
Portraits clubs : dans l’arène !
Ils en garderont un souvenir ému, avec le sentiment, légitime, d’avoir vécu quelque chose d’unique, un moment peut-être décisif même, dans leur apprentissage. Sur les tatamis de Coubertin ce week-end, voyons comment nos combattants venus du Gard, du Bas-Rhin, de l’Eure et du Val-d’Oise, ont vécu leur première participation à l’évènement phare du karaté tricolore.
Shotokan Karaté Do Grand Combien (Gard) : « Développer le kata, c’est le principal »

Malgré une défaite sur Dori-Shiho Dai face à une adversaire qu’elle estimait à sa portée, c’est la tête pleine de souvenirs que Myrha Tarnus, vingt-trois ans, a quitté l’antre de Coubertin. « Participer à l’Open de Paris était un rêve depuis que j’ai commencé le karaté. C’est une opportunité incroyable, j’ai emmagasiné plus d’expérience que dans n’importe quel autre tournoi, je repars en ayant appris énormément ». Le revers d’une si belle médaille en revanche, c’est la pression ressentie par la karatéka au moment de pénétrer sur le tatami, comme le souligne son entraîneur de père, Laurent Tarnus « Elle a voulu trop bien faire, être parfaite, sauf qu’elle ne transmettait pas d’émotion, on ne ressentait rien ». Une analyse que rejoint sa fille « C’était beaucoup plus protocolaire qu’à mon habitude, et surtout on fait face à des références mondiales, alors j’ai voulu trop bien faire… ». Après une soirée durant laquelle il confie avoir « beaucoup échangé avec Nicolas, sur la gestion mentale, la manière d’aborder l’évènement », c’est le sourire aux lèvres que l’entraîneur de soixante ans empoigne son combattant. « Il a passé un tour, c’était l’objectif ! Il sauve aussi l’honneur du club ». Nicolas Perea retiendra « un long moment ce combat remporté à l’Open de Paris, c’est pour cela que j’ai fait tous ces efforts, que je n’ai pas compté mes heures d’entraînement ». Une étape cruciale pour son dojo, comme le souligne l’entraîneur gardois : « Cette participation, c’est la clé. Quand nous allons en parler aux plus jeunes, cela va les motiver plus que jamais à se surpasser pour, peut-être, pouvoir y participer à leur tour. Plus largement, une participation à une telle compétition donne un éclairage et, on peut l’espérer, permettra au club de séduire encore davantage, de développer le kata, et c’est là le principal ».
Karaté Élite Argenteuil (Val D’Oise) : un grand bond en maturité

Après une première journée « complexe, mais très positive pour se situer le niveau des athlètes », Cherif Tadjer était de nouveau en bord de tatami samedi. L’entraîneur du Karaté Élite Argenteuil a d’ailleurs profité du début de matinée pour « recentrer les athlètes psychologiquement, les rassurer, et leur rappeler de prendre du plaisir ». Et le briefing matinal du coach argenteuillais semble avoir au moins en partie payé, puisque lors du second jour de compétition, Cherif Tadjer pense avoir retrouvé des niveaux de combats conformes à ses attentes. « Certains ont été trop inhibés par l’enjeu le premier jour. Aujourd’hui, ils ont combattu à un niveau plus fidèle au leur ». Quant aux relatives contre-performances de ses jeunes pousses, dont il espérait certaines accéder aux podiums, l’entraîneur pense avoir en partie joué de malchance « Le tirage au sort ne nous a pas vraiment été favorable… Mon fils Zinedine perd un combat accroché contre le Belge (Quentin Mahauden, NDLR) qui termine médaille d’argent en -67 kg après avoir mené face à Jessie Da Costa ». Une analyse confirmée par l’intéressé lui-même « L’important, c’est de combattre à son niveau. Là, je fais quelques erreurs dans le combat, alors contre un adversaire de ce niveau cela se paie, mais c’est une bonne expérience, c’est comme cela qu’on progresse ». La suite ? « Je compte faire une séance vidéo collective dès ce début de semaine, afin que l’on puisse analyser les erreurs de chacun, et favoriser l’autocritique pour que les différents combattants se rendent compte des petites erreurs qui les séparent des tout meilleurs aujourd’hui. La petite erreur de début de combat, c’est souvent celle qui permet à l’adversaire de contrôler la suite. C’est ce qui s’est passé pour Adam Jacqueray », annonce le coach, qui se veut résolument positif pour la suite de la saison.
Sen Karaté Louviers (Eure) : « Viser des médailles aux championnats de France »

« Il fait un beau combat, il peut être fier de lui ». D’emblée, Rabah Rafa donne le ton. Son combattant a fait honneur au Sen Karaté Louviers. Et pour cause, à l’occasion de sa seconde participation à la Grand-messe du karaté français Mamoudou Mamadou s’est illustré en accrochant Milton Boisseron, combattant en équipe de France (défaite 4-5). « Lors de mon premier Open, j’étais vraiment en dedans, à cause de la pression et du côté festif de l’événement. Aujourd’hui j’étais libéré, j’ai combattu à mon niveau ». Un aspect également souligné par Walid Slimani, l’un des entraîneurs du club « Le côté “première fois” rentre évidemment en compte, je l’ai vécu en tant qu’athlète auparavant. Mais cela ne fait pas tout, la pression en sublime certains, on l’a vu avec les quelques surprises de la journée. C’est aussi révélateur de différents aspects, physiques, techniques, et psychologiques ». Pour soutenir, le club a mis les petits plats dans les grands. Nombreux étaient les jeunes combattants réunis au Sen Karaté Louviers pour suivre leurs aînés en live sur YouTube. Une poignée avait même parcouru la centaine de kilomètres séparant Louviers de la capitale pour encourager de vive voix les meilleurs éléments de la structure. Cette première « encourageante » aura été l’occasion de « tutoyer les meilleurs Français et quelques internationaux » pose Rabah Rafa. Le club normand espère désormais faire son trou, et ne compte pas faire de la figuration lors des prochains championnats de France. « On va s’appuyer sur ce week-end comme point de départ les France, où nos objectifs seront beaucoup plus marqués. Nous pensons avoir les athlètes pour y obtenir des podiums. »
Stadium Olympique Strasbourg (Bas-Rhin) : une finale et rendez-vous en 2023 !

Chez les Tas, le karaté est une affaire de famille… et le ce n’est pas le public présent ce week-end au stade Coubertin qui dira le contraire. Une dizaine de supporters alsaciens avaient décidé de rallier Paris depuis la capitale de l’Europe, et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont fait entendre leur voix. Trois jours durant, les Strasbourgeois ont allègrement encouragé leurs combattants émérites. Côté tatami, le directeur technique du club, Ahmed Tas, a souligné les performances de ses jeunes troupes. « Ils ont fait une bonne compétition. J’ai dit, en venant ici, que si l’on faisait une médaille, je serais heureux, c’est chose faite avec Sami (Tas) qui décroche l’argent dans la catégorie – 60 kg ». Très déçu à l’issue de la finale, le principal intéressé confie a posteriori être « satisfait de [sa] compétition », avant d’ajouter « L’Open de Paris, j’y viens depuis tout petit, alors même si je suis très déçu de la finale, c’est une très belle ligne à mon palmarès ». Son frère, Yanis, s’est pour sa part incliné face au futur médaillé de bronze de sa catégorie, tout comme Yamadou Diakho en poids lourds. « L’Open de Paris, j’ai toujours voulu le faire en tant que combattant. Y participer et réussir, ça vous marque à vie. Et cela fait briller le club, souligne Ahmed Tas à l’issue la remise des médailles. Cette année, je suis venu avec cinq combattants, l’année prochaine j’espère venir avec dix, et ainsi de suite… Ce n’est que du positif pour eux, c’est génial ».