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Des dojos aux réseaux

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À l’instar des enseignants qui tentent d’assurer la continuité pédagogique auprès de leurs élèves, les clubs de karaté ont bien pris conscience de leur rôle social durant cette période de confinement. Ou comment maintenir le lien malgré la distance…

Outils de plus en plus privilégiés dans la communication des associations sportives auprès de leurs licenciés, les réseaux sociaux ont revêtu une nouvelle dimension depuis le 17 mars dernier et l’annonce du début du confinement de la population pour endiguer la propagation du coronavirus Covid-19. « Avec nos 210 élèves ainsi éparpillés dans la nature, nous nous sommes vite posé la question de ce que nous allions pouvoir leur proposer durant cette période particulière, présente Michel Massarin, professeur et président du KC Le Vernet en Haute-Garonne. Déjà prêtes pour un autre projet, nous avons alors commencé à diffuser les séances filmées de notre professeur de Qi Gong, avant d’élargir suivant les compétences de chacun. Aujourd’hui, nous tournons à plusieurs vidéos par jour, avec des exercices différents à chaque fois, et des kihons sur lesquels nos adhérents doivent indiquer les différentes positions. »

La solidarité en action
Un pas également franchi du côté de Colombes (Hauts-de-Seine) par Antonio Guerrero, cinquième dan shotokan. « J’avais cette envie de produire du contenu vidéo depuis déjà quelque temps, et je me suis lancé en voyant que nous allions passer du temps chez nous. Des mails et des SMS pour prévenir tout le monde et c’était parti pour les premiers cours en direct, en essayant de trouver les horaires les plus compatibles avec le télétravail des uns et les devoirs des autres. Nous sommes vite arrivés à plus de vingt élèves connectés en même temps, avec la possibilité de prendre des nouvelles avant et après la séance de trois quarts d’heure. Derrière, avec un peu de montage pour ajouter quelques explications, les vidéos sont accessibles en replay. »

Sécuriser et accompagner
Pas question pour autant de brader la technique et la posture, comme le confesse Fabien Latapie, quatrième dang d’arts martiaux vietnamiens et enseignant de l’école Vo Song Long d’Auray (Morbihan). « Même si nous ne pouvons pas corriger nos élèves que nous ne voyons pas en action, nous insistons sur les consignes et le rythme car nous savons ce sur quoi nous devons être d’ordinaire vigilants lors des cours classiques. Et comme en présentiel, les séances débutent par un échauffement, pour veiller à ce que tout le monde reste dans le mouvement en toute sécurité. » Un enjeu aussi pointé dans le Pas-de-Calais par Mehdi Mimoune, instructeur au KC Dourgeois et par ailleurs professeur des écoles. « À travers les défis katas que nous lançons, c’est l’occasion de faire des retours personnalisés, en misant aussi sur l’auto-confrontation de l’élève face à sa vidéo. Nous sommes davantage dans l’accompagnement du fait de la distance, mais cela permet d’entretenir la motivation, en attendant de poursuivre le perfectionnement quand nous serons de retour au club. » Face à cette situation sans précédent, c’est également l’occasion rêvée de prendre le temps avec un public qui en dispose plus que d’ordinaire. « Alors que les gens veulent souvent aller vite et se focalisent sur la finalité des techniques, c’est l’opportunité de revenir dans le détail sur les bases », apprécie Jérôme Aberbour, président et professeur du KC Multi-disciplines de Maisse (Essonne). 

Pour tous les publics
Si les premières initiatives ont plus largement concerné les cours ados/adultes, avec de la révision de katas ou des circuits de préparation physique, les plus jeunes n’ont pas non plus été oubliés. « Tout le monde a le droit à son exutoire par rapport à l’enfermement, abonde le troisième dan bâton self-défense. Alors que les grands, lancés dans la saison, connaissent bien les attendus de chaque exercice, il faut bien décortiquer les techniques pour les baby karatékas et les débutants, en passant par le jeu et en se servant de ce que les gens possèdent chez eux pour pouvoir apprendre convenablement. Un oreiller devient ainsi une patte d’ours, et une taie de traversin peut faire office de TRX. » Sans oublier les concours de dessin et les quiz liés au karaté, qui constituent autant de façons d’entretenir la flamme pendant le confinement. « Certains parents avaient peur que leurs enfants perdent le rayon de soleil que constituait leur cours hebdomadaire de karaté, ils peuvent ainsi constater que ce n’est pas le cas, renchérit Mehdi Mimoune. Peut-être même encore plus concrètement que lorsqu’ils attendent au bord du tapis. »

Intégrer et intriguer les parents
Faute de contact direct, les éducateurs s’en remettent volontiers aux parents pour assurer la transmission de leur enseignement. « Nous avons remarqué que leur implication était croissante par rapport à d’habitude, constate Michel Massarin. Ils adhèrent à notre projet d’animer ces journées qui peuvent parfois être longues en ce moment, et deviennent volontiers partenaires sur les exercices qui ne sont pas réalisables en solitaire. Certains parents de karatékas demandent également les liens vers les autres disciplines que nous proposons au club, et peut-être que nous en verrons quelques-uns venir au dojo une fois que tout sera rentré dans l’ordre. » Un supplément de visibilité qui, à défaut d’être l’objectif prioritaire de toutes ces interactions créées depuis un mois, est vu d’un bon œil dans les clubs les plus actifs. La reprise n’en sera que plus belle…

Antoine Frandeboeuf / Sen No Sen

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