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Championnats de France kata, un parfum d’international

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À une semaine du départ aux championnats d’Europe seniors, les championnats de France kata étaient marqués par les enjeux de l’équipe de France. Essentiellement pour le meilleur.

Attentif spectateur des débats du week-end, Ayoub Neghliz, responsable des équipes de France kata fixait d’entrée l’importance renouvelée de ces championnats de France, même placés à une semaine d’un championnat d’Europe. « Nous avons souhaité replacer le rendez-vous national au cœur du processus de sélection et c’est le cas aussi de celui-là. Les champions de France sont remis dans le processus de sélection pour les championnats du monde. » Bien sûr, les plus jeunes étaient, pour la plupart, épargnés par les grandes aspirations aux voyages… bien que les meilleurs minimes soient déjà sur le front de la compétition des cadets, organisée le dimanche pour mieux permettre aux uns et aux autres de tenter l’aventure du surclassement en âge (les minimes en cadets et les cadets, la veille, en juniors).

Dans ces catégories d’âge encore en gestation, les hiérarchies restent mouvantes dit-on, et c’est ce que démontrait à ses dépens le vainqueur minime de la dernière coupe de France et triple finaliste des trois derniers grands rendez-vous nationaux Adrien Frances, victime, en tableau puis en repêchages, de déséquilibres qui le sortaient du classement. On retrouvait en revanche son finaliste de la coupe de France de décembre dernier, Thomas Huyet-Dumong, un technicien d’Annecy au physique au-dessus du lot affichant des progrès techniques réguliers. « Il écoute les consignes et les met en pratique, c’est bien », constatait Ayoub Neghliz. Vainqueur dès le premier tour d’Adrien Frances, Thomas Huyet Dumong s’emparait de son premier titre national, non sans avoir laissé un drapeau en quart, en demie puis en finale face au Cannois Sergiu Bulumac, déjà médaillé à la coupe de France. La concurrence est accrocheuse.

© Denis Boulanger

Chez les féminines, c’est plus que l’ébauche d’une hiérarchie qui se dessine en revanche, avec la victoire de l’excellente technicienne du Mirail à Toulouse Julia Vilanova face à la Francilienne d’Épinay Iliana Voratovic, soit la même finale que lors de la coupe de France. Pour le même verdict. Vilanova se traçait un chemin à coups de 5-0 pour avaler le championnat minime comme un hors-d’œuvre, avant le plat de résistance des cadettes où elle ne cédait qu’en demi-finale face à Ninon Vaucelle-Spelle – membre de l’équipe de France finaliste européenne en équipe cadet-juniors à Larnaca en février – qui la dominait par son impact physique encore supérieur. Elle finissait avec la médaille de bronze autour du cou.

Cadets-cadettes, une affaire bien Ordonez

La minime Julia Vilanova marche peut-être sur les traces de son aînée Ines Ordonez, championne de France minimes… et cadettes, l’année dernière en avril, et déjà cinquième des championnats d’Europe cadets en février. C’est avec une autorité bluffante de « future grande » – elle dont le petit gabarit favorise la vivacité et la tonicité – que la Francilienne de l’Institut Gojuryu Kenkyukai conservait son titre dans une finale identique à celle de la coupe de France de décembre dernier, face à une adversaire très sérieuse, l’Annécienne Ninon Vaucelle-Spelle, qui lui prenait d’ailleurs un drapeau en finale. L’avenir des équipes de France ne se jouera pas sans elle(s).

Quant à l’Institut de Gojuryu Kenkyukai, il pourra vraiment fêter ça cette semaine, car son dynamique cadet Camil Perini – sélectionné aux championnats du monde cadets à Konya en octobre – se hissait en finale et renversait la tendance de ces derniers mois en battant le Sarcellois Haroun Ramdani Mohammed, sélectionné pour sa part aux championnats d’Europe de Larnaca il y a quelques semaines. C’est le léger et vif technicien de Sarcelles qui lançait les débats en finale avec puissance et conviction, mais Camil Perini parvenait à faire forte impression et prenait quatre drapeaux. Battu l’année dernière par le Luron Lorick Nour-Mauris, passé en juniors, et à la coupe de France par Haroun Ramdani Mohammed, le Francilien de l’IGKDF Vanves pouvait serrer les poings. Il emporte son premier titre national et se relance parfaitement.

© Denis Boulanger

Juniors masculins, la der d’Hoffmann

Personne n’arrête le médaillé mondial juniors Lucas Hoffmann au niveau national. Ce petit gabarit puissant et charismatique n’a plus d’adversaire à sa taille dans la catégorie. Le technicien de Sarcelles fut encore une fois intraitable ce week-end, même pour celui qui se hisse en finale contre lui, le champion de France cadet 2022 Lorick Nour Mauris du Karaté Club de Lure. Une belle performance tout de même pour ce dernier, déjà finaliste contre lui à la coupe de France espoirs en novembre. Quant au champion, il se déclarait très satisfait de ce titre : « Dans deux mois, j’ai dix-huit ans et je quitte la catégorie des juniors avec trois titres nationaux consécutifs, puisque j’avais gagné le premier alors que j’étais encore cadet. C’est une belle façon de conclure. C’est aussi une bonne relance pour moi parce que je suis revenu des championnats d’Europe de la catégorie sans avoir obtenu les résultats que j’attendais et cela m’a obligé à une grosse remise en question. J’ai fait un travail de fond de karaté et j’ai travaillé de nouveaux katas. Le suparinpei que je fais en finale, c’était un test. Je prends les cinq drapeaux avec ce kata, c’est bien ». Si Lucas Hoffmann n’est pas dans l’équipe de France seniors qui part à Guadalajara, il y a peu de doute qu’on l’y retrouve un jour, pour les voyages à venir. Sa victoire en équipe avec ses camarades de Sarcelles ne faisait qu’en conforter la probabilité.

Juniors féminines, Annecy en force

C’était du très solide aussi du côté des féminines de la catégorie, avec la « petite sœur » Bui, Maï-Linh, qui a bien grandi depuis ses premiers titres minimes il y a quelques années. Médaillée mondiale cadettes l’année dernière, l’étoile d’Annecy avait subi l’affront d’une défaite l’année dernière au championnat de France cadets contre la minime Ines Ordonez, rapidement effacée par sa victoire à la coupe de France juniors qui lui avait valu sa première médaille européenne juniors en février. Aucun nuage ce week-end pour aller chercher son premier titre national juniors, d’autant qu’Ines Ordonez ne parvenait pas jusqu’à elle dans cette catégorie d’âge cette fois, battue en huitième de finale par un second membre médaillé de la famille Huyet-Dumong, Justine. Ines Ordonez lui laissait quatre drapeaux pour une perte d’équilibre dû à un pied pris une fraction de seconde dans la jambe de son karatégi.

Elle allait remonter les repêchages à coups de 5-0 jusqu’au bronze tandis que Justine Huyet-Dumong allait, de son côté, confronter avec le sourire sa camarade de club à Annecy, sans trop se formaliser d’un 5-0 logique. Heureuse de partager ce moment avec elle, Maï-Linh Bui avait aussi en tête la grosse aventure qui l’attend la semaine prochaine : sa présence au sein de l’équipe de France kata pour les championnats d’Europe seniors : « c’est une bonne façon de finaliser la préparation. Cela me donne de bonnes sensations avant les championnats d’Europe et comme mes deux coéquipières terminent à la première et à la deuxième place, on peut dire que tout va bien ! ».

© Denis Boulanger

Seniors féminines, la surprise Leitao

Maï-Linh Bui évoquait, bien sûr, la finale féminine des seniors, qui avait opposé, la médaille d’or de la coupe de France, et dauphine d’Alexandra Feracci aux championnats de France, Helvetia Taily, du SKB Épinay-sous-Sénart, à la surprise du jour, Romane Leitao, du même club qu’elle. Si la montée vers la finale sans perdre un drapeau de la titulaire des championnats d’Europe à venir, en individuel comme en équipe, était logique et sans surprise, le résultat du tableau opposé était moins attendu. Tandis que la Corse de Borgo Cassandra Sampieri s’illustrait en dominant d’un drapeau la Corse d’Ajaccio, Laëtitia Feracci, en quart de finale, Romane Leitao signait au même niveau une première belle performance en écartant la finaliste de la coupe de France Marion Champagne par quatre drapeaux. Elle parachevait son excellent championnat en dominant Sampieri d’un drapeau pour s’offrir la finale. Championne de France minimes et cadettes en 2017 et 2018, victorieuse de la coupe de France juniors en 2019, elle n’avait encore jamais atteint un podium senior, et c’est chose faite.

Victorieuse en finale de sa camarade de club par 5-0 drapeaux, Helvetia Taily se réjouissait de cette montée en puissance. « Cette victoire est importante pour moi parce que, même si je suis titulaire pour les championnats d’Europe, le championnat de France fait partie du parcours de sélection pour les championnats du monde. C’est aussi une bonne préparation, un bon moyen de se tester. Aujourd’hui, j’ai pris le même ordre de kata que celui que j’ai prévu pour Guadalajara. Je suis aussi contente pour Romane parce que c’est ma partenaire de club, mais aussi en équipe de France. Sa réussite aujourd’hui est le signe que notre entraînement porte ses fruits. C’est de bon augure pour la suite. » Signe des temps, en l’absence d’Alexandra toujours convalescente et Laetitia étant non repêchée… c’était la première fois en près de quinze ans qu’il n’y avait pas au moins une Feracci sur le podium. On les y retrouvera sans doute bientôt.

Seniors masculins : Franck et Enzo, la belle

Il s’était fait discret, il est clairement de retour depuis l’année dernière, puisque le néo-Francilien de Sarcelles, Enzo Montarello, était finaliste aussi bien aux championnats de France, en avril dernier, qu’à la coupe en décembre. À chaque fois, c’est le titulaire actuel en équipe de France et licencié de l’AS Évry, Franck Ngoan, qui avait pris le dessus. Mais ils se sont retrouvés une nouvelle fois en finale du dernier Open de Paris et, cette fois, Enzo Montarello avait dominé l’affrontement. Qui pour la belle à Lille ce samedi ? Il n’y avait pas de suspense pour la première étape : l’un et l’autre se hissaient en finale une nouvelle fois sans perdre un drapeau. Enzo Montarello ouvrait le bal avec un Suparinpei plein de force et de conviction, mais Franck Ngoan répliquait avec un Unsu intense et rapide qui lui valait finalement quatre drapeaux sur les cinq. « Il y avait forcément un petit goût de revanche à prendre. J’ai un adversaire de très haut niveau et c’est une satisfaction de parvenir à rester devant. À Paris pour l’Open, j’avais tenté Gankaku. C’était un test, mais un kata, il faut vraiment se l’approprier et je crois que je ne sens pas celui-là. Ici, j’ai fait Unsu pour préparer les championnats d’Europe et cela me réussit mieux », commentait le champion de France 2023.

Équipes : les filles d’Annecy, les garçons de Sarcelles

Les zones d’influence sont parfaitement partagées. Annecy Dojo Karaté domine les féminines avec une victoire des cadettes-juniors sur les Lorraines d’ES 54, tandis que Maï-Linh Bui, Manon Farvacque et Émilie Guillet se montraient largement dominantes sur les trois Parisiennes du Sporting International Karaté Club, Célia Marçais, Daphné Robin et Agshara Nithiyananthan. Une belle performance tout de même pour le « SIK Paris », qui abordait cette année sa… cinquante-et-unième présence ininterrompue à un championnat de France.

© Denis Boulanger

Du côté des garçons, c’est la dynamique actuelle de l’AAS Sarcelles qui jouait à plein, avec une victoire chez les jeunes et une finale impressionnante emportée de peu chez les seniors contre la très forte équipe du Mabushi Club Veigne Karaté. C’était, à vrai dire, une finale de niveau international à laquelle le public bien réveillé du Palais Saint-Sauveur de Lille avait le privilège d’assister avec, dans les rangs de Sarcelles, Enzo Montarello, Lucas Hoffmann et Mahel Stassiaux et face à eux les Tourangeaux Sorey Morassi, Gaëtan Coutière, Davy Mazurais. Passant en deuxième, ils enflammaient les travées avec une prestation précise et spectaculaire, un bunkai bien travaillé. Mais c’est d’un drapeau que le jury désignait le travail ciselé des techniciens de Sarcelles. On attend la revanche.

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Résultats-Championnat de France Kata-MCJS

Lun. 13 Mars 2023
Emmanuel Charlot / Sen No Sen

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