
Clubs : le plaisir retrouvé (Épisode 2)
Un peu partout en France et dès que cela a été possible, les clubs (voir le premier épisode ici) ont relancé l’activité en extérieur. Dans l’Oise, le Gard en Haute-Garonne comme en Hérault, le lien, jamais rompu, a donné lieu à des cours enthousiastes et ensoleillés. Avec un mot d’ordre : rester actif et montrer l’exemple à tous les niveaux.
Professeur du KC Vernet, une ville située à vingt-cinq kilomètres au sud de Toulouse, Michel Massarin se montre intarissable lorsqu’il s’agit d’évoquer la reprise de l’activité. « Nous pratiquons sur l’esplanade située devant la salle des fêtes de notre petit village de 2 600 habitants. Je touche du bois, mais la chance est avec nous depuis le début de la reprise : le beau temps est de la partie, ce qui nous permet d’assurer chaque semaine trois cours de body karaté, quatre de karaté adultes, cinq de karaté pour les enfants, trois de tai chi et deux de qi qong. » Dix-sept séances au total pour ce club de 210 licenciés qui s’est montré particulièrement actif durant le confinement. « Nous avons créé une page Facebook où nous proposions une vidéo hebdomadaire pour le qi qong, le tai chi et une vidéo quotidienne de karaté. L’idée ? Proposer pour nos jeunes karatékas des exercices ludiques, seul ou à deux, que les enfants pouvaient faire avec papa ou maman. » Depuis peu, ces derniers travaillent donc kihon, kata ou technique avec un enthousiasme évident. « Les retours de la part des parents sont très positifs. Beaucoup sont heureux de voir leurs enfants retrouver leurs copains, excités à l’idée de bouger à nouveau aussi. Du coup, nous avons décidé de poursuivre la saison jusqu’au 14 juillet, histoire de prolonger le plaisir de pratiquer à nouveau tous ensemble, même si cela reste en extérieur pour l’instant. »

Un succès inattendu
À 750 kilomètres plus au nord, Xavier Boré, cinquième dan et professeur du KC Chambly, doit faire à un succès inattendu. Le lieu de rendez-vous des karatékas camblysiens ? « Un parc de plein air, situé au cœur de la ville. » Un lieu central et très prisé depuis le déconfinement par les habitants de la commune isarienne. Du coup, les cours mis en place les mardis et jeudis par ce club d’une soixantaine d’adhérents attirent la curiosité ! « De plus en plus d’enfants qui viennent s’amuser dans ce parc nous demandent s’ils ne peuvent pas essayer et participer à notre cours. Nous acceptons évidemment avec plaisir et les intégrons donc à nos séances basées sur de la préparation physique légère, des jeux et des kihon. Il y a même certains parents de nos licenciés ! Eux s’initient plutôt au karaté défense ou au body karaté. On se retrouve donc actuellement avec des cours adultes d’une bonne quinzaine de personnes ! » Un club qui n’a pas chômé durant le confinement. « 80 % de nos pratiquants ont entre six et quatorze ans. Il fallait donc impérativement garder le lien. Avec notre groupe WhatsApp, nous avions mis en place deux défis par semaine, comme créer soi-même un petit morceau de kata, essayer d’effleurer le bouchon dévissé d’une bouteille avec un mawashi-geri ou réaliser le plus de gyaku tsuki en dix secondes. À côté, j’ai proposé des cours hebdomadaires, en m’imposant que chacun puisse travailler sur une surface de deux mètres carrés : kihon, déplacements, etc. » Le KC Chambly qui ne prendra pas de pause cet été, espérant surfer sur le succès de ses créneaux dans le part pour tenter d’attirer de nouveaux pratiquants à la rentrée.
« On se sert des poteaux de foot »
Retour dans le Sud avec Cédril Rouby et Gaspard Messina. Le premier, professeur cinquième dan de l’AKA Karaté Villeneuve-Les Angles est sur le point de partir donner ses deux cours quotidiens lorsqu’il relate avec bonheur le fait d’avoir retrouvé ses élèves depuis plus d’un mois. « Depuis le déconfinement, nous avons mis en place six groupes pour deux séances par jour du lundi au samedi. Sur nos 140 adhérents, une bonne quarantaine a repris. Les enfants ont deux cours par semaine, majoritairement à base de kihon. Pour les adultes, nous avons décidé de maintenir mais d’adapter les passages de grade. Comme les mairies de Villeneuve et des Angles ont décidé de ne pas rouvrir les dojos avant septembre, nous pratiquons sur un terrain de football. Pour les adultes, on se sert des poteaux des buts de foot pour travailler nos coups. On essaie d’optimiser au mieux notre lieu de pratique », glisse le fondateur du club qui fête ses dix-sept ans cette année.

Fixer un objectif
Le second, lui, enseigne dans le département limitrophe de l’Hérault, à Pignan, ville située à l’ouest de Montpellier. À ses 107 licenciés, le club a, dès le 22 mai dernier, proposé une reprise des cours sur le terrain de handball situé juste devant le dojo. « Les enfants révisent les bases en karatégi, chaussures de sport et avec masque, pour deux cours par semaine sous la direction de Chrystelle Lamarque, troisième dan. J’ai fait reprendre les adultes, en insistant sur les katas, en particulier le heian shodan. Je le détaille et nous le travaillons de manière progressive à chaque cours. Pour les ceintures marron, c’est une bonne façon de commencer à préparer le passage de grade. Mais il faut savoir que la majorité de nos pratiquants adultes recherchent surtout du bien-être et de l’activité physique. Une raison sans doute qui fait qu’après deux mois de confinement, avoir proposé une reprise dès que possible dans notre petite ville nous a valu beaucoup de retours très positifs. »

« Montrer l’exemple »
L’ESK Pignan a déjà programmé pour ses licenciés un passage de grade avant les fêtes de Noël. De quoi avoir un objectif à moyen terme. De son côté, Cédril Rouby compte prendre très peu de vacances. « Nous allons organiser deux stages de deux semaines, l’un en juillet l’autre en août. Durant le confinement, nous ne nous sommes pas vraiment arrêtés non plus puisque nous avons très vite proposé des vidéos de travail pour les enfants du club. Ma fille de six ans me servait de partenaire pour démontrer blocages, coups de poing et coups de pied. Des vidéos que nous avons relayées sur un maximum de réseaux sociaux, dont Facebook, Youtube et Instagram. Il n’y a pas de de secret : dans la période particulière que nous vivons, il faut être réactif pour garder nos jeunes motivés, et montrer l’exemple. En termes de rigueur sanitaire mais aussi d’engagement. »