Championnats d’Europe 2022 : Focus sur la médaille

Alexandra Feracci (kata) avait la responsabilité de lancer ces championnats d’Europe pour l’équipe de France et si elle attendait une médaille, la Corse s’est inclinée devant plus forte qu’elle aujourd’hui, au deuxième tour, seulement cinquième ex-aequo de sa poule. La performance n’est pas venue non plus de Mehdi Filali (+84kg), battu en quarts par l’Ukrainien Talibov (5e des championnats d’Europe 2019) après s’être pourtant offert un premier tour canon (8-0) et même un second bien maîtrisé face au vice champion d’Europe espoirs 2021, le Bosnien Dzuho. Pas plus de réussite et même une grosse désillusion pour Jessie Da Costa (-84kg), médaillé mondial 2021 mais battu d’entrée 2-3 par le Serbe Brezancic. Quant à Enzo Berthon (-75kg), il cédait lors de son troisième tour, battu sèchement par l’Arménien Davit Makyan (0-7). Voilà pour les occasions manquées côté français.

Objectif : quatre médailles

Des défaites qui ne doivent pas éclipser les quatre autres bons parcours du jour. Celui de Franck Ngoan d’abord. Quelques jours à peine après avoir fêté sobrement son vingt-deuxième anniversaire, le technicien du SKB, calé dans le groupe du Turc Ali Sofuoglu, a passé trois tours sur goju shiho sho, unsu puis kanku sho pour des notes de 23.98, 24.48 puis 24.72 qui démontrent son niveau en ascension constante. Barré par le Turc et l’Italien Busato, il s’offre un duel pour le bronze continental face au Suisse Ujihara samedi.

On y retrouvera aussi trois Françaises : Nancy Garcia (+68kg), Alizée Agier (-68kg) et Laura Sivert (-61kg). La première, qui lançait la journée des combattants, débordait l’Israélienne Mahly, la Tchèque Sachova (5e des mondiaux 2021) puis la Bosnienne Kresic avant de s’incliner d’un petit point contre la Hongroise Boussebaa, ancienne triple championne d’Europe cadettes et du monde juniors. Elle sera opposée à l’Écossaise Niamh, vice championne d’Europe espoirs 2021 et médaillée mondiale 2019. Le moment pour l’Arlésienne de vingt-six ans de faire parler son expérience.

Un atout qui sera aussi celui d’Alizée Agier. La championne du monde 2014, championne d’Europe en 2019 et médaillée mondiale à Dubaï en individuels et en équipe l’automne dernier, ira chercher une nouvelle médaille. Après avoir pris le meilleur sur la Bosnienne Cavar, médaillée européenne et mondiale, après avoir surtout battu l’Azerbaïdjanaise Zaretska (3-1), double championne du monde, et la Suédoise Haag, montée de catégorie l’an passé, la Bourguignonne s’est inclinée face à la locale de l'étape, la Turque Eltemur, médaillée de bronze lors de la dernière édition continentale. Rageant, mais une troisième médaille européenne est à sa portée. Il faudra aller concrétiser samedi en fin de matinée face à l’Allemande Madeleine Schroeter, double médaillée européenne espoirs et ancienne médaillée européenne et mondiale juniors.

Le bronze, ce sera aussi l’objectif de Laura Sivert : la Bisontine a remporté trois tours (face la Suissesse Radjenovic 2-0, la Kosovare Rama 3-3 et la Bosnienne Kurtes 4-0) mais a été battue par l’Allemande Miggou (0-1), très solide double médaillée mondiale espoirs après avoir été championne d’Europe cadettes puis juniors. En place de trois, il faudra battre Veronika Kostovska, vingt-deux ans, médaillée européenne cadettes en 2015 et actuelle 115e mondiale. Clairement dans les cordes de la double médaillée mondiale par équipes qui a l’appétit individuel et la maturité pour cela.

Rester concentré

Le bilan de Yann Baillon, directeur de la performance, au soir de cette première journée ? Voir le positif et passer un message constructif pour les individuels et les par équipes de demain : « Cette journée laisse de la frustration plus que de la déception. Nous avons aimé le comportement, le niveau est là aussi, il manque cette lucidité dans le combat décisif, celle qui fait passer l’étape vers une médaille possible. Une faille dans les combats à enjeux que nous allons rappeler ce soir à celles et ceux qui ont perdu mais aussi à ceux qui combattent demain car il ne manque vraiment pas grand-chose. Nous avons quatre médailles de bronze à aller chercher, ce n’est pas rien, il faut se souvenir de l’an passé… Faire de meilleurs choix, rester concentré jusqu’au bout, ils savent tous le faire, il faut que l’on passe ce cap demain et retenir les leçons car il y a les équipes qui se profilent et il faut rester mobilisé, s’appuyer sur les coéquipiers pour retrouver de la confiance et aller chercher ces médailles. Nous y croyons, nous croyons en eux tous, ils ont des choses à accomplir. »

Un message porté d’ailleurs par l’une des déçues du jour, Alexandra Feracci : « Ce n’est pas l’heure de faire mon bilan individuel car je suis déjà tournée vers demain, pose ce soir la technicienne. Nous avons un projet, collectif, et je me dois de donner le meilleur avec l’équipe. » Pas de concertation avec Enzo Berthon, très déçu, mais qui n’a pas non plus envie de rester sur cet échec individuel : « Je manquais de jus dès le début de journée et je pensais que cela viendrait au fur et à mesure, mais je n’ai pas été assez électrique sur les appuis pour créer des situations favorables et l’opportunité de marquer. Mes ambitions étaient supérieures à ce que j’ai montré aujourd’hui. Mais demain, je vais tout faire pour aider la France à revenir à la place qu’elle mérite ».

Le cap est clair et donné : place ce jeudi aux kata par équipes hommes et femmes dès 9h, puis à Steven Da Costa (-67kg), à la jeune garde incarnée par Tylla Levacher (-55kg), Rayyan Meziane (-60kg), Niswa Ahmed (-50kg) et aux équipes combat hommes puis femmes pour terminer la journée alors que les quatre techniciens para feront leur entrée dans la compétition vendredi.