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Nanbudo : perpétuer l’esprit et le style

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Si la disparition de Yoshinao Nanbu au printemps 2020 a logiquement touché ses élèves, ces derniers font preuve d’une résilience remarquable. Leur souhait ? Perpétuer l’héritage légué par le fondateur du nanbudo mais également initier de nouvelles dynamiques d’évolution. Tous ont rendez-vous les 10 et 11 décembre prochains.

Le rendez-vous sera symbolique et, à n’en pas douter, chargé d’émotions. Les 10 et 11 décembre prochains, à Bagneux, en première couronne parisienne, la famille du nanbudo se retrouvera pour le stage de la zone nord. Directrice technique du club qui accueillera ce stage, Isabelle Amiel, sixième dan et experte fédérale, revient sur les caractéristiques principales de celui qui fut l’un des premiers karatékas japonais à venir en France. « Le nanbudo a pour ADN des esquives systématiques, une forme de travail circulaire et des balayages tournants. Au-delà, Yoshinao Nanbu travailla de son vivant à une constante évolution du style. Une volonté forte que nous souhaitons perpétuer, mais sur un mode collectif. »

Première piste de développement ? La communication. Lucide, Isabelle Amiel dresse constat clair et évoque quelques initiatives souhaitées à court ou moyen terme. « Notre volonté est que le nanbudo gagne en visibilité. Le fondateur bénéficiait d’une forte notoriété et sans doute n’avons-nous pas fait les efforts suffisants auprès des autres styles pour des échanges fructueux. Il faut le reconnaître : nous étions dans l’entre-soi. Pour gommer cela, nous travaillons sur l’idée d’une courte vidéo présentant notre style. De même, souhaitons-nous récréer l’identité de notre page web sur le site fédéral. Enfin, il nous apparaît essentiel de mieux faire savoir aux pratiquants des autres styles qu’ils sont évidemment les bienvenus sur nos événements. Il ne s’agit pas d’essayer de les convertir (sourire), mais de s’enrichir, mutuellement. » Dans la même veine, Serge Salvai, professeur au sein de l’UMS Dojo Bunkai à Marseille et cinquième dan, relaie le souhait collectif de voir le nanbudo participer aux stages interstyles pour le printemps 2023. « On connaît Yoshinao Nanbu. Mais pas forcément le nanbudo, sa gestuelle ample et complexe et son travail sur l’énergie. »

Redynamiser l’école des cadres

Coordonnatrice de la commission nationale de nanbudo, Fabienne David, qui animera le stage des 11 et 12 décembre avec son mari Gabriel – tous deux cinquième dan et professeurs au Neko Nanbudo Club à Cachan – analyse ce début de saison comme un moment charnière suite à l’héritage qu’ils doivent assumer. « Nous nous rassurons par le collectif », explique-t-elle, avant de présenter deux autres des grands axes de développement pour la discipline. « Le premier passera par une redynamisation de la formation des cadres. Concrètement, l’idée est de multiplier les stages où une place particulière sera faite aux enseignants. La saison dernière, nous avons pu en mettre un en place. Cette saison, il y en aura quatre, au programme. Un premier réservé aux professeurs a déjà eu lieu les 15 et 16 octobre à Marseille. Les prochains seront ouverts à tous : celui du 11 décembre à Bagneux, et un autre est programmé le 3 juin à Crest, dans la Drôme. Enfin, un stage international aura lieu les 15 et 16 avril à Montpellier. Lors de chacun d’eux, des temps dédiés à la formation des professeurs ont été bloqués. L’autre axe qui nous paraît pertinent est celui des compétitions, en priorité au niveau local et régional. Voilà pourquoi nous voulons organiser deux événements dans chaque zone, nord et sud, des mini-poussins aux seniors, ainsi que des interclubs. »

Compétitions internationales amicales

Des belles ambitions au niveau national mais aussi des projets à l’échelle l’internationale. Mis en place en 2016 et piloté par un groupe de quatre personnes (le Croate Leo Rafolt, l’Espagnol Mariano Carrasco, le Français Serge Salvai et le directeur technique international Stéphane Carel), le nanbudo à l’échelle planétaire voit loin. « Notre discipline est présente dans une dizaine de pays européens et dans quatre pays africains, au Cameroun, au Sénégal, au Maroc et en Côte d’Ivoire. Notre souhait est de multiplier les stages internationaux, pour en proposer une dizaine par an. Pour cette saison, nous travaillons à la mise en place d’une compétition internationale amicale et d’une compétition continentale en Afrique. »

Intime de Yoshinao Nanbu, Stéphane Carel, sixième dan et expert fédéral, révèle, une dernière source d’évolution. Un travail sur le long terme mais à l’intérêt considérable. « Yoshinao Nanbu a laissé derrière lui une littérature japonaise abondante avec des cartons entiers, aussi bien au Japon qu’en France ! Des écrits difficiles à traduire mais qui vont nous offrir tout un tas de nouveaux exercices, notamment dans le domaine énergétique. Nous avons commencé à diffuser ces trésors en 2016, avec lui, sous forme de petits livres techniques et philosophiques. C’était son souhait. Nous en poursuivons la publication. Le cinquième ouvrage devrait sortir prochainement. Ils constituent un formidable outil de diffusion de son enseignement en complément de la pratique au dojo. » Le maître nous avait confié cette jolie analogie il y a quelques années : « Quelqu’un m’a dit un jour que, pour la vie, il faudrait avoir une carte. Être comme un voyageur, avoir un but précis, un itinéraire choisi. Le karaté représente cela, il est la carte de la vie. Quand on pratique, on apprend quel est son objectif et les étapes intermédiaires à franchir. On développe les qualités d’un voyageur, on se connaît mieux. Comme avec une carte, on peut appliquer cette expérience des arts martiaux à l’existence tout entière. Se donner un but, choisir son chemin, les étapes à atteindre. » Le message a été entendu et bien compris par ses élèves.

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