Champ. de France interdisciplines : montée en puissance

Organisés à l’INJ de Paris ce dimanche, les championnats de France contact et semi-contact interdisciplines ont encore passé un cap.

« Le constat de départ était le suivant : beaucoup de disciplines présentes au sein de la fédération proposent du semi ou du plein contact. Un ADN partagé, qui a débouché sur l’idée d’organiser une compétition commune, il y a une dizaine d’années. S’il y eut un creux de trois-quatre ans avant le covid, cette édition 2023 et sa participation remarquable renforcent l’idée que l’institutionnalisation de ces championnats auprès des clubs et des combattants est en marche. » Responsable de la commission nationale full contact, Mohamed Messadaoui ne cachait pas sa fierté au lendemain de ces championnats de France contact interdisciplines qui ont connu une participation en forte hausse. « Cent-quatre-vingt-quinze inscrits contre cent-vingt l’année dernière. Sans doute que le fait d’avoir recentralisé cet événement sur Paris a eu un impact, la capitale étant plus accessible en termes de transports à une majorité de combattants. Une augmentation d’athlètes présents qui a d’ailleurs eu lieu malgré parfois des calendriers très serrés pour certaines disciplines, ce qui est d’autant plus satisfaisant ! »

« Chacun a sa chance »

La palme de la participation ? Elle revient aux licenciés de shorinji kempo, yoseikan budo ou du karaté contact, comme Pauline Nézan. Athlète de vingt-huit ans licenciée au Boxing Fight Club Normandie à Bellengreville (Calvados), elle a terminé en argent ce dimanche dans la catégorie des -68kg. « C’est ma seconde participation à ces championnats de France. Je suis un peu frustrée car je restais sur onze victoires en compétition au cours des trois dernières années, y compris fin avril à l’Open international de Monastir, en Tunisie, auquel j’ai participé avec mon club. Normalement, je combats en -63kg mais j’ai été surclassée de catégorie. Très vite j’ai senti que je manquais de puissance, en particulier dans les amenées au sol. Moi qui suis une pratiquante de full contact, j’ai dû travailler cela spécialement pour cette compétition car il n’y a pas ce genre de techniques dans ma discipline. Mais c’est cela qui me plait : la variété ! Variété des disciplines et des clubs présents. Se confronter avec des combattantes que je ne croise pas le reste de l’année, c’est excitant ! » Et si Pauline aurait aimé un temps de récupération plus long entre ses deux combats – il ne fut que de trois minutes – et pouvoir suivre les tableaux en direct et l’ordre des rencontres, elle loue la qualité de la logistique : « c’est carré », tranche-t-elle. Romuald Roques, son entraîneur abonde, exprimant un sentiment unanime. « L’ambiance est saine, cela permet de nouer des relations amicales et sportives avec d’autres clubs d’autres disciplines ». Venu avec six engagés, ce professeur spécialisé dans le karaté contact et le karaté mix se montrait satisfait de ses poulains : « nous revenons avec quatre médailles d’or, deux médailles d’argent – dont celle de Pauline – et une médaille de bronze. Une mention spéciale à Inès Audigier, vingt-et-un ans qui s’impose chez les seniors dans l’épreuve combat en -50kg et semi-contact en -58kg. » Professeur de ce club normand fondé en 2010, ce dernier souligne ce qui constitue, pour lui, le principal atout de cet événement. « Le règlement arbitral est conçu de telle sorte que chaque combattant, quelle que soit sa discipline de prédilection, a sa chance ! C’est un règlement évolutif et pertinent puisqu’il est pensé pour être le plus cohérent en fonction de l’âge et de l’épreuve choisie, en contact ou en semi-contact. Tout le monde s’y retrouve, tout en gardant son identité puisque chacun combat dans sa tenue habituelle. »

Le second atout de cette compétition tient pour lui dans son organisation. « C’est une remarque que j’aurais pu faire pour les autres compétitions nationales auxquelles nous avons participé : le décalage des pesées, l’investissement dans du matériel – cages et rings notamment, un nombre important d’arbitres. Tout est fait pour que cette journée se déroule dans des conditions optimales qui mettent en valeur les athlètes. » Deux thématiques sur lesquelles Mohamed Messadaoui estime tout de même qu’il y a encore à faire. « Le règlement arrive presque à maturité. Néanmoins, nous réfléchissons à autoriser les low-kick à partir des benjamins mais aussi à mettre en place plus de surfaces de combat dès l’année prochaine. »

Une sélection régionale ?

Responsable de la commission karaté contact au sein de la ligue de la Réunion, Jacky Meslin, s’il se montrait lui aussi heureux du résultat de ses ouailles – huit podiums dont deux titres pour un benjamin masculin et une junior féminine – s’interrogeait néanmoins sur la multiplication des compétitions. « Peut-être est-ce lié à notre situation particulière qui nécessite, pour participer à des compétitions en métropole, des investissements coûteux, mais je pense qu’il va falloir faire très attention à l’avenir à bien choisir les dates des compétitions interdisciplinaires de contact afin que les combattants ne choisissent pas entre l’une ou l’autre. Il ne faudrait pas déshabiller Paul pour habiller Jacques. De même, je pense qu’avec la croissance du nombre de participants cette année, il faudrait peut-être réfléchir à des compétitions sélectives régionales pour ces championnats de France, comme cela se fait en karaté traditionnel. » Reste que Jacky Meslin saluait lui aussi la logistique fédérale, au-delà d’ailleurs de cet événement. « Je parle à l’échelle de la Réunion mais le fait que de nombreuses disciplines de contact soient dans le giron fédéral est une énorme plus-value pour nous : la rigueur de l’organisation, les investissements possibles – nous allons acquérir un octogone d’ici peu – et les compétences arbitrales au sein de notre fédération font que les licenciés qui ont “goûté” aux compétitions organisées par la FFKaraté restent en son sein. »
Prochain rendez-vous pour la discipline ? La K-Boxing Cup le 11 juin à Chantilly (Oise).