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Karaté mix, une première monumentale

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Les soixante-six premiers champions de France de karaté mix sont entrés dans l’histoire de la discipline ce week-end. Cumulant les records, l’événement majeur de la saison confirme la forme étincelante de la discipline, entrevue lors de la dernière coupe de France.

« En découvrant le karaté mix, il y a quatre ans, j’avais enjoint mes élèves à le pratiquer, pensant que la discipline se répandrait, s’améliorerait et grandirait… et, ce week-end, je crois que nous en sommes tous témoins. » Plusieurs heures plus tard, Stéphane Pichaud semble avoir bien du mal à redescendre du nuage lequel il a vogué ce week-end. D’autant que ses élèves engagés lors de ces championnats de France de karaté mix ont fait honneur à la réputation du Puma Club (Île-de-France), qu’il dirige depuis sa création en 1998. « Quatre médailles décrochées (le senior Antoine Geirinhas de Jesus en argent chez les -92kg, les cadets Matt Bouthors (-65kg) et Maxence Guiomard (-70kg) en bronze, comme le junior Florian Burgeat (-75kg), NDLR) pour onze élèves engagés qui disputaient tous leurs premiers championnats de France… Que demander de plus, se réjouit le professeur francilien. “Rien à perdre, tout à gagner”, je crois que mon mot d’ordre a été entendu. Surtout, cela crée un engouement incroyable au sein du club, entre les jeunes qui veulent imiter leurs aînés et ceux qui n’osaient pas encore s’inscrire. Une chose est sûre : nous reviendrons encore plus nombreux dans quelques semaines pour l’Open de France ! »

© Denis Boulanger

Chez les seniors, la nouvelle génération confirme

Trois cent quatre-vingt-cinq combats en deux jours… Et s’il fallait n’en retenir qu’un ? Côté masculin, la finale opposant Allan Landouzy (Karaté Club d’Escautpont) à Quentin Herrmann (SMOC Saint-Jean-de-Braye) remporterait probablement les suffrages du public, présent en nombre ce week-end à l’INJ. Définitivement au-dessus de la mêlée chez les -71kg, les deux s’étaient déjà affrontés en décembre dernier lors de la coupe de France, à l’avantage du combattant escautpontois. « Cette fois, je n’abordais pas la finale dans les meilleures conditions, confie l’intéressé. Ayant déjà combattu deux jours plus tôt, mes bras congestionnaient dès le second combat du jour, en plus de douleurs à la nuque. Au sein d’une catégorie dense où il fallait passer quatre tours pour atteindre la finale, j’ai cherché à capitaliser sur mes forces et écourter les combats ». Deux étranglements, une clé de cheville, et un K.O. infligés à ses quatre premiers adversaires, il pouvait s’avancer vers une finale face à son nouveau rival. « Une revanche avec un grand “R”, s’extasie d’emblée le Mohamed Messadaoui. Attendue à la fois par les combattants, mais aussi par leurs clubs respectifs… et les arbitres eux-mêmes je veux le croire, qui voulaient tous voir ce combat se disputer sur leur plateau. Ils ne s’y étaient pas trompés au vu du spectacle proposé, opposant Allan Landouzy et son style résolument lutteur face au profil de grappler de Quentin Herrmann. » Un duel de haute volée qui allait, une fois encore, tourner en faveur du lutteur de dix-huit ans, sur décision unanime des juges. « En finale, les douleurs ne comptaient plus, sourit le Nordiste. Sachant que j’avais affaire à un spécialiste des soumissions, je limitais au maximum mon travail au sol pour faire valoir mes qualités. » Un pari gagnant, et un premier titre de champion de France à la clé.

Les filles au rendez-vous

Le karaté mix féminin tiendrait-il ses futures figures de proue ? Difficile de penser autrement à la vue des parcours de Justine Bonnel (+68kg) Margaux Cal (-63kg) et Justine Tailfer (-53kg). Déjà auteur du doublé en light et plein contact l’année dernière, cette dernière récidive malgré une déchirure du mollet contractée un mois à peine avant la compétition. « Une grosse préparation mentale et ma motivation ont contrebalancé mon manque d’entraînement, détaille l’étudiante en droit de dix-neuf ans, qui n’a repris l’entraînement que huit jours avant la compétition. Parvenir à réaliser l’enchaînement du light et du plein contact dans ces conditions me réjouit particulièrement, d’autant que la douleur musculaire s’est réveillée lors de mon premier combat dimanche. » Un nouveau doublé, qui porte à sept le nombre de titres nationaux décrochés toutes catégories d’âges confondues par la pensionnaire du Kempo Boxing Ollioulais (Var). Un millier de kilomètres plus au Nord, c’est tout le Kemposhinkai Karaté Haisnes (Pas-de-Calais) qui fête cette semaine ses quatre médaillées d’or avec Zélie Dubois (-45kg) et Kloé Delplanque (-50kg) chez les minimes, Margaux Cal et Justine Bonnel en seniors. « En seniors, Justine et Margaux incarnent cette nouvelle génération de combattantes qui baignent dans les arts martiaux mixtes depuis le plus jeune âge. Kempo, karaté contact puis full-contact et, depuis quelques années, karaté mix, pose Serge Cal, leur expérimenté professeur. Pour autant, le relâchement n’est pas permis car la discipline ne s’arrête plus de passer des caps. Le nôtre est dressé vers l’Open de France, dans six semaines. » Une nouvelle occasion pour ses protégées de confirmer leur hégémonie naissante.

© Denis Boulanger

L’œil de Jérôme Charles, expert fédéral

« Record. Première. Évolution. Ce sont bien les trois premiers mots qui me viennent en tête. Le premier sonne comme une évidence, tant en nombre de participants que de surfaces. Première ? À l’échelon national, un tel plateau représente une grande première, particulièrement importante à la fois pour la Fédération Française de Karaté qu’aux yeux de ses adhérents, pour que le karaté mix soit conforme aux ambitions. Enfin, l’évolution positive que nous suivons, aussi bien dans l’organisation qu’en rapport aux points précédents. Ce week-end marquera durablement le karaté mix français… Il y a un peu d’esprit pionnier dans tout cela. Je tiens à souligner la qualité de larbitrage également, qui résulte d’une formation efficace, ainsi que l’évolution du règlement, notamment sur l’attribution de points à chaque fin de round depuis la dernière coupe de France, ce qui aura permis aux professeurs de mieux guider leurs élèves et, parfois, d’adapter la stratégie de combat pour l’emporter. L’autre point majeur, c’est l’évolution du niveau proposé sur le week-end, visible sur toutes les catégories d’âge… Nos jeunes, qu’est-ce qu’ils sont bons ! Plus largement, des minimes aux vétérans, nous observons encore davantage de combats construits, de réelles stratégies, ainsi qu’un travail dans les trois dimensions, pour venir exploiter le plateau de combat. En termes de projections, nous avons tout vu, des sacrifices de corps aux fauchages, en passant par les ramassages de jambes et des techniques de hanche. Au sol également, les combattants nous ont donné à voir tout leur arsenal de soumission, entre guillotine, kimura juji et mata leon notamment. On a aussi vu des frappes au sol utilisées à bon escient pour changer de position, voire se créer des opportunités de soumission. Encore une fois, au-delà de l’exécution technique remarquable, je reste marqué par l’approche tactique de nos combattants. Il y a enfin à souligner le passage de l’examen nécessaire à l’obtention de la carte de coach qui a la vertu de donner une bonne lecture du règlement, une responsabilisation des coaches et l’instauration d’un dialogue qui, au final, profitent et aux combattants qui sont mieux conseillés. Bien évidemment il reste toujours des points à peaufiner pour fluidifier et améliorer le prochain rendez-vous, mais tout cela ne présage que du bon pour l’avenir de la discipline. »

Arbitrage : cadre, écoute et pédagogie

Un championnat réussi se joue évidemment dans l’octogone… où les arbitres occupent une place décisive. « Pour nous, c’est un enjeu : être à la hauteur de ce que représente un titre de champion(ne) de France à la fin de la journée », souligne d’emblée Élodie Caby, arbitre nationale depuis 2016 et 4e dan de full-contact. Camille Conrad, qui a également arbitré ce week-end, elle-même compétitrice en karaté contact et secrétaire générale du comité du Rhône, dresse les contours de son bilan. « Aucune blessure, pas davantage de K.O. en catégories light, ni de réclamation au sein de mon octogone. Si cette troisième compétition que j’arbitrais en karaté mix est selon moi la plus aboutie, cela ne doit rien au hasard. En effet, je ne compte plus le nombre de coaches qui nous sollicitent afin d’obtenir des pistes d’améliorations dans le comportement de leurs athlètes. Également arbitre en karaté contact depuis sept ans et en karaté traditionnel depuis l’année dernière, en plus d’être également compétitrice en shotokan, j’avoue trouver dans l’arbitrage du karaté mix une proximité assez unique entre le corps arbitral et les combattants, sans amputer le respect nécessaire des uns envers les autres », pose cette 4e dan, licenciée à Croix-Rousse Arts Martiaux (Rhône). « Aider à poser un cadre clair et à la compréhension des règles, proposer une gestuelle impeccable, dialoguer et expliquer, avant, pendant et après le combat… Au-delà de la compétition elle-même, le développement du karaté mix, comme le full-contact avant lui, passe par cette phase de pédagogie, synthétise Élodie Caby, licenciée pour sa part à Aniche Arts Martiaux (Nord). Nous avons encore vu beaucoup de nouveaux clubs, qui ont des questions, n’ont pas l’habitude de cette organisation fédérale qui peut impressionner et il faut à la fois les discipliner, les rassurer et les encourager, par exemple en faisant preuve de souplesse sur les inscriptions qui n’ont pas été faites correctement et qu’il faut corriger le matin même de la compétition. Mais tout cela est normal et rejaillit sur l’ambiance très agréable. Les consignes sont claires : répondre à chaque question, être dans l’écoute et dans l’accompagnement. » Avec la nécessité pour les deux arbitres d’apprendre aussi d’une discipline qui n’est initialement pas la leur. Camille Conrad confirme. « Les cages constituent un défi pour nous. Les techniques et les tactiques de combat s’en trouvent modifiées et notre gestion avec. Positionnements, déplacements, vigilance, interventions… impossible de ne pas s’adapter. D’où l’importance, selon moi, de participer à la fois au stage arbitral de début de saison et aux stages dispensés par Greg MMA ou l’expert fédéral Jérôme Charles en cours d’année car, si nous ne pouvons pas être des experts de toutes les disciplines, comprendre la pratique et son langage de l’intérieur, s’avère primordial pour arbitrer correctement. Avant de devenir arbitres, nous sommes des pratiquants. »

© Denis Boulanger

Le championnat de France en chiffres

  • 4 aires de compétition
  • 30 arbitres et commissaires
  • 66 catégories (soit 11 de plus qu’en 2022. Catégorie la plus représentée : seniors -78kg masculins karaté mix light avec 23 inscrits)
  • 80 clubs
  • 385 combats
  • 393 participants, dont 346 hommes et 47 femmes

 

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Documents

Résultats 2023 Champ France KMix Light KMix

Lun. 20 Février 2023
Maël Jeanthon et Olivier Remy / Sen No Sen

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