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Clubs : le plaisir retrouvé (Épisode 1)

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Un peu partout en France et dès que ça a été possible, les clubs ont relancé l’activité en extérieur. En Seine-Maritime, dans le Var ou le Finistère, le lien, jamais rompu a donné lieu à des cours enthousiastes et ensoleillés. Avec un mot d’ordre : l’été sera karaté et disciplines associées.

« Kihon, ippon kumité, déplacements… En travaillant en petits groupes pour respecter les consignes sanitaires, nous avons rassemblé près de cent pratiquants sur la journée entre 10h à 21h. Quel plaisir de se retrouver ! » Axel Joao, jeune professeur de l’AS Brignolles Karaté 83 était épuisé mercredi soir dernier à l’issue de la reprise « outdoor » de ce club de 180 licenciés du centre Var. Pas encore le grand tatami du vieux gymnase du centre-ville, mais un terrain synthétique clôturé mis à disposition par une municipalité qui lui fait confiance sur la base du travail sérieux entrepris depuis plusieurs années. « Circuit d’entrée et de sortie, masques, gel, zone de 6 m2 par enfant, serviettes pour désinfecter les cerceaux… Et puis, je me suis organisé, j’ai pris mon calepin pour inscrire les gens qui m’appellent. Nous avons travaillé à raison de neuf par cours, cinq pour les plus petits parce que c’est difficile de rester dans un cerceau pendant vingt-cinq minutes, qu’il faut les garder concentrés. Et cette reprise progressive m’a permis de m’aguerrir moi aussi. La prochaine fois, ils seront six ou sept ». Les parents ? « Beaucoup ont assisté aux cours derrière la main courante. Ici, de nombreux enfants n’ont pas repris l’école, mais ils viennent au karaté. Je sais que les parents me font confiance mais il faut évidemment être à la hauteur. En fait, ils sont plus curieux qu’inquiets. »

Quiz et visio ont payé
La première fois qu’ils se revoyaient tous, même si le lien est resté très fort depuis deux mois. « Nous avions mis en place un rendez-vous quotidien dès le début du confinement, de nombreux défis sur les réseaux sociaux, dont un quiz familial tous les jeudis soir autour du karaté, des défis, aussi, comme celui du coup de pied extinction de l’interrupteur – tout en contrôle bien sûr. Nous avons aussi invité, avec deux autres professeurs, Thomas Deglaire à Toulon et Alexandre Bouderbane à Marseille, Anne-Laure Florentin, Sophia Bouderbane ou encore Mehdi Filali sur nos cours, avec cinquante à soixante personnes à chaque fois en visio sur Zoom. Nous sommes restés actifs avec les trois assistants du club et cela nous a permis de rester en contact actif avec 70 % de nos licenciés. »

« Le plein air en mai, pas si mal ! »
À 1 000 km de là, au Havre, désormais plus grand club de France en termes de licenciés, David Tiennot et son équipe ont aussi porté une attention particulière à entretenir le lien et les échanges, en privilégiant les jeunes et deux actions spécifiques. « Nous avons mis en place des cours virtuels sur Zoom dès le début du confinement pour les enfants et les jeunes en priorité. Eux dans leur chambre, leur salle à manger, leur terrasse ou leur jardin moi au dojo en karategi puisque nous avons notre propre salle. Nous avons aussi maintenu la continuité via internet de deux actions prioritaires pour nous à destination des femmes victimes de violence et de femmes éloignées de l’emploi, deux publics fragiles dont il nous a semblé que nous ne devions surtout pas rompre le lien. Nous avons aussi tenté un cours adulte, mais c’était plus compliqué car nous n’arrêtions pas de nous interrompre. Ce qui importe, c’est que le contact a été conservé, et ce dès le 11 mars. Maintenant, on fait cours dehors, c’est sympa, ça change. Le plein air en mai, ce n’est pas si mal ! » Depuis la levée officielle du confinement, les licenciés sont invités à venir pratiquer sur une pelouse près des quais, où l’on travaille par groupes de dix.

Arnaud Tinel / Hans Lucas

Des cours cet été pour compenser
Dans son petit club de Tregunc, dans le Finistère, entre Concarneau et Pont-Aven, Gérard Sancéau affiche aussi un sourire rassuré devant son groupe « d’un âge avancé ». « Nous avons accusé le coup avec l’arrêt brutal, comme tout le monde, explique l’enseignant expérimenté de ce club de 45 licenciés créé il y a 5 ans. Alors, avoir cette perspective de redémarrer, au moins là, dans ce parc, ça fait un bien fou à tout le monde. Il y a beaucoup d’enthousiasme, il faut que je les freine les anciens (rires). Je crois que tout le monde est motivé pour finir la saison, avec sans doute un mois de juillet de cours. » « Nous allons proposer des séances et faire des stages tout l’été pour compenser, explique pour sa part David Tiennot. D’autant qu’il faut continuer à mobiliser les élèves, les enfants et les ados en particulier, aller chercher les autres, rester, finalement, dans cette dynamique que l’on a été contraint de créer. »

« Le club, c’est du lien »
Si les annonces gouvernementales de la semaine prochaine sont attendues avec impatience, chacun est en tout cas résolument positif : « Tous les petits gestes pour fidéliser nos licenciés paient en ce moment, résume David Tiennot. Nous allons, pour beaucoup, nous projeter sur les passages de grades, récompenser les attitudes aussi… Le club, c’est de la pratique mais aussi du lien, notamment pour les plus fragiles. L’éducation par le sport, les valeurs d’effort, de travail, de vivre ensemble, il ne faut pas oublier la force et l’importance de notre message. Nous sommes des combattants, il faut le montrer. » Axel Joao y voit aussi une période inédite qu’il faut traverser à distance mais avec cohésion : « Je suis dans l’attente du 2 juin, notamment pour savoir comment nous allons organiser les passages de grades. Mais dojo ou pas, il faut anticiper et j’ai déjà planifié les passages de ceintures entre le 8 et 21 juin avec des tatamis que la mairie va nous fournir et que nous pourrons installer dehors. Ce virus a tout bousculé, mais il faut regarder devant, essayer d’avoir un peu d’avance malgré le contexte. Cela fait partie de l’aventure collective que l’on vit ensemble. Il faut faire face. On s’en souviendra en bien dans quelques années. »

Olivier Remy / Sen No Sen

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