Karaté mix : « Venez comme vous êtes ! »
Au sortir de l’Open de France de karaté mix ce week-end à la Halle Carpentier (Paris XIIe), le responsable technique du karaté mix Jérôme Charles nous précise la philosophie de cette proposition en pleine expansion au sein de la fédération.
« Le message global du karaté mix, c’est venez comme vous êtes, pour voir si votre pratique est bonne. Venez vous prouver à vous-même que ce que vous faites fonctionne en combat. C’est d’abord la découverte dans un stage de karaté mix, pour comprendre les enjeux de placement et de distance qui vont vous permettre d’exploiter votre propre expérience du combat. Notre projet, c’est la compétition, ou plutôt une approche de la confrontation à l’autre, plus ouverte que ce à quoi vous êtes peut-être habitué.
Le champ technique que vous allez découvrir, c’est déjà un travail de distance, de cadrage, qui part du pied-poing à laquelle les stagiaires sont le plus souvent habitués. On va progressivement ajouter les genoux, les coudes au niveau du corps-à-corps. On est déjà dans le travail du blocage dans la cage, du contrôle de la spécificité de ce type d’expérience. On arrive sur de la lutte, on va projeter au sol. Celui qui est à l’aise au sol va pouvoir frapper au niveau du corps et soumettre. Celui qui est moins bien à ce niveau va apprendre à se repérer et les techniques pour se relever et retrouver ses marques.
En définitive, le karaté mix n’est pas vraiment une discipline. On ne dit pas au grand public de changer de pratique pour faire du karaté mix, bien au contraire. Utilisez votre pratique pour la découvrir dans ce type d’expérience. Il y a des gens qui ont une pratique de kick-boxing, mais pas de sol, d’autres qui viennent du jujitsu brésilien ou même du judo-ju-jutsu. Nous proposons une richesse : celle de venir avec ce qui nous définit en tant que pratiquant et d’ouvrir les cloisons pour voir un peu plus loin. Pouvoir revenir à ses bases, à ce qui nous rend fort et à ce que nous avons travaillé. »
Une philosophie différente
« Y a-t-il une différence avec ce que l’on connaît sous le nom de MMA ? Dans mon parcours de pratiquant centré sur la notion d’efficacité en combat, j’ai rencontré beaucoup d’organisations qui, sous une forme ou une autre, essayaient d’ouvrir le champ, de se confronter avec moins de carcan. Quand je gagne une coupe en kempo en 1999, il s’agissait de gens qui échangeaient des coups, se jetaient au sol et continuaient à frapper au sol. Et c’était du karaté. Si on les avait mis en short et t-shirt à ce moment-là, cela aurait été du karaté mix. Le MMA part de la même idée, avec une culture particulière, celle des États-Unis. C’est un sport professionnel avec ses normes, ses tendances, son histoire. Nous avons aussi les nôtres et une philosophie un peu différente, plutôt dans la découverte de soi et de son art propre. Nous sommes une fédération qui regroupe un grand nombre de styles et de pratiques. Vous pouvez venir avec votre base karaté, mais aussi les quelques années que vous aurez passé à faire du sanda chinois. Ce sera votre style. Vous savez, même dans une discipline très codifiée comme la boxe par exemple, il y a des styles. Les Mexicains ne boxent pas comme les Américains ou les Cubains. Je le répète, nous n’allons pas vraiment vous dire comment il faut donner le coup de poing – il y a aussi des experts invités qui vous feront découvrir beaucoup de choses passionnantes au-delà de ce que vous pratiquez habituellement – mais vous ouvrir à un champ d’expérience, un formidable moment pour découvrir et s’éclater. Nous nous adressons à un public qui ne vise pas forcément l’arène tous les dimanches, mais qui doit retrouver son poste au bureau le lundi, et qui ne peut pas s’y présenter avec un coquard. Ce public-là s’orientera plutôt sur la forme de karaté mix light où il pourra déjà bien envoyer et monter progressivement en puissance. »