

Tokyo 2020 : Kiyuna en or, Aghayev battu
Immense démonstration du technicien Ryo Kiyuna en kata masculin, tandis qu’en -75kg, c’est le renard italien Luigi Busa qui s’impose à la panthère d’Azerbaïdjan Rafael Aghayev ! Et dans la catégorie féminine des -61kg, celle de la Française Leïla Heurtault éliminée en poule, c’est la Serbe Jovana Prekovic qui se pare d’or.
Si certains se demandent encore si le kata exprime toute l’essence guerrière du karaté, il faut leur montrer Ryo Kiyuna, le karatéka de la « Sakumoto Karate Academy » à Naha Okinawa, s’exprimant sur ces Jeux olympiques. Intouchable, inébranlable depuis le matin, il accumule les démonstrations stupéfiantes, ramenant tous les autres à l’état de figurants. Quel charisme et quelle puissance ! Comme dans un manga japonais, ses frappes au sol résonnent dans toute la salle et personne ne peut rester indifférent face à une telle manifestation de force maîtrisée.
Nous voici au moment décisif. Après la victoire du Turc Ali Sofuoglu en place de trois – un médaillé mondial 2018 et champion d’Europe 2021, désormais médaillé olympique, qui représente parfaitement la montée en puissance du kata turc — sur le Coréen Heejun Park, après celle d’un Américain de vingt-trois ans, Ariel Torres Guttierez – déjà la surprise du TQO à Paris — sur l’ancienne grande gloire vénézuélienne Antonio Diaz, quarante-et-un ans désormais, les finalistes s’affrontent.
À vrai dire, l’Espagnol Damian Quintero, déjà satisfait d’être en finale, ne donna pas l’impression de lutter à armes égales et d’y croire vraiment, s’appliquant à un « Suparinpei » qui lui valait un 27,66 flatteur. Le spécial du Japonais Kiyuna, le kata « Ohan Dai », clouait tout le monde à son siège et était crédité d’un 28,72 qui se passait d’autre commentaire.
Impeccable jusqu’au bout, le champion du Japon, devenu olympien, saluait magnifiquement les uns et les autres et finissait par un solennel salut à genoux au centre du tapis, qui touchait tout le monde au cœur. Une image très forte des Jeux, malheureusement en l’absence du public japonais, qui en aurait été chaviré. Un crève-cœur.
Aghayev en argent
Autre star, autre style, l’immense, par le talent et le palmarès, quintuple champion du monde Rafael Aghayev, désormais trente-six ans, le cheveu moins noir et sans doute un soupçon moins rapide. Il est sorti deuxième de poule, battu par son vieux rival italien double champion du monde Luigi Busa, trente-trois ans. Les deux hommes s’arrangeaient pour se retrouver en finale des -75kg de ces Jeux olympiques si longtemps attendus. Un ultime duel tendu entre ces deux grands combattants expérimentés, deux briscards du karaté revenus de toutes les campagnes. Après une première touche donnée à l’Azerbaïdjanais, mais finalement retirée pour un contact trop appuyé, cela allait se jouer au corps-à-corps, sur une frappe vive au visage comptabilisée pour l’Italien. Et la grande histoire basculait du côté du carabinieri. Les Jeux de Tokyo arrivaient un peu tard pour la légende de Bakou, la panthère de l’Est, sorti couvert d’argent tout de même, dans cette lutte contre le temps. Une forme de logique était respectée.
Chez les féminines -61kg, c’est la combattante la plus solide du jour, et sans doute de la période, la petite Serbe Jovana Prekovic, qui venait à bout de la grande Chinoise Yin Xiaoyang dans un combat si disputé qu’il finissait par une décision 3-2 aux drapeaux. Il s’agissait de la même finale que lors des championnats du monde 2018, pour le même résultat, preuve de la stabilité qui règne dans la catégorie.
PALMARÈS
Kata Homme
1. KIYUNA Ryo (JPN)
2. QUINTERO Damian (ESP)
3. TORRES GUTIERREZ Ariel (USA)
3. SOFUOGLU Ali (TUR)
Combat -61kg Femme
1. PREKOVIC Jovana (SRB)
2. YIN Xiaoyan (CHN)
3. LOTFY Giana (EGY)
3. COBAN Merve (TUR)
Combat -75kg Homme
1. BUSA Luigi (ITA)
2. AGHAYEV Rafael (AZE)
3. HARSAPATAKI Karoly Gabor (HUN)
3. HORUNA Stanislav (UKR)