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Francis Didier : « La vie associative doit perdurer, car elle est essentielle »

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Alors que le mois de septembre, décisif pour la rentrée des clubs, est encore très perturbé par la crise sanitaire, le Président Francis Didier nous livre sa vision de la période, en affirmant la nécessité vitale de rester optimiste.

Comment se passe la rentrée pour la FFK ?
Nous sommes soumis aux mêmes contraintes que les autres grandes fédérations sportives avec les mêmes difficultés à prévoir. Il faut savoir que le turn-over habituel est autour de 60/40. C’est-à-dire 60 % de base forte et 40 % de nouveaux venus. En ce début d’année, on voit que la base est volontaire, montre beaucoup d’envie de reprendre son activité, les autres sont touchés par l’anxiété générale et ne se présentent pas forcément dans les clubs. Certains se disent qu’ils vont attendre un peu pour voir comment les choses évoluent, les autres subissent l’impact économique après le chômage partiel, les vacances, et repoussent leur retour au dojo. C’est une tendance générale.

La FFK est-elle plus ou moins impactée que d’autres fédérations ?
On le comprend bien, certaines disciplines sont moins dépendantes de la situation que nous. Moins sensibles à la dimension économique notamment, et moins touchées par l’anxiété générale. On peut penser au activités en plein air par exemple. De plus, nos pratiques martiales sont très dépendantes des municipalités qui décident chacune de ce qu’elles font avec les salles, les vestiaires, où les dates de reprise. Beaucoup de clubs ont dû faire face à des décisions extrêmement préjudiciables à leur activité, comme le recul d’ouverture de leurs salles sans date précise de reprise.

« Avec cette crise, nous revisitons
notre propre modèle »

Doit-on être pessimiste pour l’avenir ?
Je pense tout l’inverse. Même si la période est difficile et ponctuellement encore bloquée pour certains clubs, il faut voir les choses comme elles sont : les sports de contact ont repris globalement sans restriction, sauf au niveau de l’utilisation des vestiaires, ce sont les faits. Aujourd’hui, nous sommes autorisés à une pratique quasi « normale » de nos activités, et on peut considérer que, dans l’ambiance actuelle, c’est une excellente nouvelle dont il faut se féliciter tous les jours. La seule chose qu’il faut continuer à gérer, ce sont les nouvelles exigences en termes d’hygiène, la remise en place d’enjeux que nous connaissons bien.

La distanciation sociale, ce n’est pas tellement dans la mentalité des sports de combat…
Nous avons heureusement le droit de pratiquer normalement, et sans masque sur le tapis. Les enjeux dont je parle ce sont ceux de l’hygiène que nous avons toujours connus, c’est-à-dire monter sur le tapis dans le respect des lieux et des partenaires avec une tenue lavée, des pieds propres, des mains propres, pas d’infection. Ce rappel fort, j’ai tendance à le considérer comme une bonne chose, et c’est ce que nous sommes censés mettre en place et préconiser depuis que nous avons ramené d’Orient les arts martiaux. En Asie, au Japon en particulier, l’hygiène est un enjeu social, il y a une dimension proprement spirituelle. Par exemple, ce fameux masque qui était inexistant chez nous, nous avons toujours vu les Japonais le porter, non pas pour se protéger eux-mêmes, mais pour protéger les autres. Une petite toux, je porte un masque.

« Il faut rester optimiste et vigilant,
comme pour un combat »

Il y a du positif dans cette pandémie ?
Ne jouons pas sur les mots, mais dans les crises, il y a toujours quelque chose à considérer sous un angle positif. Nous revisitons un peu notre propre modèle et ce n’est pas un mal sur ce plan très précis. La dimension intrusive, trop désinvolte, cette façon qu’ont certains de serrer les mains à tout le monde s’en être à ce qu’ils font, sans voir s’ils dérangent, et sans se poser la question de leur hygiène, ce n’est pas très sain, pas très poli en fait, pas très « Budo ». La transmission virale chez nous est un fait de société. Avant le Covid, il y avait déjà des virus respiratoires, des bactéries, des champignons… L’hygiène, c’est de la civilisation. Alors, que nous en revenions avec un peu de concentration à nos fondamentaux, les ongles coupés et l’hygiène pour éviter toutes transmissions indésirables, oui, on peut dire que ce n’est pas un mal. La prophylaxie a changé le monde.

Néanmoins la situation est difficile et des craintes persistent sur la façon dont nous pouvons continuer à proposer nos pratiques…
C’est vrai. Il va falloir laisser du temps au temps, permettre à la société de s’habituer à la donnée nouvelle. Nous devons être dans une logique d’accompagnement de cette réalité perturbée. Je crois fermement que les confinements, les restrictions majeures sont derrière nous. Car la vie en société doit continuer, bon an, mal an. Rien n’est tout à fait reparti « comme avant », mais nous comprenons tous qu’il faut vivre avec, tant que c’est là. L’absence de vestiaire, au fond, ce n’est pas la catastrophe. Dans le temps, nous n’en avions pas à notre disposition, et cela ne nous manquait pas vraiment. On se douchait à la maison par exemple. Les freins actuels, les difficultés, ne doivent pas nous rendre anxieux, comme si toute notre vie était bouleversée. Il faut réfléchir personnellement à tout ça. Il faut rester optimiste et vigilant, comme pour un combat. Ce que nous savons tous, ce qui nous guide, c’est que la vie associative doit perdurer, car elle est essentielle.

Quelles sont les perspectives de reprise internationale ?
C’est là qu’est la plus grosse difficulté. Toutes les mesures imposées, la jauge, un siège sur deux, les protocoles, rendent l’organisation difficile, mais pas impossible au niveau national. Mais on ne peut pas faire un championnat d’Europe ou du monde avec les seuls dix pays potentiellement capables de déplacer des équipes aujourd’hui. Les problèmes de transport, de quarantaine, de fermeture de frontières ou de risque de fermeture, on le voit bien, rend tout cela ingérable. Je ne m’en occupe pas personnellement pour le karaté, mais tous les sports qui ont affiché leur volontarisme repoussent les dates les uns après les autres. Nous voulions faire une rencontre amicale avec les Anglais, mais ils n’ont pas retiré la quatorzaine et c’est donc impossible. Nous ne savons évidemment pas quand tout cela va évoluer enfin positivement. Pour les Jeux, il y a une incertitude, c’est l’évidence. Le CIO vient d’annoncer avec assurance que, « avec ou sans Covid, les Jeux se feront ». Mais comment ? Avec public ? Sans ? Avec quel protocole sanitaire ? Ce sont des questions sans réponse aujourd’hui.

Un dernier message à l’attention des clubs et des licenciés ?
À voir l’implication et la motivation des clubs en cette reprise, je ne peux qu’être optimiste malgré le contexte que nous savons difficile. C’est en continuant d’avancer de la sorte, unis tous ensemble, que l’esprit convivial et familial qui caractérise notre fédération perdurera.

Propos recueillis par Emmanuel Charlot/Sen No Sen
Photo : ASPTT Lille / Templemars Karaté Club

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