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Kansho Uechi, un héritage à transmettre

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Actuel soke (« grand maître ») du uechi-ryu, courant fondé par son arrière-grand-père, et de passage en France fin mai, Kansho Uechi a accepté de replonger dans les origines et les spécificités de cet héritage, qu’il entend transmettre dans le plus pur respect de la tradition.

Le uechi-ryu a-t-il toujours fait partie intégrante de votre vie ?
Indéniablement. Mes premiers souvenirs remontent à loin, très loin même. Quand j’étais enfant, je regardais avec envie mon père et mon grand-père lorsqu’ils s’entraînaient dans notre dojo, situé à Okinawa. J’observais leur dos, marqué par l’effort, et, assez curieusement, c’est cela qui m’a motivé à pratiquer à mon tour. J’ai très vite senti cette volonté d’assurer la continuité de notre enseignement. J’ai eu la chance inestimable de côtoyer mon grand-père, Kanei, pendant un certain temps. C’est d’ailleurs lui qui m’a initié à la discipline, à partir de l’âge de huit ans. Il m’a formé durant trois années. C’est ensuite avec mon père, Kanmei, que je me suis perfectionné.

Quelles sont les origines de votre courant ?
Peu de gens le savent, mais le style uechi-ryu plonge ses racines en Chine. Kanbun, mon arrière-grand-père, s’y est rendu à l’âge de vingt ans, afin de ne pas avoir à effectuer son service national et, aussi, pour s’initier aux arts martiaux. Il y a rencontré Shu Shi Wa, un grand maître chinois qui l’a formé au pangaï-noon (école de boxe chinoise, NDLR) avant de l’autoriser à enseigner à son tour. Lorsqu’il est revenu à Okinawa, Kanbun s’est d’abord contenté de s’occuper de sa ferme pendant de longues années, puis s’est finalement résolu à ouvrir un dojo. C’était en 1932, et c’est ainsi que notre école est née.

Quelles sont les spécificités techniques de cette école ?
Nous mettons l’accent sur trois katas, qui forment véritablement la clé de voûte de notre structure : seisan, sanseiryu et, surtout, sanchin. Nous insistons notamment sur l’importance du travail de renforcement, qui est primordial. Notre courant se distingue également des autres par l’usage de la pointe des doigts et des orteils, que nous considérons comme des armes à part entière. Certaines de ces attaques spécifiques sont interdites en compétition, car jugées trop dangereuses, mais d’autres aspects de notre enseignement peuvent s’avérer très utiles pour les combattants, à l’instar des techniques de frappes dans les jambes.

En tant que soke, quelle est la valeur cardinale sur laquelle vos insistez auprès de vos élèves ?
Difficile, pour moi, d’isoler une valeur plutôt qu’une autre… Il existe néanmoins un élément sur lequel je ne transige pas, à savoir le « reigi ». Autrement dit l’étiquette, la courtoisie. Quand on entre dans le dojo, il faut saluer. Quand on sort, il faut aussi saluer. Ce salut doit s’adresser au lieu, au maître, aux autres élèves. C’est une attitude que je souhaite absolument transmettre au plus grand nombre.

Cela a-t-il été respecté lors du stage que vous avez dirigé à Maisons-Laffitte ?
Notre stage s’est déroulé dans un gymnase somme toute assez classique mais, de mon point de vue, nous devions autant respecter cet endroit que s’il s’agissait d’un dojo traditionnel et chargé d’histoire. Par curiosité, j’ai longuement observé l’attitude des élèves, en particulier lorsqu’ils ont mis les pieds sur le tapis. J’ai constaté que tous n’avaient pas la même perception de la dimension de ce lieu. Ce n’est pas une critique, mais j’estime que la reconnaissance envers le lieu et les partenaires doit rester identique, quelles que soient les conditions spatiales et temporelles.

Votre fils aîné, Kanichiro, est venu en France avec vous. Le futur soke, ce sera donc lui…
Oui, mon fils nous a accompagnés, mon frère (Kanyu) et moi. J’en suis très fier, car ce sera à lui que je passerai le témoin. Dans plusieurs années, Kanichiro sera, à son tour, le soke du courant uechi-ryu. Ce que j’espère avant tout, c’est qu’il aura l’envie de tenir ce rôle, de s’améliorer et d’aider les autres à progresser. Il ne devra pas être un soke contraint, mais un soke heureux et honoré de transmettre notre art héréditaire.

Raphaël Brosse / Sen No Sen

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