
Week-end réussi pour le Shorinji Kempo
Réunis au gymnase Léo-Lagrange (Paris, XIIe arrondissement) les 18 et 19 mars derniers à l’occasion de sa coupe de France nationale et d’un stage, les passionnés du shorinji kempo ont pu faire montre du dynamisme de leur discipline à des hôtes de marque.
Ils étaient quarante-six couples en lice : vingt-huit pour l’épreuve réservée aux ceintures noires (yudansha), dix-huit pour la compétition ceintures de couleur, de blanche à marron (kyukenshi). Comme le veut la tradition, une seule épreuve lors de cet événement, avec le fameux embu : un combat chorégraphié devant durer entre une minute trente et deux minutes, et composé de six séquences. Responsable de l’organisation, participant et aussi professeur au sein du Cholet Shorinji Kempo (Maine-et-Loire), Frédéric Juhel détaille les critères de notation de chaque prestation. « Cinq juges notent chacun la prestation sur cent points qui sont divisés de la manière suivante : soixante pour la technique, et quarante pour l’énergie qui comprend les déplacements, la composition et les positions. La meilleure et la plus mauvaise des cinq notes sont enlevées avant d’additionner les points. »
Vainqueur de la compétition ceintures noires comme en 2022, ce dernier, cinquième dan, mettait d’abord en lumière le niveau de cette édition. « Nous nous imposons avec Kristen Regardin (Shorinji Kempo Pontchâteau) d’extrême justesse ! Deux petits points nous séparent seulement de Noël Ly et Rachid Guendouze (Shorinji Kempo Club de Clichy), qui finissent à 253 points. La différence s’est peut-être faite sur l’expérience et la technique. Reste que la densité s’est élevée par rapport à la saison dernière, où il y avait d’ailleurs moins de couples. Cela va nous pousser à devoir travailler toujours plus fort pour conserver notre titre l’année prochaine. »
Le club clichois qui s’offre toutefois l’or dans l’épreuve des ceintures de couleurs, par l’intermédiaire des frères Lounes et Timad Abdou. « Avec notre professeur José Jimenez, septième dan, Rachid et Noël, nous cultivons au club une véritable expertise en matière d’embu. En parallèle, le fait d’être frères est un atout puisqu’il existe une complicité naturelle et permanente. Nous parlons embu au club… mais aussi à la maison (rires). Depuis toutes ces années que nous nous entraînons ensemble, on peut dire que les automatismes sont bien présents. »
Sur le podium, même enthousiasme dans la bouche du médaillé de bronze Vincent Marry, associé avec Julien Carpentier avec qui il s’exercent depuis de longues années au Shorinji Kempo Viry-Chatillon. « Il y a un vrai travail intellectuel de création puisque chaque couple pense et construit son embu, avec de nombreux paramètres à prendre en compte : temps imparti, réalisme, vitesse, intensité, techniques proposées, etc. »
Six heures de stage pour approfondir
Frédéric Anscombre, président de l’Association Française de Shorinji Kempo et sixième dan, fut de son côté l’organisateur du stage qui eut lieu sur les deux matinées du week-end. Un rassemblement immuable qui n’a pas dérogé à son succès habituel puisque près de deux-cents participants furent réunis autour de la figure tutélaire de la discipline, Hiroshi Aosaka. Neuvième dan et fondateur de la discipline en France et en Europe, ce dernier dirigea les six heures de stage – deux sessions de trois heures – autour de trois thématiques comme l’explique Frédéric Anscombre : « le gohô, ou techniques fortes, qui comprend principalement les coups de pied et de poing. Puis le juhô, qui englobe les techniques de saisies, de projections, d’immobilisations et de clés. Pour cette thématique, l’idée est de travailler quelle que soit la distance à son adversaire. Enfin, une dernière partie fut consacrée à la philosophie et à la symbolique des arts martiaux. Nous nous enorgueillissons que celles-ci soient encore très présentes dans l’enseignement du shorinji kempo car la compréhension profonde des mécanismes de notre discipline sont plus importants que la performance sportive individuelle. Ce n’est pas un hasard si le embu est une épreuve en duo. »
Trois thèmes rituels au service de deux axes forts de la pratique, à commencer par se rapprocher en permanence de l’efficacité réelle. « Chaque mouvement possède une fonction, poursuit le responsable national. Et celle-ci doit s’inscrire dans un principe de réalisme. » Sans oublier l’importance de l’Autre. « Notre maxime est la suivante : vivons moitié pour nous, moitié pour les autres. » Car sans partenaire, la pratique est tout simplement impossible.
Le petit-fils du fondateur présent
Un stage qui prit une dimension exceptionnelle avec la présence de Kouma Sô, petit-fils du fondateur du shorinji kempo, et Shoji Arai, respectivement président et secrétaire général de la fédération internationale. Deux invités de marque qui témoignent de la reconnaissance de la place tenue par le shorinji kempo français au niveau mondial. Une discipline qui se retrouvera pour un dernier stage national le 3 juin prochain, possiblement dans ce même gymnase Léo-Lagrange, avant de plonger vers le grand rendez-vous de l’année : le taïkaï mondial (championnats du monde) d’embu organisé les 7 et 8 octobre au Budokan de Tokyo (Japon). Un événement qui sera suivi par un stage international de trois jours à Tadotsu (île de Shikoku), lieu fondateur du shorinji kempo. « Près de six-cents à sept-cents pratiquants du monde entier se retrouveront à cette occasion, explique Frédéric Anscombre. C’est LE grand événement et nous sommes d’ores et déjà en train de préparer ce voyage pour la future délégation tricolore. » Rien de tel pour lancer de la plus belle des manières la saison prochaine.