Voyage à Okinawa avec Philippe Lepaon
Berceau du karaté, Okinawa (Japon) est une île qui attire beaucoup de pratiquants occidentaux d’arts martiaux. En effet, cette île, où est née la discipline du karaté telle que nous la connaissons aujourd’hui, possède un riche passé historique et culturel, mais on peut également y trouver des sensei de la première heure, gardiens de savoirs et pratiques martiales. Philippe Lepaon, 5ème dan, et riche de 40 années de pratique, s’y est rendu pour la 6ème fois cette année. Il nous raconte son attrait pour Okinawa.
Ses premiers pas sur l’île d’Okinawa, Philippe Lepaon, président du Comité Départemental du Val de Marne et membre de la Ligue Régionale d’Ile de France, les a réalisés en 2004. C’est aux côtés de Patrick Rault, 7ème dan et expert fédéral, habitué des séjours au Japon (il y a vécu 15 ans et célébrait cette année sa 50ème venue, ndlr.) que Philippe Lepaon a ainsi rencontré HIGA Minoru sensei, 10ème dan de l’école Kyudokan «Shorin Ryu KobaYachi », explique philippe Lepaon, et d’ajouter, le karaté Shotokan et Shorin Ryu sont proches comme un fils et son père. Gichin Funakoshi, le fondateur du shotokan, était originaire d’Okinawa et pratiquait au départ le Shorin Ryu. Les racines du shotokan se retrouvent donc légitimement dans le Shorin Ryu.
Okinawa, bastion de la tradition du karaté
Cette année, le séjour était établi entre le 30 mars et le 17 avril. Un peu plus d’une quinzaine de jours, lors desquels Philippe Lepaon, mais aussi Patrick Rault, Denis Agussol, 1e dan, et Franck Pierrot, 3ème dan, ont pu jouir de l’apprentissage de maître Minoru Higa. « Nous avions quatre cours par semaine. Les lundi, mercredi et vendredi soirs, nous avions cours dans l’Humbu Dojo, et le samedi matin, nous nous entraînions dans le dojo personnel de maître Higa, situé dans sa propre maison. »
Pourquoi aller chercher un enseignement si loin ? Philippe Lepaon l’explique d’abord par les liens très forts qui l’unissent au sensei Higa. « C’est un vrai sensei. Il ne donne pas uniquement des cours de karaté, il nous apporte conseils et échanges en tout genre, parfois même philosophique. » Une amitié avec la famille Higa qui s’est forgée sur une base solide de confiance. M. Lepaon explique en effet que des « mises à l’épreuve » sont monnaies courantes lorsque l’on souhaite avoir accès à ces cours privés. « La première fois que je suis allé à Okinawa et que j’ai rencontré sensei Higa, j’ai passé quinze jours à répéter les bases du karaté. Tsuki, gyaku tsuki, age uke… en répétition par centaines ! C’est une forme de mise à l’épreuve, pour nous tester. » Si les entraînements ne « sont pas plus difficiles » pour autant, le 5ème dan explique qu’au Japon la mentalité de l’apprentissage est différente. « Lorsqu’on commence le karaté au Japon, c’est un engagement sur le long terme. Les cours ressemblent à ceux des années 1970 en France : beaucoup de répétitions, pour acquérir une base solide. »
Cette proximité avec ce sensei reconnu, lui permet notamment de bénéficier de « clés » gardées précieusement par la tradition. C’est ainsi que s’éclaire la « compréhension de certaines techniques, ou de bunkaï, et la possibilité de les faire évoluer. On appréhende les techniques autrement », ajoute-t-il. Si aujourd’hui Philippe Lepaon emmène à son tour des élèves avec lui, il confie « les trier sur le volet, car emmener quelqu’un dans ce genre de cours privés, c’est se porter garant de ladite personne. »
Okinawa, une richesse culturelle
A part le karaté ? Philippe Lepaon a également profité de son séjour pour effectuer diverses visites. « Ce sixième voyage [lui a] permis d’assimiler certaines choses nouvelles, car il y a beaucoup d’éléments qui composent la culture d’Okinawa, il faut du temps pour tout intégrer. »
Au programme des visites, entre-autres, le Mémorial pour la Paix, qui recense un musée, mais aussi des plaques commémoratives en l’honneur des hommes et femmes tombés lors de la Bataille d’Okinawa (1945). « Un lieu émouvant, où l’on apprend beaucoup de l’histoire de cette bataille. Notamment, par exemple, que les jeunes filles étaient alors enrôlées pour être infirmières. Sur les 400 envoyées, seules 20 sont revenues, car la consigne à l’arrivée des américains était de se suicider. »
Autre visite, le Musée de la culture de Naha, « qui relate l’histoire d’Okinawa de l’antiquité jusque nos jours », mais aussi le château de Shuri Jo, « plusieurs fois détruit mais toujours restauré, et aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ». Petit passage également par le Cap Hedo, « le cap le plus au nord de l’île et qui commémore la fin de l’occupation américaine » explique Philippe Lepaon, qui ne cache pas son émerveillement lorsqu’il s’y trouvait, « ces falaises volcaniques de couleur marron/noire qui se mélangent avec le turquoise de la mer… C’est très impressionnant et magnifique ! » Enfin, outre les moments détentes « sur les plages qui composent l’archipel » le groupe de karatékas s’est également arrêté à l’Aquarium Churaumi d’Okinawa, « le deuxième aquarium le plus grand du monde ! » mais a également fait un passage par le complexe Okinawa Karate Kaikan, « lieu dédié au karaté, dont l’intérieur est entièrement en parquet de bois, avec tout autour des salles d’entraînements, accessibles à tous. »
