
Championnats d’Europe seniors : le collectif au centre
Dans le sillage de la victoire de l’équipe masculine l’an passé en Turquie, l’encadrement national compte enfoncer le clou avec ses deux groupes combat à la fin du mois à Guadalajara (Espagne). Pour définitivement remettre l’esprit de corps au cœur de la sélection française.
Malmenée durant toute la phase de qualification olympique pour Tokyo, qui a mis en exergue, par la force des choses, les exploits individuels pendant près de trois ans, l’approche collective du karaté reprend peu à peu ses droits depuis l’épreuve nippone de l’été 2021. En disputant, en novembre de la même année, sa sixième finale mondiale de rang à Dubaï, l’équipe tricolore féminine avait démontré qu’elle n’avait pas perdu ses bonnes habitudes, quand son homologue masculine a su conquérir le vingtième titre continental de son histoire aux championnats d’Europe de Gaziantep en mai dernier. « Ces médailles, comme la bronze des filles en Turquie, nous prouvent que le travail de fond opéré après les Jeux pour redonner toute son importance aux équipes porte ses fruits, analyse Nadir Benaissa, entraîneur national et coach de l’équipe féminine. Voir comment toute la délégation a soutenu les filles lors de leur finale à Dubaï, ou a célébré le titre des garçons l’an passé, suffit à expliquer à quel point cette épreuve peut porter le collectif dans son ensemble. De notre point de vue, c’est même indispensable d’y briller ! Un titre par équipes signifie que tu as réussi tes championnats, au moins dans l’état d’esprit affiché.»

En quête de cohésion en Tunisie
Pour mettre toutes les chances de son côté et cimenter encore un peu plus ses sélectionnés, le staff national a mis sur pied un stage en Tunisie courant février. Avec deux rencontres par équipes au programme propices à jauger la motivation et l’engagement des uns et des autres. « Nous n’étions pas en terrain conquis dans le centre d’entraînement de l’équipe nationale tunisienne, et ce fut intéressant de voir évoluer les comportements de chacun dans ce contexte, rapporte Yann Baillon, directeur des équipes de France et qui sera sur la chaise des tenants du titre à Guadalajara à la fin du mois. Nous avons pu insister sur le travail de concentration, de respect de la stratégie établie, et il est certain que cette expérience nous sera bénéfique en compétition officielle. Car ce serait une erreur de nous croire arrivés aux sommets avec notre victoire de l’an passé, et il faudra que tout le monde soit au diapason si nous voulons récidiver. Chez les féminines, cela fait maintenant une éternité que l’équipe n’a plus brillé aux championnats d’Europe (dernier succès en 2002 avec Patricia Chéreau, Laurence Fischer, Nathalie Leroy et Nadia Mécheri, NDLR), et nous misons beaucoup sur l’apport des jeunes, qui doivent remotiver les plus anciennes de l’équipe pour renouer avec l’or qui est largement à leur portée malgré la concurrence très élevée en Europe. »

Le doublé dans le viseur
Léa Avazeri, Alizée Agier, Jennifer Zameto et la petite nouvelle Thalya Sombe, championne du monde espoirs 2022, se savent attendues, mais pourront compter sur Nadir Benaissa pour exacerber leur envie d’en découdre. « Il va falloir arriver avec le couteau entre les dents car, comme c’est le cas depuis plusieurs années, notre médaille mondiale fait que nous nous présentons comme l’équipe à battre, ce qui galvanise nos adversaires. Si les filles débarquent en conquérantes sur le tapis, nous pourrons tous les accompagner pour qu’elles franchissent le cap et continuent d’écrire leur histoire commune de la plus belle des manières. » Il en sera de même pour les sept – Enzo Berthon, Kilian Cizo, Jessie et Steven Da Costa, Mehdi Filali, Thanh-Liêm Lê et Younesse Salmi – qui partiront à la défense de la couronne de Gaziantep, avec une pensée pour leur compère Hendrick Confiac, membre actif de la campagne 2022 et actuellement blessé. « Malgré le peu de préparation que nous avons pu consacrer à ces championnats avancés de deux mois par rapport à d’habitude, c’est un bon moyen d’évaluer ce groupe à l’ossature inchangée et son investissement en vue des mondiaux de Budapest d’octobre prochain », synthétise Yann Baillon.