
Karaté Mix : quel rythme !
Nouveautés du calendrier de cette saison, les coupes de France zone nord et sud au succès de participation déjà acquis montrent, si besoin était, l’engouement spectaculaire pour cette discipline.
Les chiffres sont éclairants. « Lors de la coupe de France zone nord les 9 et 10 novembre derniers à Coubertin à Paris, nous avons eu plus de six cents participants. Pour la coupe de France zone sud, les 7 et 8 décembre prochains à Écully à côté de Lyon, nous attendons entre trois et quatre cents combattants ! », pose d’emblée Mohamed Messadaoui, responsable fédéral de la discipline.
Une affluence record qui prouve que la mise en place de ces deux nouveaux rendez-vous qualificatifs était nécessaire. « Nous avons décidé d’innover cette saison avec ces deux coupes de France. En effet, le succès des trois événements de la saison dernière – coupe de France, championnats de France et Open de France – nous a fait comprendre que, compte tenu du nombre de participants, nous avions atteint une limite en termes d’organisation et de logistique. Une intuition qui s’est avérée juste puisqu’il y a eu autant de présents sur la coupe de France zone nord à Coubertin au début du mois que sur la coupe de France 2023 ! ».

« Cela met du piment »
Deux événements à l’importance capitale, en vue des championnats de France de mars prochain. « Les huit premiers de chaque catégorie en karaté mix light contact et les quatre premiers en karaté mix plein contact et karaté mix élite seront qualifiés pour les championnats de France, explique Mohamed Messadaoui. La participation à la coupe de France de sa zone est une obligation si l’on veut participer aux championnats de France. Aucune dérogation ne sera possible. »
Une organisation et un règlement qui trouvent un écho favorable à écouter plusieurs participants et entraîneurs. C’est le cas de Pascal Demulier, cinquième dan, directeur technique et président du CFSD 91 à Yerres, et présent à Coubertin avec dix-huit de ses élèves : « cette nouvelle formule met du piment, car elle oblige les combattants à être présents et prêts le jour J. De plus, cette distinction entre nord et sud assure d’avoir à affronter des combattants, lors des championnats de France, qu’on ne connaît pas forcément. Cela offre de la diversité, de la variété et c’est très bien. » Oriane Bonnet, trente-huit ans, licenciée à l’Institut du combat à Mons-en-Barœul (Nord) et victorieuse de la catégorie des -68kg en light dans le gymnase de Coubertin ne dit pas autre chose. « Pour les féminines, nous n’avons pas la pression de la qualification puisque nous sommes souvent moins de huit par catégorie. Mais sur le fond, je trouve que c’est un vrai défi, car on se doit d’être consistant le jour de cette coupe de France. »

Un niveau en progrès constant
Une qualification qui s’avérera d’autant plus méritoire que le niveau du karaté mix français ne cesse de s’élever chaque saison. Un constat unanime, que chacun illustre à sa manière. Mohamed Messadaoui note « qu’il y a eu beaucoup moins de blessures lors de la coupe de France zone nord. C’est un indicateur significatif, qui montre à la fois la bonne préparation des combattants, mais aussi un arbitrage de plus en plus expert. »
Pascal Demulier, comme beaucoup de combattants ou professeurs contactés, confirme cette tendance lourde du karaté mix, en prenant comme un exemple un domaine technique précis : le sol. « Je n’ai jamais vu un niveau aussi élevé que lors de la coupe de France zone nord. Les combattants ont compris que pratiquer le JJB et le grappling est devenu une nécessité. » Oriane Bonnet, adepte des clés de bras, de chevilles et des étranglements – elle a remporté tous ses combats depuis deux ans au sol – confirme. « Le règlement a évolué de manière intelligente. Si l’on peut désormais porter des coups au sol, il reste interdit d’en porter à la tête sous peine de disqualification. Le règlement arbitral a trouvé, il me semble, un point d’équilibre satisfaisant entre les attentes des participants et la martialité du karaté qui, dans son essence, n’autorise pas tout en termes de coups. »
La préparation, quant à elle, devient de plus en plus pointue. Un aspect mis en lumière par Daniel Thob, directeur technique du Kempo Boxing Ollioulais (Var) et qui se rendra à Écully avec six combattants juniors et seniors. Depuis la saison dernière, celui-ci a « mis en place des entraînements collectifs avec des clubs de karaté mix de Marseille et Fréjus. L’objectif ? Apprendre en s’entraînant avec des combattants dont on ne connaît pas le profil. Cela permet d’enrichir sa palette technique et de prendre de l’expérience. Être prêt à combattre n’importe quel profil lors d’une compétition est devenu une nécessité quand les catégories sont désormais comprises entre vingt et trente participants et que seuls les huit premiers en light ou les quatre premiers en plein contact et en élite sont qualifiés. »

« La fédération a su s’adapter »
Reste que sur le fond, c’est Chloé Noriega, championne de France semi-contact 2024, professeure et présidente de l’académie Octopus de Besançon présente à Écully dans une dizaine de jours, qui sans doute donne la clé de compréhension majeure. « Avec la légalisation du combat libre en France et la fulgurance avec laquelle il s’est fait une place dans le monde du combat, toute une génération de combattants s’est pris de passion pour cette pratique qui mélange les disciplines de percussion. La cage – le titre d’ailleurs d’une série sur Netflix, présente en karaté mix, renforce cette idée. Or, la fédération a su s’adapter et présenter une belle formule, graduelle, avec le light, le mix et élite. Les pratiquants trouvent là une discipline sécurisée et qui offre au moins trois compétitions dans la saison. » Chloé Noriega qui conclut sur une formule qui résume bien le sentiment général : « le karaté mix est une discipline qui a de beaux jours devant elle. »
© Sen No Sen