le Japonais, encore un, Ryuji Moto. Deux garçons qui étaient dans la poule de notre champion de France Franck Ngoan, une façon de dire que la sortie par le haut n’était pas gagnée d’avance. Il n’y avait effectivement pas de miracle contre ces deux-là et, plus embêtant, l’excellent Roumain Petru Comanescu, vingt ans et cinquième du Karate 1 Series A de Salzbourg en septembre, lui arrachait lui aussi la victoire en envoyant tout ce qu’il pouvait, kanku sho contre kanku sho. En kata, le danger vient désormais de partout.
Ce n’était pas plus facile pour Thomas Klemz, le second représentant français, lui aussi opposé à un Japonais de passage, Ryusei Ikeda, ainsi qu’à l’Américain au podium mondial. A seulement 16 ans, il avait cependant le mérite d’aller chercher une victoire contre l’Italien Gianluca Gallo, l’un des socles du trio italien sur tous les podiums des championnats européens et mondiaux depuis 2018. Une référence. Trois finalistes kata pour les Japonais au total, mais pas seulement. Quatre combattants s’ajouteront à ce compte. Le pays créateur de la discipline frappe fort à Paris.

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Filali, trop d’envie
Pas de Français en -84kg, le public n’avait d’yeux chez les masculins que pour son champion du monde 2023 des +84kg, Mehdi Filali, flanqué d’un jeune homme de dix-neuf ans très déterminé, Amir Zouaoui, déjà proche du top 20 mondial grâce à ses médailles à Athènes et Casablanca en 2024. Ce dernier commençait bien contre plus jeune que lui encore, le Croate Nikola Gondi, dix-huit ans, auquel il prenait la victoire au senshu. En revanche, la marche était plus haute contre un jeune féroce qui promet d’être un futur très gros client : le Bosnien Anes Bostandzic, vingt ans, champion d’Europe et deux fois médaillé mondial espoirs. Il continue sa lancée chez les grands avec beaucoup d’envie, sortant de la poule de cette Karate 1 et se hissant jusqu’en finale. Sur son chemin, il met neuf points à son jeune adversaire français, finissant sur un énorme balayage en puissance qui sonnait comme une affirmation personnelle.
Le champion du monde Mehdi Filali était tout en contrôle et en élégance face au champion panaméricain chilien Rodrigo Rojas, contre lequel il soignait avec lucidité le « goal average » en s’imposant 9-2… C’était une bonne idée, car il était coincé dans une poule de trois avec rien de moins que son grand rival, l’Égyptien Taha Tarek Mahmoud, numéro un mondial et vice champion du monde derrière lui. Il gérait parfaitement, prenant le senshu et maintenant son dangereux adversaire à un point derrière, mais celui-ci revenait, et les pénalités faisaient tomber l’avantage du senshu et Mehdi faisait l’erreur d’aller chercher l’Égyptien qui marquait le dernier point. Pas de phase finale pour le patron des lourds, et pas de masculin français ce dimanche dans les phases finales.

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La parole aux -61kg
Tout reposait donc sur les filles. Thalya Sombé pouvait-elle renouveler l’exploit de l’année dernière ? Alizée Agier allait-elle égaler le record des six victoires d’Alexandra Recchia et du Venézuélien Diaz ? Des questions qui flottaient dans l’atmosphère passionnée de Coubertin, mais la parole était d’abord aux -61kg, et elles allaient se faire entendre. Du haut de ses dix-huit ans, Sydney Yvon a déjà tout d’une grande, avec un karaté ciselé et le calme d’une reine à venir de la catégorie. Elle s’offrait d’abord la Marocaine Fatima-Zahra Chajai, douzième mondiale tout de même, qu’elle ajustait pendant tout le combat pour lui placer un ura-mawashi fatal. Après un match nul au deuxième combat, tout se jouait contre la Péruvienne Alexandra Grande, ancienne médaillée mondiale en 2021 et toujours quatorzième mondiale. Elle revenait à égalité dans les dernières secondes et passait au senshu. Solide. Elle serait en quart de finale, et elle n’y serait pas seule, puisque Léa Avazeri sortait aussi de sa poule en parvenant notamment à battre d’une belle frappe la Belge Maryam Ajaray, troisième mondiale.

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La nouvelle élue fédérale en tant que représentante des athlètes (et même trésorière adjointe) continuait d’ailleurs sa route jusqu’en demie en sortant la Suissesse Nina Radjenovic à la dernière seconde, d’une frappe validée à la vidéo ! C’est la même combattante, la Kazakstanaise Assel Kanay, cinquième mondiale et vice championne d’Asie, qui allait éteindre les espoirs d’or des deux vaillantes tricolores. Elle sortait d’abord Sydney Yvon dans un quart dramatique, où la jeune espoir française prenait deux frappes qui la jetaient au sol. Contre Léa Avazeri, elle finissait par prendre le dessus dans un duel serré où elles se rendaient coup pour coup. Bonne nouvelle tout de même, sa présence en finale garantissait celles de Sydney Yvon et de Léa Avazeri ce dimanche pour la médaille de bronze. Ce sera l’une contre l’autre.

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Retrouvez l’interview de Tarek Abdesselem, coach de la Kazakstanaise Assel Kanay qui élimine les deux Françaises.

Le festival Sombé

Nancy Garcia, médaillée d’or de Casablanca en mai et de bronze lors des derniers championnats d’Europe en +68kg, passait un peu à côté de sa journée malgré une évidente envie de bien faire. Restait donc les deux têtes d’affiche des -68kg.
La reine Agier, médaillée mondiale 2023, avait une maîtrise sereine de son premier combat contre une très longiligne Égyptienne, Hadir Hendy, sur le podium du dernier Premier League, qu’elle touchait par deux fois… avant de prendre la « canne » fatidique à la dernière seconde ! La championne française avait beau mettre sept points à l’Anglaise Lauren Salisbury et six à la jeune Turque Sudenur Aksoy, avec quelques jolis gestes au passage, l’Égyptienne n’allait pas lui offrir la possibilité de revenir.  C’est en prenant tout son temps que la trentenaire sortait de la salle, saluant longuement le public parisien dans un discret au revoir longuement applaudi.
Il n’en restait donc qu’une. Thalya Sombé est tenante du titre, comme elle est double championne du monde espoirs. Elle débute son festival par deux balayages avec le bras avant, celui dont elle a fait son arme maîtresse, contre l’Italienne Pamela Bodei avant de s’offrir une deuxième victoire sur une touche à dix secondes du gong contre l’Allemande Madeleine Schroeter. Il reste la plus redoutable. Une fille de sa trempe, l’Ukrainienne Elina Sieliemienieva, vingt-et-un ans, déjà huitième mondiale, en bronze à Casablanca et aux championnats d’Europe. Le combat est compliqué car les pénalités tombent vite et le score n’est pas fait à l’entrée de la dernière minute. Mais sous la pression, la Française marque sur un mawashi au corps et un grand ura-mawashi qui fait se lever Coubertin. La voici en quart de finale, face à Janessa Michelle Fonseca Romero, une championne panaméricaine de Porto Rico. À égalité à la mi-combat, la jeune championne espoirs, qui se ressent aussi d’une blessure aux ischios qu’elle traîne depuis le matin, semble laisser passer sa chance face à cette explosive qui prend les points en gyaku au corps sous la garde. Il reste huit secondes après la dernière touche, elle est en retard de deux points. Le chrono égrène le temps comme un sablier, sept, six, cinq… quand le un s’affiche, le pied de Thalya Sombé est parti pour sa majestueuse et habituelle trajectoire en ura-mawashi ! La frappe est précise, Sombé, sûre d’elle, tourne sur elle-même avant même que les drapeaux s’affichent, comme un artiste à la sortie du numéro. Coubertin chavire.

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Il lui reste un obstacle. Le dernier boss du jour, c’est Elena Quirici, la Suissesse numéro deux mondiale, médaillée mondiale et vice championne d’Europe ! Mais la Française est en feu, survole le combat, marque la première et se dégage du corps-à-corps à l’entrée de la dernière minute par un nouveau sublime ura-mawashi. Il reste une minute et tout se crispe. La quatrième pénalité est tombée. Il faut penser au pire, ne plus saisir, ne plus pousser, ne plus sortir, face à la terrible Quirici. La Française gardera le contrôle et finira le combat à 6-4.

À vingt-et-un ans, elle est à nouveau en finale, et potentiellement capable de prendre une seconde médaille d’or à Paris. Si les grandes carrières s’annoncent par des exploits hors du commun, celle de Thalya Sombé peut marquer l’histoire du karaté français. Une marche à franchir ce dimanche. Ce sera contre la Japonais Tsubasa Kama, vingt-et-un ans, qui a planté neuf points en quarts, et huit en demie. Ce sera bouillant.

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