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Gobika Tharmagulasingam, jeune flamme

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Paroles de prof – Du haut de ses vingt-quatre ans, Gobika Tharmagulasingam ne manque pas de recul au moment d’évoquer son cheminement vers l’enseignement au Tenchi Budokan de La Courneuve. À son rythme mais avec maîtrise, et en se découvrant soi-même tout en apprenant aux autres.

 

Bercée par les histoires d’un père karatéka qui avait pratiqué dans son Sri Lanka natal, il était écrit que la petite Gobika, troisième de la fratrie et « élevée comme un garçon », enfilerait à son tour le karategi. À dix ans, elle débute aux côtés de Jean-Pierre Haba, professeur de shotokan du côté de La Courneuve. « Sans savoir qu’il existait différents styles – je ne l’ai vraiment compris qu’en prenant les licences au club en intégrant le bureau (rires) – dans le karaté, j’y ai découvert le combat, mais surtout l’aspect technique, resitue la jeune femme actuellement en première année de Master de droit immobilier. Je me suis aussi essayée à la compétition, mais ce n’était pas fait pour moi. N’ayant pas besoin de me savoir plus forte qu’une autre et n’appréciant pas d’être mise en avant, j’ai vite su que mon intérêt était ailleurs. » Ne manquait plus qu’un élément déclencheur, survenu en 2015 après deux années loin du dojo à potasser en classe préparatoire. « En revenant au club, j’ai décidé de me rendre utile en intégrant le bureau comme secrétaire et, vu que cela faisait bien longtemps que j’étais ceinture marron, je me suis sentie mûre pour plancher sur ma ceinture noire de wado-ryu. Je me suis retrouvée à aider sur les cours des petits, puis des grands et des compétiteurs et, sitôt mon grade acquis, j’ai enchaîné sur les formations du DAF et du DIF. »

 

L’école de la patience
Également armée de son BAFA, là voici qui devient une aide ponctuelle précieuse dans le club de Seine-Saint-Denis, où sa jeunesse et son sens du relationnel compensent les écueils des premiers pas dans la peau du professeur. « Sur le plan émotionnel, il a fallu que je prenne du recul car, au départ, si un enfant refusait de faire un exercice ou ne respectait pas les règles, ça me prenait aux tripes car je me sentais obligée de rendre des comptes derrières aux autres professeurs. J’ai appris la patience et, en échangeant très souvent avec Ibrahim Sidibé et Étienne Alcaraz, j’ai progressé pour m’adapter au mieux aux différentes situations qui pouvaient se présenter. Moi qui avais appris en miroir, j’ai pu mixer avec les méthodes vues en formation, en m’appuyant sur des plans de cours. Là aussi, j’ai compris des choses car, avant d’enseigner, je croyais que mes professeurs étaient constamment dans l’improvisation. Ma relation avec les élèves a beaucoup évolué depuis mes débuts, et je peux dire aujourd’hui que j’ai bien grandi ! »

Pousser ceux qui se donnent
Au point de se sentir pleinement à sa place sur la chaise du coach, force tranquille au chevet de ses protégés. « Au départ, j’ai dû faire taire les doutes, des ados en particulier qui se demandaient l’intérêt de suivre mes conseils alors que je ne participais pas aux compétitions, souligne celle qui aimerait trouver le temps de se confronter à nouveau au passage de grades. Mais lorsque les plus mordus ont vu mon implication pour les accompagner et nourrir leur intérêt, la donne a changé. Lors des dernières vacances, je leur ai par exemple proposé une sortie escalade. Certains sont venus me voir pour me demander pourquoi je faisais ça et, lorsqu’ils ont compris que c’était une partie de mon temps libre que je leur consacrais, leur état d’esprit a changé. Quelqu’un qui s’intéresse à eux et leur donne du temps, ils en étaient ravis, et ils m’ont aussitôt proposé leur aide sur la prochaine compétition du club. À partir de là, c’est tout gagné pour moi, pour eux et aussi pour le club ! » Une émulation dans la transmission qu’elle n’hésite pas à susciter auprès du centre de loisirs où elle propose des initiations de karaté/lutte, dans les maisons de retraite, de jeunes, ou lors de La Courneuve Plage.

 

Un réseau qui s’étoffe
Sur le plan personnel, si elle n’arrive pas à s’entraîner régulièrement, Gobika sait que le karaté a pris ces dernières années de plus en plus de place dans sa vie. « C’est beau de voir tout ce qui s’est enclenché à travers les rencontres, les formations et les cours, alors que tout est parti de la joie de retrouver les copains lors de la séance du mercredi après-midi quand j’étais petite. Maintenant, j’échange avec de plus en plus de monde lors des stages, je connais le fonctionnement des organisations, et je ne me vois plus capable d’assister à une compétition comme simple spectatrice ! » Dernière casquette en date, celle de la commission anti-dopage lors du dernier Open de Paris, pour une nouvelle expérience qui élargit encore un peu plus sa vision de la discipline. « Et il y a encore beaucoup à faire, rien qu’à parfaire mes positions en wado-ryu vu mes bases de shotokan ! » Avec la même énergie qu’au premier jour…

Antoine Frandeboeuf / Sen No Sen

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