

Uechi-ryu, un engouement sans précédent
Sous l’œil expert d’Haruyoshi et Daiki Shimabukuro venus tout droit d’Okinawa, ce sont près de deux-cent-trente compétiteurs qui ont pris part le 24 mai dernier à la coupe de France uechi-ryu. Un record pour cet événement de nouveau organisé avec succès à Maisons-Laffitte (Yvelines) et qui connaîtra sa vingtième édition l’an prochain.
Depuis 2013, le rite est immuable : à chaque retour du printemps, les adeptes du style uechi-ryu se donnent rendez-vous au palais omnisports Pierre-Duprès de Maisons-Laffitte pour célébrer cette école bâtie par Kanbun Uechi voilà plus d’un siècle. Avec cette fois une affluence encore jamais vue sur les berges de Seine comme le rapporte Philippe Perrotta, sixième dan et président fondateur du Budo et Karaté d’Okinawa de Maisons-Laffitte. « Nous avons vraiment flirté avec la limite de la capacité d’accueil de notre gymnase, que ce soit sur les tatamis comme dans les gradins. J’y vois essentiellement deux raisons : d’une part, la fréquentation de plus en plus forte des jeunes générations, accompagnées sur ce type d’épreuve par leurs familles, et l’attrait sans cesse grandissant pour le combat. Ce sont de très bons signaux pour l’avenir de notre art martial, qui attire aujourd’hui au-delà de nos pratiquants de uechi-ryu. »

Une pratique ouverte à tous les karatékas
Si l’épreuve kata ne concerne que ces derniers, tous les styles sont en effet les bienvenus pour concourir en combat. C’est pourquoi des pratiquants shotokan, mais aussi wado-ryu et kyokushikaï, n’ont pas hésité, parfois avec succès et podium à la clé, à se joindre à la fête. « Nous avons pu apprécier des affrontements de haute intensité, avec un bel engagement dès les jeunes catégories, salue de son côté Didier Lorho, septième dan et expert fédéral du style. Notre règlement est pensé pour permettre cette diversité et offrir l’opportunité à toute la famille du karaté de venir s’essayer à notre école lors de cette épreuve qui s’apparente chaque année à notre vitrine. Cela s’inscrit dans notre projet global de promotion du uechi-ryu, qui reste l’un des trois courants majeurs à Okinawa, le berceau du karaté. »

Cap sur la vingtième édition
Quoi de mieux dans ce cadre que d’accueillir des experts venus de l’archipel nippon situé à plus de mille-cinq-cents kilomètres au sud-ouest de Tokyo ? Cette année, à l’invitation de la FFK, c’est la venue d’Haruyoshi et Daiki Shimabukuro, respectivement huitième et quatrième dan, qui a ravi les participants, et notamment les techniciens qui ont l’honneur d’être jugés par ces remarquables représentants du style, à l’honneur lors du traditionnel stage du dimanche matin qui a rassemblé plus de soixante-dix licenciés. « Certains se ressentaient encore de leurs efforts de la veille mais n’auraient manqué ça pour rien au monde, sourit Didier Lorho. Comme lors de nos séjours là-bas, où le facteur météorologique ajoute souvent une difficulté supplémentaire, nous savions que ces trois heures allaient s’avérer riches et intenses, et personne n’a été déçu de ce point de vue. Par rapport à leur précédente venue en 2023, nos deux hôtes ont loué le niveau général en notant une progression de l’ensemble de nos pratiquants. » La preuve que le uechi-ryu se porte comme un charme en France, grâce notamment aux nombreux stages proposés aux pratiquants aux quatre coins du territoire. Dans ces conditions, la perspective de la vingtième édition de la coupe de France en 2026 s’annonce des plus réjouissantes pour le professeur de l’US Carrières-sur-Seine, à l’origine de ce temps fort avec Yukinobu Shimabukuro, installé de longue date en France et représentant en Europe de l’actuel soke (« grand maître ») Kansho Uechi, arrière-petit-fils du fondateur. « Nous allons dès à présent nous atteler pour organiser quelque chose de particulier et de marquant pour cet anniversaire. » Rendez-vous est pris !
Antoine Frandeboeuf / Agence Sen No Sen