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Championnats de France seniors combat : les promesses de Bourges

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À trois semaines des championnats d’Europe 2023, et avec les titulaires en individuel et par équipes au repos pour l’occasion, l’élite des combattants français se retrouvait à Bourges pour le grand rendez-vous national. En quête de titres au présent, mais aussi de repères pour l’avenir.

« C’est mon premier titre national. J’en suis très heureuse, et aussi très satisfaite de voir que ce sur quoi j’ai travaillé fonctionne en compétition. Je devais progresser dans ma façon de m’affirmer sur le tapis et j’ai pu le faire ici. J’étais venue pour prendre un maximum d’expérience et de plaisir, et c’est parfaitement réussi ! Je suis dans le groupe national et je cherche d’abord à y rester. Si, par la suite, il y a des places à prendre en individuel ou par équipes, je suis candidate.» Celle qui parle, c’est la nouvelle championne de France de l’une des catégories les plus relevées ce samedi, les +68kg. Derrière la titulaire des championnats d’Europe, Nancy Garcia, on pouvait s’attendre à voir émerger l’une des trois médaillées d’or des championnats et des coupes de France espoirs de ces deux dernières années, la jeune Margot L’Hyver, Trycia Sombe et la récente médaillée continentale espoirs Emma Coranson Beaudu. Mais c’est la médaillée d’or de la dernière coupe de France seniors, l’espoir Clémence Pea, qui les écartait toutes les trois successivement, non sans que cela soit très accroché parfois, notamment contre Trycia Sombe, qui reprenait l’avantage d’un mawashi à la dernière seconde… mais le perdait dans le même temps pour un coup de pied au corps finalement accordé à la vidéo. Étudiante en troisième année de kinésithérapie, un double projet qui rogne un peu son volume d’entraînement actuel, Clémence Pea donnait les maîtres mots du jour de ce championnat 2023 subissant la force d’attraction du rendez-vous continental imminent : « avant tout faire de l’expérience et prendre du plaisir ».

Revanche sur soi-même

Dans le mode plaisir, on retrouvait certains des patrons d’hier toujours récalcitrants à poser les gants et à laisser la place aux jeunes. Ainsi de l’international Marvin Garin en -67kg en l’absence de Steven Da Costa et de Younesse Salmi, qui marquait neuf points en demi-finale et repoussait, dans le dernier duel, le jeune qui monte, Hairiss Hierso, champion d’Europe cadets 2021. « Après deux ans de blessure, c’est une grande joie. Je ne voulais pas m’arrêter comme ça, j’ai travaillé pour revenir. Je me donne au moins un an pour en profiter encore. » Avec le même « smile » sur son visage en sueur et beaucoup de remerciements à envoyer aux coaches et à la famille, c’était un discours quasi similaire du côté de l’étonnant Mickaël Serfati, victorieux ce samedi en +84kg, grâce à sa lucidité et sa science tactique… onze ans après avoir emporté son premier titre seniors dans la catégorie inférieure. « Ces dernières années, j’avais privilégié mon rôle d’entraîneur, j’ai pris du poids et je n’ai pas aimé ça. Depuis le début de la saison, je m’astreins à un entraînement bi-quotidien, avec du travail musculaire, de la diététique et le sommeil qui vont avec. Je l’ai fait comme une revanche sur moi-même, un défi personnel. Je vais continuer sur ce rythme, alors si je peux être utile… » Avec, en finale, le puissant Chris Belebenie en mode bulldozer, monté des catégories de poids inférieures ces dernières années, les +84kg étaient finalement dominés par l’expérience, au détriment des jeunes attendus comme Faadel Boussag ou le volontaire Amir Zouaoui.

© Denis Boulanger

Densité

Expérience encore dans la catégorie juste en dessous des -84kg, avec la victoire du combattant de Puteaux Sally Diop, un acharné des podiums depuis des années, qui ne rate jamais une occasion de monter les marches le plus haut possible. Il écartait personnellement Maxime Relifox en début de tableau et mettait fin, dans le dernier combat, au joli retour de flamme de Hassan Betache. Chez les féminines, un beau retour aussi en -55kg après un an d’absence, et qui sonne désormais comme une évidence, celui de Sabrina Ouihaddadène, victorieuse de l’Open de Paris et qui s’affirme ainsi en numéro deux officieuse derrière la championne d’Europe espoirs Asmaa Charif sélectionnée pour les championnats d’Europe seniors. Mais devant la cohorte de toutes les récentes championnes de France juniors qu’elle se chargeait elle-même de sortir du tableau, les Lauralie Dupont, Margot Soulier, la championne d’Europe juniors Amel Souidi d’un point en prolongation et, d’un point encore, en finale sa partenaire de club à Argenteuil, Sydney Yvon. Une catégorie française d’une belle densité.

Des jeunes au rendez-vous

Dans la catégorie « expérience à prendre » – et places à défendre – on retrouvait les plus jeunes vainqueurs de la journée. Chez les féminines, la combattante de Longwy Tiphaine Bonnarde devant la Francilienne de Charenton Loussine Bas en -50kg, qui s’impose ainsi comme la numéro deux naturelle dans le sillage de Niswa Ahmed. De même en -68kg pour Natanaële Flamand, championne de France en titre pour Évry, et qui récidive en 2023 en l’absence de la championne du monde espoirs Thalya Sombe et d’Alizée Agier. Jolie performance de la combattante d’Argenteuil Charlotte Ettien qui la rejoint en finale. Enfin, en -61kg, c’était la bataille de l’expérience contre la jeunesse qui tournait à l’avantage de cette dernière. On retrouvait en effet la formidable championne du monde 2012 Lolita Dona à la bataille dans cette catégorie, dominée sur un point confus qui tombait du côté de la jeune espoir de Vénissieux Hira Dogru, qui se hissait après ce combat jusqu’en finale et tombait sur Djihane Menacer, dix-huit ans, sûre d’elle et très prolifique en points sur sa montée vers l’or. La combattante de Puteaux, en Terminale maths-physique à Asnières, affichait à la fois sa joie d’emporter ce titre à son âge et une saine humilité. « Je suis heureuse et fière de ramener cette médaille chez moi, mais je prends combat par combat, expérience par expérience car, pour moi, ce n’est que le commencement du travail. » Une bataille intéressante saluée par le directeur des équipes de France Yann Baillon. « Djihane Menacer est encore junior et nous montre encore qu’elle a un très gros potentiel, avec Hira Dogru juste derrière qui montre ses progrès et sa motivation. Je veux aussi saluer la performance de Lolita Dona, qui nous avait déjà impressionnés l’année dernière. On pouvait penser que c’était un « one shot », mais elle est encore là cette année et toujours performante. C’est une combattante qui s’entraîne régulièrement et qui aime ça. Elle est restée la même sur le tapis et ça mérite un coup de chapeau ».

L’arrivée des Tas

La jeunesse se plaçait aussi chez les hommes avec notamment une belle performance en -60kg. On attendait Rayyan Meziane, le rival ces dernières années d’Enzo Berthon puis de Ahmed El Amine Hellal, médaillé européen espoirs et sélectionné pour les championnats d’Europe seniors, il est présent en finale, mais finalement dominé à nouveau par un autre prétendant, Sami Tas, inclus au collectif France en Tunisie une semaine plus tôt, et bien content de montrer que l’encadrement ne s’était pas trompé sur lui. « Les choses se passent comme je l’espérais ! Par rapport aux années précédentes, je suis moins agressif et plus réfléchi. J’essaie de respecter le plan fixé avant le combat, de faire les choses plus sobrement, et cela semble bien marcher. » Tas, un nom qui pourrait résonner plus souvent à l’avenir dans les travées, avec la montée en puissance de Sami, mais aussi de son frère Yanis, troisième en -67kg.

© Denis Boulanger

Si on pouvait craindre le coup de mou en -75kg, une catégorie très sollicitée pour les championnats d’Europe avec les sélections d’Enzo Berthon, mais aussi de Kilian Cizo et de Thanh Liem Lê, ça n’était finalement pas le cas grâce à deux finalistes très costauds qui se renvoyaient coup pour coup en finale : le vice champion d’Europe espoirs Adrien Marques, et Ilies Elguir de Vénissieux, lui aussi habitué des sélections en équipe nationale jeunes. C’est finalement le puissant combattant de Saint-Michel Adrien Marques qui emportait d’un point cette finale disputée.

La synthèse de ces championnats de France individuels appartient comme il se doit au patron des équipes de France Yann Baillon. « C’était intéressant de voir les anciens faire de la résistance et surtout, pour nous, ces jeunes, voire très jeunes combattants se construire dans le but de prendre le pouvoir sur leur catégorie. Il faut rappeler que même si les titulaires n’étaient pas là, les championnats de France font partie d’un parcours de sélection et permettent à ceux qui s’y sont distingués de pouvoir encore prétendre à une place aux championnats du monde en cas de contre-performance des sélectionnés devant eux. »

Par équipes, Argenteuil prend ses marques

Le dimanche, jour des équipes, avec, dans certaines d’entre elles, ceux que l’on n’avait pas vu en individuels, comme notamment Alizée Agier ou encore Younesse Salmi pour Sarcelles. Le club phare francilien n’était pas trop bousculé pour prendre une nouvelle victoire chez les féminines, malgré un très beau duel contre le Budokan de Thiais où la jeune Niswa Ahmed faisait le show en dominant d’un balayage sur le gong la leader mondiale azerbaïdjanaise Irina Zarestka, double championne du monde en titre. Il fallait toute l’intelligence de jeu d’Alizée Agier et ses longs coups de pied pour repousser l’inusable et inlassable attaquante Lolita Dona. La sanction était plus lourde pour le CSM Puteaux en finale. Même si Marissa Hafezan réussissait un joli ura-mawashi sur Irina Zarestka, il s’agira des seuls points marqués par l’équipe. 9-3 pour l’Ukrainienne et un sévère 7-0 de Nancy Garcia sur la jeune Menacer, grâce notamment à deux grands coups de pied au corps.

Beaucoup plus de suspens en revanche du côté masculin, avec de nombreuses équipes compétitives. Bousculé en tableau par Vénissieux qui se battait jusqu’au dernier combat, Sarcelles lâchait finalement contre l’alliance Évry/Saint-Michel en demi-finale, malgré la fraîcheur de Younesse Salmi qui dominait Adrien Marques. Mais Faadel Boussag prenait une revanche contre le champion de France Mickael Serfati et Maxime Relifox était pris de vitesse par l’espoir Alexandre Martin Nunes. Selwynn Meril aurait pu faire basculer la bataille, mais il était bien contrôlé par l’excellent Brice Liger, habituellement coach et remplaçant de luxe pour l’occasion, qui faisait un grand numéro contre lui, tout en classe, en technique et en lucidité.

© Denis Boulanger

Et c’est finalement le Karaté Elite Argenteuil qui confirmait sa prise de pouvoir lors de la coupe de France de novembre dernier. Victorieux d’Épinay-sous-Senart en demie, le club d’Amine Hellal allait prendre le dessus en finale sur Évry/Saint-Michel … même si le brillant -60kg était dominé dans le premier combat par Thanh Liem Lê, sélectionné par équipes pour les prochains championnats d’Europe ! Trop prudent peut-être avec ce point d’avance, l’entente essonnienne se contentait du nul pour Adrien Marques, avant de porter son avance à 2-0 grâce au combat bien géré d’Alexandre Martin Nunes qui courait dans la dernière seconde derrière le puissant vice champion de France des lourds Chris Belebenie pour lui arracher un point décisif… mais perdait tout dans les deux derniers combats. Brice Liger devait céder devant la vitesse et le coup d’œil d’Adam Jacqueray, en laissant partir cinq points, et Moussa Ly réussissait la très belle performance de laisser Faadel Boussag à trois points derrière. Les comptes faits, cela nous faisait une égalité de victoires à deux partout et deux petits points d’avance du côté d’Argenteuil. Une jolie finale et une belle journée qui laissait une excellente impression à Yann Baillon. « C’était vraiment une belle compétition par équipes, avec beaucoup d’engouement et des confrontations fortes. Chez les garçons, Argenteuil est une équipe vraiment intéressante. Cela donne des idées dans la perspective des championnats du monde et même pour après. »

Parce qu’il y a la joie de gagner ensemble, le plaisir de bien faire bien sûr, l’expérience à prendre évidemment. Mais il y a aussi, surtout, la bataille sans cesse renouvelée pour le graal d’une place en équipe de France.

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Lun. 06 Mars 2023

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