
Paris Open Karaté – Jour 3 : Thalya dans la lumière
Cet Open de Paris 2024, de retour dans le format « Premier League », est finalement dominé par le Japon en kata et l’Égypte en combat, alors que la jeune Française Thalya Sombe emporte sa première médaille d’or à ce niveau.
Pour le public de Coubertin, c’était évidemment l’attraction des finales. La jeune Thalya Sombe, vingt ans, championne du monde espoirs il y a peu et « tombeuse » en demi-finale de la leader française Alizée Agier, allait-elle convertir l’essai du premier coup ? C’était en effet une première : son premier « Premier League », ici à Paris, après une série de belles performances en « Series A », suffisamment nombreuses pour l’avoir propulsée dans le top dix mondial seniors, elle qui est toujours espoir. Face à elle en finale des -68kg, un mystère. Une combattante quasiment inexistante sur les tablettes de cette catégorie, une Iranienne au nom impossible pour le public de Paris, Mobina Heydariozomcheloe, vingt-deux ans, médaillé continentale espoir en 2022 et titulaire seniors dans l’équipe en 2023. Un profil à faire peur, par manque de repères, une impression renforcée par une attitude toute en confiance de cette combattante prenant le combat à son compte, toujours prête à sortir un fluide ura ou un kizami abrupt.
C’est d’ailleurs sur une longe attaque en pointe qu’elle marquait le premier point. Le coin français réclamait un contre, mais n’était pas suivi. L’échange suivant valait cette fois un partage de points. Ce n’est qu’à l’entrée des trente dernières secondes que Thalya Sombe réussissait à passer sous le bras de l’Iranienne pour un gyaku-tsuki au visage qui la ramenait à égalité. Elle récidivait quelques secondes plus tard en se dégageant d’un corps-à-corps pour trouver la cible et mener pour la première fois à vingt secondes de la fin. Mobina Heydariozomcheloe cherchait le coup dur, lançant les jambes et les bras à l’attaque, mais c’est la Française qui marquait un joli dernier point, impeccable à six secondes de la fin sous la pression. Mission accomplie.
C’est l’or pour une première participation avec, à son « tableau de chasse » du week-end, la Suissesse Quirici et la Française Agier, deux médaillées mondiales 2023 à Budapest. Thalya Sombe a passé à Paris son examen de très haut niveau et elle est parvenue, c’est peu de le dire, à se mettre en lumière.
Japon et Égypte en mode majeur
Le public connaisseur aura beaucoup applaudi les finalistes, en particulier sans doute l’espoir marocain de vingt ans, Said Oubaya, extrêmement brillant face à l’ancienne gloire italienne Luca Maresca, champion d’Europe en 2015, et totalement débordé par la vivacité de son cadet de dix ans, qui concluait à quinze secondes de la fin par un 9-1 qui augure de belles campagnes en perspective, dans cette catégorie des -67kg qui intéresse tant les Français.
Ils étaient quelques pays à pouvoir prétendre à deux médailles d’or ce dimanche : Iran, Ukraine, Turquie… ils n’en ramèneront qu’une seule, laissant la plus belle part aux deux nations les plus représentées en finale : le Japon avec ses six finalistes – dont quatre en kata – et l’Égypte avec deux combattants et une combattante. Le Japon sortait en tête de la table des médailles avec deux prestations brillantes en kata, notamment celle de Kakeru Nishiyama, un faux air du champion olympique Ryo Kiyuna et numéro un japonais et désormais mondial du kata masculin. Il écartait son compatriote Ryuji Moto avec un « papuren » tout en majesté et en puissance, qui était noté à 45.1 ! Avec une médaille d’or de plus obtenue par l’un de ses deux finalistes combat, la jeune Airi Shima en -55kg, le Japon s’assurait d’être intouchable avec ses trois médailles d’or, trois d’argent et deux médailles de bronze, une jolie moisson parisienne. L’Égypte marquait néanmoins aussi les esprits en emportant les deux finales masculines dans lesquelles elle était engagée, avec deux magnifiques combattants tout en sobriété, calme et précision, le champion du monde des -75kg Abdalla Abdelaziz et le vice champion du monde des lourds (battu à Budapest par un certain Mehdi Filali), Taha Mahmoud, qui sortait victorieux aujourd’hui en finale des +84kg d’une bataille superbe contre l’espoir bosniaque de dix-neuf ans Anes Bostandzic. L’aîné, le champion du monde Abdalla Abdelaziz, n’a que vingt-quatre ans. Décidément, la jeunesse était à Paris pour briller.