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05 août 2022

5 août 2021 : et Steven Da Costa devint champion olympique…

France Karaté

8h – Réveil au village

« Je me lève à 8h car je combattais tôt le matin. J’essaie de garder la même routine que d’habitude, c’est-à-dire ne pas manger (rires). J’ai bien dormi mais forcément je cogitais pas mal donc j’ai essayé de me changer les esprits en regardant un film et là j’ai réussi à m’endormir. Par contre, cela faisait déjà deux-trois jours que j’avais coupé tous mes réseaux sociaux car je sentais la pression monter et je ne voulais pas me faire happé par cette dynamique. Je ne parlais plus qu’à mes proches, mes frères et mes parents. »

11h – Arrivée au Budokan Nippon

« J’arrive au Budokan (le lieu de la compétition, NDLR) 1h30 avant le début de ma compétition et c’est à ce moment que je fais complétement le vide. Je ne suis pas les kata pour bien rester focus sur ce que j’ai à faire et de toute façon, dès que nous sommes arrivés dans la salle de chauffe, nous n’avons plus accès à la salle de compétition. Depuis mon départ du village jusqu’à la fin de mon échauffement, j’écoute de la musique comme à chaque fois pour me mettre en condition. Dès mon arrivée, je coupe toute communication avec l’extérieur et de toute façon, il était 4h du matin en France (rires). »

12h31 – Combat contre Hamoon Derafshipour

« Premier tour compliqué car c’est un Iranien que j’ai combattu plusieurs fois, notamment en demi-finales des championnats du monde en 2018 à Madrid. Je savais que c’était un vrai client, surtout qu’il est super grand pour notre catégorie. Je gagne 4-0 donc je sors plutôt content de mon combat car à ce moment-là, selon moi, je pensais qu’il était l’adversaire le plus compliqué à manœuvrer dans ma poule. »

13h02 – Combat contre Abdel Rahman Almasatfa

« Sur ce combat, je passe mon temps à courir après le score et lui à chaque fois, il me contre avec sa jambe avant. Donc c’est simple : à chaque point que je marque, il en marque aussi et il arrive à recreuser l’écart. C’est un combat mitigé, avec un score qui ne reflète pas forcément le combat (défaite 7-4, NDLR) car je me livre pour aller chercher des points à la fin mais je me fais contrer. Après, j’étais dans une position particulière où je savais qu’avec ce format de poule et l’existence du match nul, beaucoup de mes adversaires allaient fermer le « jeu » pour limiter la casse. Les arbitres favorisaient tout de même les attaques en comptant beaucoup de points. Je voulais prendre des risques sur ce match en me disant que j’avais un joker en poule : bizarrement, ce n’est pas un combat qui a plombé ma compétition. »

13h44 – Combat contre Kalvis Kalnins

« Un gros score qui ne reflète pas lui aussi le combat (victoire 11-2, NDLR) et je ne suis pas pleinement satisfait de mon karaté. Je me remets un peu dans le bataille, je parviens à sortir mes techniques de jambes comme j’aime mais je sais que c’est un peu plus facile pour moi car c’est un -60kg en face et qu’il est moins habitué à affronter ce genre de techniques. Donc oui, je claque un gros score mais je sors du tatami pas tout à fait rassasié et encore à la recherche d’un combat bien mené. »

14h07 – Combat contre Andres Madera Delgado

« Je l’avais déjà affronté mais cela remontait à plusieurs années (finale Premier League à Rotterdam en 2017, NDLR), nous l’avions pas revu depuis un moment. C’est un karatéka bagarreur, tapeur et cela se confirme vite avec un premier coup de poing qui me sonne. En plus, il continue de me rendre le combat difficile alors que lui est sûr de sortir de la poule, mais tu sentais qu’il voulait vraiment jouer son va-tout contre moi. Je marque en milieu de combat et derrière, je verrouille. Je ne prends pas de risques car c’était la qualification en demi-finale qui se jouait, donc au moins la médaille assurée. »

Crédit photo : Xavier Servolle

15h – Retour au village olympique

« Avec trois ou quatre heures de pause, je suis un des seuls athlètes de la compétition qui est rentré au village à la fin des poules. Je rentre avec Gilles (Cherdieu) et Olivier (Beaudry) qui me forcent à aller manger alors que je ne voulais pas. Nous faisons un premier debrief mais je n’étais pas encore bien prêt à parler. Derrière, je regagne ma chambre et mon premier réflexe est d’appeler mon père. On s’embrouille un peu (rires) car nous n’avions pas la même vision de mes combats mais cela me fait du bien. En fait, en rentrant au village, je voulais couper pour me forcer à passer à une « seconde » journée. La première ne m’avait pas particulièrement plu et je voulais repartir sur de nouvelles bases. Quand je repars au Budokan, je n’ai qu’une seule pensée : maintenant que je suis assuré de la médaille, à moi de choisir la couleur. »

20h06 – Demi-finale contre Darkhan Assadilov

« Je suis vite mené car il me surprend. Je n’ai pas l’habitude de combattre des plus petits que moi et les distances m’ont surpris. Après, je me ressaisis et je savais que si je prenais les devants, j’avais de fortes chances de gagner. Je le teste sur quelques feintes, je le sens un peu léger au corps-à-corps et donc je décide de tenter un crochetage. Il tombe lentement, la tête de mon côté et j’arrive à finir au sol. Je reste tout de même concentré car il était en feu toute la matinée, c’était vraiment lui le plus fort de la catégorie. Il faut être honnête, c’était lui le favori, en tout cas c’était ce que tout le monde disait sur place. Mais sur la fin du combat, je continue d’être actif pour forcer la décision. Je mets un premier yoko, je sais que je lui fais mal mais les arbitres ne donnent pas le point et derrière, je le découpe avec un vrai yoko à cinq secondes de la fin. Il n’avait plus les ressources et il abandonne un peu : j’attends la fin du combat et je sais que je vais pouvoir jouer le titre. »

20h49 – Finale contre Eray Samdan

« Une finale, ça se gagne ! Je suis plus relâché, je monte avec beaucoup de détermination. En plus, j’étais sûr qu’Eray allait remporter sa demi-finale contre le Jordanien, je l’avais même dit à Olivier en salle de chauffe. C’est un gars que j’aime beaucoup, qui est toujours bien placé, qui va vite et qui se donne beaucoup. Mais en fin de compte, c’est ce genre de profil que j’aime combattre : j’aime qu’on vienne me chercher, qu’on vienne « à la baston » contre moi et je savais que ce serait ce type de combat pour une finale olympique. Je prends les devants rapidement et derrière, je sens qu’il n’a pas les solutions pour trouver la faille. Le mawashi au corps lui fait mal et j’attends l’ouverture pour finalement conclure avec un ura pleine tête. Là, j’explose de joie et je sais que c’est dans la poche : je suis champion olympique ! »

21h30 – Podium

« Je crois qu’on attend une heure pour le podium mais à partir de ce moment-là, je n’ai plus aucun souvenir. Le téléphone n’arrête pas de sonner, je ne mesure pas encore ce qu’il se passe. Je monte sur le podium, je suis vidé, lessivé mais instinctivement, j’enlève le masque pour les photos alors que c’était interdit. Je voulais vraiment une belle photo pour immortaliser ce moment (rires) ! »

22h30 – Retour au village

« Tout s’enchaîne, j’ai quelques flashs de certaines scènes mais c’est très, très vague dans ma tête. J’enchaîne visios après visios pour répondre à la presse au Club France. On essaye de m’apporter quelques trucs à grignoter mais je n’ai même pas le temps réellement de manger ! Je rentre dans ma chambre à 2h du matin mais impossible de trouver le sommeil… j’arrive quand même à m’endormir quelques heures mais je suis déjà réveillé à 6h du matin. Le téléphone s’éteint tous les quarts d’heure, je reçois des centaines et des centaines de messages mais impossible de répondre à tout le monde.

Plus globalement, l’après-Jeux est tellement fou que je me mets une semaine à m’en remettre, à revenir sur terre et à reprendre mes esprits, c’était dingue ! Cette journée du 5 août a changé ma vie d’une certaine façon. J’ai connu un pic de notoriété si fort que tu as l’impression de rentrer dans une nouvelle sphère, un cercle très fermé des champions olympiques français. Les gens te prennent différemment mais à côté de cela, ma vie en elle-même n’a pas tant changé et cela me convient parfaitement. »

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