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Championnats de France cadets, juniors, espoirs : le départ est lancé 

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Le 10 et 11 juillet, la jeunesse du karaté français regroupée a conjuré le sort contraire pour des championnats nationaux attendus depuis trop longtemps. Ils font la démonstration, au cœur de l’été, de la volonté de tous de reprendre le chemin des dojos et de la compétition.

Dôme de Villebon-sur-Yvette, samedi. L’ambiance est presque feutrée, les grandes baies vitrées occultées par des grands rideaux noirs. Mais l’énergie se dépense sans retenue sur les tapis, et, bonne nouvelle, la jeunesse est au rendez-vous fixé par la fédération. Rien n’a été facile pourtant depuis presque deux ans. Comment surmonter les restrictions sanitaires ? « Pour les grosses structures comme la nôtre » explique Kenji Grillon, coach à Sarcelles – neuf médailles ce week-end, dont un titre en kata pour le junior Lucas Hoffmann, et un titre cadette -60kg pour Jade Chefaier — « le rythme de travail n’a presque pas changé, grâce aux dérogations pour les athlètes, mais aussi pour les partenaires. En revanche il a fallu s’entraîner avec les masques, renoncer aux vestiaires et aux douches, aux contacts des mains, à l’échange des paos… Et pour les jeunes, quand un cadet première année qui attendait le championnat de France pour se situer se retrouve désormais en juniors, c’est compliqué. Cette compétition, c’est très bien pour tout le monde, ça permet de se situer pour les sélections, mais aussi pour la rentrée. C’est là qu’on verra ce qu’on a vraiment perdu ».

© Denis Boulanger

Tamina Bali, médaille d’argent en -48kg en juniors, illustre la remarque de l’ancien champion du monde et rassure en même temps sur la détermination de cette génération « covid ». Licenciée au Budokan Thiais (huit médailles dont trois titres pour Niswa Ahmed en espoir féminin -50kg, pour Hassan Bettache en espoir masculin -84kg et pour le junior Ruben Eblin en -55kg), la jeune combattante d’Angervilles (91) s’est adaptée. « On s’est entraîné à fond pendant deux mois au club, mais grâce à la Mairie de chez moi, je bénéficiais d’un dojo pour moi et je l’ai beaucoup utilisé. C’était dur de n’avoir aucun contact avec les autres combattants. Grâce à l’Open Adidas, j’ai pu me situer un peu chez les grandes, connaître mes adversaires. Je suis déçue de ne finir que deuxième. J’étais stressée pour cette finale avec la pression d’une sélection au championnat d’Europe. Mais je serai là à la rentrée. Cette compétition m’a fait du bien ». Dans le même esprit, Jérémie Feillet (en or en junior +76kg) du Saint-Michel Sports Karaté — cinq médailles dont deux titres, avec celui du cadet Théophile Flauss en -70kg — évoque la dureté de la période : « On ne s’est pas arrêté, on s’est mis dans le mal. La compétition, j’en fais depuis mes six ans, le corps en a envie. Mais c’était difficile de tout donner sans rien recevoir ». Quant à Imad-Dine Vabre, vainqueur en -75kg en espoir masculin pour le Fontenay Karaté Shotokan (quatre médailles, dont son titre), éloigné par ses études en STAPS sur lesquelles il s’est appuyé pour sa condition physique — avec un gros régime à la clé à cause de la masse musculaire prise en plus — il n’a pu faire de karaté qu’en revenant vers son club et son professeur deux fois par mois : « Mais il m’a dit que la technique, ça ne se perdait pas, et que l’essentiel était de maintenir mon niveau physique et j’y suis parvenu ».

Un moteur, les entraîneurs

D’entraîneurs, de professeurs, il a beaucoup été question sur ces longs mois : leurs propositions, leur capacité à faire rêver, à faire lever la jeunesse du canapé où elle était confinée. Chacun a trouvé ses façons de fonctionner et de réussir ce pari, ce fut manifestement le cas du CSM Puteaux, à neuf médailles dont quatre titres cadets pour Lina Meziane (-47kg), Sasha Gautier (-44kg), Tidiane Givernaud (-57kg) et Isaac Matingou (-63kg). Armand Rakotozafiminahy Nirina, de l’Institut Gojuryu Kenkyukai France a amené trois combattants pour deux finales et le titre de Chloé Breuzard en junior -48kg. « On est encore jeune donc on n’avait pas trop les moyens d’avoir les dérogations, on s’est entraîné dehors avec les chaussures. Aujourd’hui, on s’est tout de suite retrouvé dedans. On a renoué le fil. Deux ans, c’était très long. Je leur ai dit d’aller chercher ce qui leur appartenait ». Aux alentours de Marseille, à l’Impact Karaté Club (quatre médailles, dont les titres de Margot Soulier en junior -53kg et de Jérémy Giraud en espoir -60kg), Philippe Didelet évoque la façon dont les préaux ont permis de s’entraîner tous les jours dans ces climats tempérés… puisqu’il ne s’agissait pas de dojos fermés. Moins de préaux ouverts à Longwy dans le Nord-Est, et un climat bien différent… « On s’en fout nous, du temps qu’il fait ! » s’amuse David Zimmerman du Karaté-Do Longwy (deux médailles). « On s’est entraîné sous la pluie régulièrement. Le pire qu’on a eu ? Un entraînement à -4°. Mais les jeunes ont l’habitude et on fait tout le temps des stages dans les Vosges. C’était quand même dur l’absence de tapis et d’objectif. On n’a amené que ceux qui s’étaient bien entraînés. Si tout va bien on va enchaîner avec Berlin, Istanbul, le Luxembourg ». La vie normale, dont tous rêvent.

© Denis Boulanger

Yann Baillon : « agréablement surpris »

Et finalement que fut le verdict du responsable de la haute-performance Yann Baillon ? « Agréablement surpris par la qualité d’engagement et même par le niveau. On a vu des athlètes qui avaient envie d’en découdre et des catégories d’excellent niveau. On sent que physiquement, les repères ne sont pas en place, mais c’était une bonne façon de reprendre pied dans la compétition. Notre travail en amont avec les entraîneurs a porté ses fruits. Alexandre Biamonti et Franck Bisson ont tourné dans les ligues et nos listes sont cohérentes avec les résultats de ce week-end. On voit certains qui étaient leaders perdre leur place et d’autres se révéler par des prestations remarquables… mais les histoires de vie sont différentes. On verra comment les choses vont évoluer ».

Le kata se donne une hiérarchie

Place le dimanche à la prestation des techniciens, qui voit la troisième sœur Bui, Mai-Linh, monter brillamment sur le haut du podium en cadette pour Annecy Dojo Karaté, tandis que la Corse Laura Pieri (Athletic Club Ajaccien) l’emportait en juniors et la Provençale Léa Severan (Shin Gi Tai) en espoirs. Chez les garçons, on retrouve le Franc-Comtois Lorick Mauris Nour (Karaté Club de Lure) vainqueur en cadets, Lucas Hoffmann (AAS Sarcelles Karaté) domine les juniors et Fabien Tran (KC Villepinte Omnisports) l’emporte en espoirs.

© Denis Boulanger

L’entraîneur Jonathan Maruani éclaire pour nous ces résultats : « Cette compétition est déjà importante, parce qu’elle a eu lieu ! Elle était aussi déterminante pour les enjeux internationaux qui s’annoncent. Nous avons deux vainqueurs cadets sur le même profil. Ils faisaient partie du groupe large que nous suivions. Ils ont maintenu un bon niveau d’entraînement et possède un fort potentiel. La catégorie des juniors était dense, ce qui nous montre que tout le monde s’est astreint à un entraînement régulier. Chez les garçons, Lucas Hoffmann arrive dans la catégorie d’âge et la bouscule en battant Hugo Poisson en demi et Lucas Chaffort en finale. Il a mis en place une équipe autour de lui, avec Ahmed Zemouri comme entraîneur. Fabien Tran, encore junior il y a peu, s’impose, mais par 3-2 en finale contre Arthur Noël qui est en équipe avec les seniors. Avec Romain Poisson et Florian Nabusset sur le podium nous avons là quatre jeunes en présélection pour l’équipe seniors. Pour les féminines, Laura Pieri qui l’emporte en juniors est déjà membre de l’équipe de France seniors médaillée européenne. C’est une confirmation dans cette catégorie compétitive, avec Romane Leitao et Marion Champagne qu’elle bat toutes les deux. Dans son style shito, elle amène quelque chose qui va bien avec la tendance actuelle. Quant à Léa Severan, elle sort du lot en espoirs et nous impressionne par son engagement. Globalement, il y aura de toutes façons du travail, notamment pour atteindre le niveau physique exigé aujourd’hui pour un championnat d’Europe jeune, une compétition de très haut niveau. Il est important de dire que nous avons beaucoup apprécié l’arbitrage, parfaitement en adéquation avec les standards internationaux ».

Résultat complets

 

 

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Propos recueillis par Sen No Sen

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