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27 mars 2020

Yann Baillon « Travailler, et prendre du recul »

France Karaté

Yann Baillon, Comment prenez-vous le report des Jeux, pour lesquels l’équipe de France se bat depuis trois ans ?
Je ne suis ni soulagé, ni frustré… nous nous doutions que ça allait arriver, c’était logique. Nous en étions conscients. Je suis en contact constant avec les athlètes et je perçois des sentiments variés. Certains se préparaient pour les Jeux, d’autres pour le TQO qu’ils avaient en ligne de mire encore, en mai, voire en juin s’il avait été repoussé. C’est dur de se retrouver confiné en pleine préparation et de se voir privé d’un tel objectif, à portée de main. Certains, tout de même, se voient offrir une opportunité nouvelle pour une préparation à venir, pour récupérer après une période de qualification qui a été terrible. Ce qui domine surtout, c’est un gros point d’interrogation sur l’avenir et un quotidien à gérer.

Comment les athlètes font-ils face au confinement ?
Au départ, cela a été un coup de bambou. Il y a un effet de sidération, tout le monde était un peu abasourdi. De mon côté, j’ai rapidement pensé que ce serait long. On a laissé passer une semaine pour digérer ce confinement, car les esprits n’y étaient pas, puis on a mis des choses en place. C’était le meilleur moyen, non seulement de faire face aux obstacles qui se dressaient devant nous, mais aussi d’occuper l’esprit des athlètes, qui sont habitués à l’être toute la journée. C’est bon pour leur corps, mais aussi pour leur esprit. On a donc mis en place un programme d’entraînement par visioconférence. On fait en fonction de chacun. Heureusement, la plupart sont bien équipés. Pour certains, c’est un peu compliqué, ils sont dans leur salon et il faut faire avec. Une Alexandra Recchia, en revanche, a sa terrasse aménagée, avec des tapis, des cibles, et son compagnon qui pratique les arts martiaux est là aussi pour l’aider. Les préparateurs physiques sont au charbon toute la journée avec des séances individualisées, les entraîneurs et les préparateurs mentaux se relaient. Tout le monde est très occupé.

Pour vous-même, cela doit être difficile à gérer ?
Bien sûr, il y a la présence au groupe, qui est impossible, et c’est une frustration. Mais mon boulot, c’est d’organiser et je suis heureux d’être parvenu à rebooster tout le monde. C’est ma motivation et ma force en ce moment. Je ne chôme pas, je regarde des séances toute la journée ! Du coup, tout le monde est en mouvement, il y a des choses à faire, nous ne gambergeons pas. En l’état actuel des choses, la saison n’est pas finie, quelle que soit la forme qu’elle va prendre. Les championnats du monde en octobre à Dubaï, sont pour l’instant maintenus, et il faudra être prêt pour le moment où nous sortirons de chez nous et où les choses se préciseront et se précipiteront peut-être. Ce sera en tout cas un grand bonheur pour tout le groupe.

Il y a aussi des enjeux de sélection olympique. Comment voyez-vous les choses ?
Le report d’un an ouvre une sacrée problématique. Faut-il maintenir les qualifiés ? Même si le haut niveau évolue très vite et que les hiérarchies seront différentes dans quelques mois, surtout avec toutes ces incertitudes, il me semble que ce serait vraiment malvenu de ne pas maintenir ce qui a déjà été annoncé. Il y a des pays qui ont très bien géré cette qualification, comme les Turcs qui ont cinq qualifiés directs, tant mieux pour eux. Ne pas le faire serait compliqué et aussi très peu éthique. Les athlètes se sont engagés pendant trois ans à un rythme qui dépasse de loin ce que réclame la rigueur sportive. Ne pas en tenir compte, ce serait ne pas bien traiter les athlètes. Pour les autres, il restera peut-être un certain nombre de compétitions à venir, et le TQO bien sûr. C’est un point de vue personnel.

Quel est votre message aux athlètes durant cette période ?
C’était important de remettre tout le monde en ordre de marche si l’on peut dire dans cette période de flottement, et s’assurer que tout le monde va bien, ce qui est le cas. Leur état psychologique est bon, les repères sont là, nous travaillons. Pour beaucoup, athlètes et entraîneurs, le confinement est aussi un grand changement dans leurs habitudes de voyageurs, peu habitués à être immobiles. Nous échangeons beaucoup. Mais je leur dis à tous, et notamment à ceux qui sont un peu trop fixés – c’est humain – sur leurs objectifs sportifs, et leurs problèmes spécifiques, qu’il faut aussi prendre de la distance en ce moment. Les Jeux, les sélections, le sportif même, cela passe au second plan. Ce serait malvenu dans cette période de s’apitoyer sur son sort. Il y a des décès, des drames humains, du chômage… La décence commande la patience et le recul. Nous sommes tous dans la même galère et certains souffrent beaucoup plus que nous.

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