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En Ubaye, le karaté prend de la hauteur

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Porte d’entrée septentrionale du Parc national du Mercantour, Barcelonnette est une incitation au grand air à plus de 1100 mètres d’altitude. Mais aussi à la pratique martiale, sous l’impulsion d’un club de karaté relancé depuis quelques années par une poignée d’amis.

Fief du 11e Bataillon des Chasseurs Alpins, Barcelonnette a de longue date nourri une tradition avec les sports de combat, notamment par l’intermédiaire de Bernard Grasset, passionné de Japon et féru de compétition qui lança dans les années 1970 le Karaté Club de Barcelonnette. La première génération d’élèves bascula logiquement du côté des professeurs, jusqu’à ce qu’un grave accident de vélo du fondateur ne mette à mal la dynamique et n’entraîne le départ des karatékas expérimentés de la vallée. Issu de la deuxième génération du club, Yann Michel quitta lui aussi ses Alpes-de-Haute-Provence la majorité venue, s’essayant au karaté à Grasse (Alpes-Maritimes) avant de rentrer au bercail sitôt un contrat de travail en poche. « Il y a peu de travail dans notre bassin de 8000 habitants, les jeunes partent donc, contraints, à trois heures de route minimum pour l’université, le constat reste inchangé dans le secteur », pose celui qui « harcela » le prof passé à la boxe américaine de relancer un créneau karaté en 1996. Ce n’est d’ailleurs qu’à son deuxième retour dans la « capitale de l’Ubaye », à l’aube des années 2010, qu’il se décide une nouvelle fois à redynamiser l’activité. « Un jour, ma femme tombe dans un commerce sur une affiche parlant du club de karaté. Quelques heures plus tard, je me retrouve sur le tapis avec quatre ceintures noires usées par les années, situe pour sa part Guillaume Pages, passé par le Club Occitan de Montpellier durant ses études. C’est à partir de là que la magie de l’associatif a opéré, avec une volonté partagée par quatre quadras de bâtir quelque chose de solide sur cette base. Aucun de nous n’a été un grand champion, ou n’est de la trempe des experts que nous croisons régulièrement en stages, mais nous avons vu qu’il était possible de faire pétiller les yeux de notre jeunesse toujours bien présente. »

NB : Photo prise avant la confinement. Respectez les gestes barrières.

Aller chercher à la source
Renommée Karaté Club de l’Ubaye pour attirer des gens de toute la vallée, la structure passe rapidement la trentaine de licenciés, dont une large proportion d’enfants l’incitant à fonder il y a deux ans une section de baby-karaté. Une attention qui porte ses fruits avec une dizaine de nouvelles têtes à s’inviter en bout de ligne pour le salut chaque saison. « C’est dans le sillage de mes deux enfants que je me suis retrouvé dans l’aventure il y a trois ans », sourit Michel Graziano, heureux de cette « seconde famille avec qui ce sont beaucoup de bons moments passés » et aujourd’hui secrétaire général de l’association. « C’est un véritable enjeu d’aller chercher les jeunes à la source, d’entrer dans les écoles comme le souhaitent Yann et Guillaume. Tous les sentiers détournés menant au karaté sont bons à prendre. » Celui du body-karaté ne devrait plus tarder à être emprunté d’ailleurs. « Étant 100% bénévoles avec Guillaume, notre principal leitmotiv est de voir les gens faire du sport, renchérit Yann, promu président l’an passé à la place de Guillaume, avec qui il se partage les cinq créneaux de la semaine. Nous nous adaptons donc à la demande et nous nous mêlons aux autres disciplines sur des stages pour enrichir notre pratique. Après, nous pourrions nous dire que tout ce travail est anéanti sitôt les études supérieures pointant à l’horizon, ce à quoi nous répondons que notre rôle de première pierre à l’édifice nous convient également, surtout lorsque nous voyons nos élèves continuer le karaté dans de plus grandes structures que la nôtre. »

Une complémentarité avec le ski
De par sa situation géographique, le club subit également la dure concurrence des sports de montagne, face à laquelle il a trouvé, là encore, les réponses pour avancer et pérenniser. « Les remontées mécaniques s’arrêtant à 16h30 le mercredi, tout le monde peut filer ensuite au dojo pour son créneau de karaté », glisse avec le sourire Guillaume, qui sait pertinemment que les jours de pluie seront plus propices pour attirer ses ouailles. « Avec le travail saisonnier en station, l’hiver peut nous faire perdre jusqu’à la moitié des effectifs, qui reviennent généralement nous voir aux alentours de mars, note Yann. Les gens ne s’y trompent pas tant les parallèles entre les deux disciplines sont facilement identifiables : le karaté apporte un véritable plus au niveau du mental, de la concentration et de la fixation d’objectifs. De même, avec les parcours que nous mettons en place avec nos plus jeunes licenciés, imaginer ce qui va se passer à la prochaine porte sur les skis devient plus facile pour eux. Ce message est simple mais très réaliste. » Et il passe. La rigueur qui s’installe crescendo dans la progression pédagogique joue également son rôle. « Au ski comme en karaté, chaque geste doit être maîtrisé, et il faut donc veiller aux fondamentaux avec le plus de sérieux possible. » C’est par là que naît par ailleurs le goût de la compétition, les trois hommes en sont convaincus. « Apprendre et répéter pour bien reproduire, tel est l’état d’esprit que nous souhaitons développer au club, avec également l’espoir de faire sauter quelques craintes et de consolider la confiance en soi, poursuit Guillaume. Nous n’envoyons en tournois que ceux qui le souhaitent, mais nous demeurons encore un peu verts pour briller au-delà de la région. »

Des diplômes et du réseau
C’est en multipliant les adultes diplômés de DIF, DAF et autres CQP que le KC de l’Ubaye entend franchir les prochains caps, tout en se perfectionnant sur le terrain de l’arbitrage. « Pour aider le club à grandir sans le dénaturer, nous devons tous faire l’effort, insiste Michel, à l’origine de l’annexe sur Seyne afin d’attirer un nouveau foyer de pratiquants. À travers nos formations d’arbitres départementaux, nous avons tissé beaucoup de contacts dans les Alpes-de-Haute-Provence, mais également dans les Hautes-Alpes voisines où nous venons sur les compétitions donner un coup de main pour faire le nombre. Tout devient alors plus facile pour créer de l’animation, avec des interclubs, des échanges et des stages avec ces clubs amis. » Peu importe les cols à passer et les lacets à avaler.

Antoine Frandeboeuf / Sen No Sen

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