Championnats de France de karaté mix : un succès exponentiel !
Le Dojo de Paris a constitué, ce week-end, une nouvelle étape pour la discipline. Au rayon notamment des satisfactions, une participation record et une nouvelle épreuve, le KM Élite, qui fait déjà l’unanimité.
Mohamed Messadaoui peut être heureux. Responsable de la commission nationale d’arbitrage de karaté contact, full-contact et interdisciplines, celui-ci ne cache pas son enthousiasme après le succès rencontré par la deuxième édition des championnats de France tenue ce week-end dans la capitale : « il y a eu environ six cents participants, soit presque le double par rapport à l’année dernière ! Un engouement incroyable, d’autant plus réjouissant que 92 % des inscrits étaient présents. Une statistique remarquable car nous avons craint à un moment que le mouvement social au sein de la SNCF empêche certains de venir. Ce ne fut heureusement pas le cas. »
Karaté mix élite, première !
Une participation impressionnante avec cette année, pour la première fois dans la jeune histoire de la discipline, des titres de champion de France décernés en karaté mix élite. Une nouvelle épreuve qui a très rapidement trouvé sa place au sein de la discipline. Genèse. « La catégorie élite a été créée avec l’objectif d’avoir une meilleure répartition du niveau de pratique des compétiteurs. Cela peut paraître paradoxal, mais la mise en place de trois niveaux (karaté mix light, karaté mix plein contact et karaté mix élite) favorise la sécurité puisqu’elle évite des disparités trop fortes lors des combats, poursuit Mohamed Messadaoui. Les inscriptions dans cette épreuve sont à la liberté des clubs, et nous nous sommes rendu compte qu’ils jouaient pleinement le jeu avec des combattants à la préparation physique optimale, au niveau technique complet et à la stratégie parfaitement construite. Quelle différence avec le plein contact ? L’absence de casque à la tête, l’autorisation de coups au corps, avec les membres supérieurs et en station debout lorsque l’adversaire est au sol. À ce propos, nous nous posons la question pour l’avenir de supprimer d’autres protections et/ou modifier la durée des rounds. L’objectif est clair : faire du karaté mix élite une vitrine de la discipline ! »
Une cinquième cage
Ils étaient ainsi quatre-vingt-dix-huit – féminines et masculins – inscrits dans cette épreuve hier. Soit, là aussi, près du double par rapport à la coupe de France de décembre dernier !
Parmi ceux qui ont gravé hier leur nom dans l’histoire de cette épreuve, Franck Martin du Nice Kombat Dojo en or dans la catégorie des -85kg. Le combattant des Alpes-Maritimes revient sur cette journée mémorable : « ce fut une journée riche en émotions. C’était ma deuxième compétition dans cette épreuve après la coupe de France, où j’avais terminé deuxième. Là, j’ai fait trois combats, qui se sont enchaînés rapidement. Je préfère d’ailleurs cette formule à l’ancienne, où il fallait attendre la fin de la journée pour sa finale. Étant coach sportif dans la vie professionnelle, j’ai me prépare physiquement sur mon lieu de travail que je couple à presque une séance de travail spécifique par jour. »
Les raisons de son succès ? « Mes qualités au sol – je pratique le jiu-jitsu brésilien – et mon travail en pieds/poings que j’hérite de mes nombreuses années de karaté où j’ai débuté alors que j’avais neuf ans. » Un karatéka de trente-sept ans, laudateur de l’arbitrage et de l’organisation. « Pour cette édition, nous avions rajouté une cinquième cage. La tenue des horaires prévisionnels est l’une des grandes sources de satisfaction pour l’équipe organisatrice, explique Mohamed Messadaoui. De même l’accent mis sur la formation arbitrale nous a permis de disposer de neuf arbitres par octogone ce week-end. »
Encore beaucoup de potentiel
Justine Tailfer du MMA Kempo Boxing d’Ollioules, pratiquante de karaté mix depuis les cadettes et victorieuse en plein contact dans la catégorie des -53kg chez les seniors, abonde dans ce sens : « le niveau arbitral a été très bon avec, je trouve, une compréhension fine des situations au sol. » Cette combattante très à l’aise dans ce domaine grâce à sa formation de judoka et qui compte de nombreux titres nationaux de karaté mix dans chaque catégorie d’âge fait un bilan positif pour la discipline qu’elle voit évoluer dans le bon sens : « nous étions cinq dans ma catégorie de poids, ce qui arrive très rarement. Au départ, j’ai voulu m’inscrire dans l’épreuve élite mais j’étais la seule athlète. Du coup, je suis redescendue en plein contact. Il y avait chez les -53kg des combattantes que je n’avais jamais vues auparavant ! La preuve que s’il y a encore du chemin à faire, nous sommes sur la bonne voie. » Victorieuse au sol pour ses deux combats – une fois sur un triangle, une fois sur une clé de bras – la Varoise, en or à la coupe de France en décembre dernier chez les -58kg suggère deux pistes de réflexion pour l’avenir : « rapprocher l’heure de pesée de l’heure de combat et, peut-être, renforcer le contrôle médical (fond d’œil, électrocardiogramme) pour la catégorie élite avant et après la compétition, pour être encore plus irréprochable sur la question de l’intégrité physique. »
Des propositions, Mohamed Messadaoui en a d’ailleurs lui aussi déjà certaines en tête : « devant le succès de cet événement, nous réfléchissons à l’idée d’ajouter une date aux calendriers futurs en dissociant peut-être l’épreuve jeunes de l’épreuve seniors ». Ou comment continuer à proposer une organisation saluée par tous alors que la notoriété du karaté mix ne fait que grandir. Des interrogations en forme de cercle vertueux pour une discipline qu’on arrête plus.