

Portrait d’arbitre : Franck Chereau
Véritable passionné de karaté depuis qu’il a débuté la discipline à l’âge de 5 ans, Franck Chereau, cumule depuis quelques années les responsabilités au sein de son club, du département et de l’arbitrage en France. Il revient avec nous dans ce second « Portrait d’arbitre » sur ce qui l’a amené à l’arbitrage et sur ses diverses occupations dans le karaté.
Ce mois-ci : Franck Chereau, arbitre international (depuis 2012).

L’interview
Franck, vous faites du karaté depuis combien d’années ? Pourquoi avoir choisi cette discipline ?
Je pratique le karaté depuis l’âge de 5 ans, soit 28 ans de pratique. Depuis mes débuts, j’ai suivi l’enseignement de Pierre Mansais (7ème dan) avec mon frère et ma sœur à Montlouis-sur-Loire. Ils ont commencé le karaté un an avant moi et je les ai suivis. Au début, je n’avais qu’un cours par semaine, les mercredis après-midi et c’était plus de l’éveil-karaté. Et puis en grandissant, j’ai suivi leurs traces, j’ai fait de la compétition et ça a bien marché. Plus tard, j’ai pris conscience que le karaté dans son ensemble était une véritable école de la vie dans laquelle je m’accaparais ces valeurs. Aujourd’hui, j’apprends encore sur notre discipline, sur son histoire, sur son évolution, sur sa pratique…
Vous êtes depuis 2007, 4ème Dan de Karaté, est-ce un accomplissement ou avez-vous la volonté d’apprendre encore et de vous élever dans la pyramide des grades ?
Non ce n’est pas un accomplissement, je ne suis qu’au début. J’ai mis de côté volontairement les examens des grades depuis 3-4 ans pour me consacrer intégralement à l’arbitrage et à ma « carrière d’arbitre ». Je devais répondre présent à toutes les manifestations, même à celles où je n’étais pas convoqué pour me faire remarquer et pour que le responsable d’arbitrage puisse compter sur moi et me présenter un jour à un examen international. Le calendrier des compétitions étant très chargé, les examens tombent à chaque fois sur une compétition nationale ! Je suis jeune, j’ai le temps de passer mon 5ème dan. Néanmoins, je suis de ceux pour qui le grade reste un symbole fort dans notre discipline. J’ai la chance de compter un 7ème dan et deux 5èmes dan dans mon club pour pouvoir m’entrainer et continuer à progresser.
Vous êtes un arbitre reconnu au niveau national, pourquoi avoir choisi cette voie de l’arbitrage ?
Pour plusieurs raisons : mon professeur, ancien arbitre national, nous a initié très tôt à l’arbitrage. J’ai passé mes titres départementaux et régionaux très jeune. Une fin de carrière sportive avec des échecs au pied du podium… et une volonté pour autant de représenter la France à l’international. J’aime la compétition, j’aime ce stress, j’aime être aux premières loges du spectacle et de voir le résultat des heures de travail des athlètes. Je veux être le plus juste possible sur chacun des matchs que j’arbitre, donner le meilleur de moi-même pour faire gagner le meilleur compétiteur.
Qu’est-ce que l’arbitrage vous apporte dans ta pratique du karaté et inversement ?
La pratique du karaté affine mes réflexes lors de la prise de décision en arbitrage. Il faut rester dans le coup, je ne conçois pas un arbitre ne pratiquant pas le karaté. Je fais beaucoup de combats en club ou en stage et c’est vrai que pendant les compétitions, je me mets à la place des combattants. Quand un coup part, j’analyse très vite la trajectoire et je sais s’il est dans le temps. C’est intéressant également de se mesurer avec les athlètes que j’arbitre sur les compétitions nationales. Lors des stages certains sont surpris de voir un arbitre en kimono… et ça fait plaisir quand ces mêmes personnes te disent que tu devrais reprendre la compétition ! Les règles d’arbitrage m’aident à mettre en place des stratégies de combat pour mes élèves. Comment se placer, ce qui est autorisé ou non, les fautes à éviter, etc.
Vous êtes également juge international en Combat et Kata, quelle discipline préférez vous juger ?
Ces 2 disciplines sont totalement différentes et j’aime arbitrer les deux avec c’est vrai une préférence pour le combat. Dans le kata, on reçoit de plein fouet l’intensité des mouvements, la percussion, la précision, la stabilité, on ressent toute la concentration du compétiteur, un travail de précision au millimètre répété et répété encore et encore. C’est puissant, c’est élégant. En combat, c’est différent, les périodes de sautillement sont des moments de récupération pour les combattants mais également pour notre concentration tout en restant vigilant. Mais dès que ça part, il faut être le plus réactif possible. Les juges et l’arbitre ont une panoplie d’actions plus importantes en combat et il peut se passer des revirements de situation à quelques secondes de la fin…
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite se lancer dans l’arbitrage ?
Tout d’abord bien connaître le règlement d’arbitrage, ce n’est pas parce que l’on a vu de l’arbitrage ou que l’on est ancien compétiteur que l’on peut arbitrer. Ensuite, lui rappeler qu’il n’est pas seul, que l’arbitrage se fait en équipe. Qu’il doit continuer à progresser dans son karaté et qu’en tant qu’arbitre il est là pour faire appliquer le règlement, la règle du jeu. Qu’il ne doit pas hésiter à parler et à échanger avec son responsable régulièrement et de ne pas partir de la compétition avec la boule au ventre. Enfin qu’il se fasse plaisir et qu’il donne le meilleur de lui-même sur chaque combat comme si c’était lui le compétiteur.
Quel est le moment le plus difficile pour un arbitre lors d’une compétition ?
Il arrive parfois qu’il y ait une perte d’attention d’un membre de l’équipe arbitrale sur le tatami. Cela peut-être dans le rôle de préparation des combattants, dans l’oubli de déclencher le chrono alors qu’il reste quelques secondes et que le combat est très serré, d’une mauvaise notation des scores à la table, d’une mauvaise appréciation d’un impact sur un combattant, etc. Chacun doit garder son rôle et sa mission à un instant T pour que tout fonctionne au mieux. Ce moment d’inadvertance d’un membre de l’équipe peut déstabiliser un match et créer un climat de tension autour du tatami.
Quelle qualité avez-vous développé en pratiquant l’arbitrage ?
Sans aucun doute cela a accentué mon sens de la responsabilité. En complément de mon activité professionnelle, je suis le manager qui conduit et suit une équipe pour qu’elle donne son maximum. Je connais le règlement sur le bout des doigts (un responsable doit être crédible vis-à-vis de sa hiérarchie, de son équipe, des athlètes et des coachs) je sais quand intervenir lors des moments délicats, trancher quand il le faut et rendre compte aux responsables de la Commission. D’un point de vue professionnel, mettre que l’on est manager d’une équipe arbitrale de 10 à 12 personnes par weekend, aide à faire confiance pour diriger une petite équipe de développeurs.
Pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein de la CNA ?
Lors des compétitions nationales j’occupe régulièrement le poste de responsable de tatami. Cette fonction de responsable consiste à gérer l’ensemble du tatami sur toute la durée de la compétition. Le responsable est le manager du tatami. Le choix des arbitres sur les différents combats, veiller au bon respect de la réglementation, répondre des actes de ces arbitres et savoir assumer et réparer au cas où. Insuffler un esprit d’équipe pour motiver et faire jaillir le meilleur de chaque arbitre sur le weekend. Au sein de la CNA, je suis chargé de mission au près de Bruno Verfaillie. Ma mission principale est la conception du site Internet de la CNA et de sa base arbitrale. Dorénavant, nous avons un suivi et une gestion de nos arbitres nationaux au plus près. Pour faire simple, toutes les informations de gestions, convocations, de suivi du corps arbitral, d’inscriptions aux examens, de mise en relation avec les responsables régionaux, de mise en commun des différents projets des écoles régionales d’arbitrage, etc. tout est centralisé sur notre site. Il permet également de faciliter l’édition des documents de compétition qui est un gain de temps énorme pour le responsable. Nous en sommes au stade de qualification fonctionnelle au niveau national et sur les ligues pilotes que sont la ligue Flandre-Artois et TBO.
L’idée est de pouvoir déployer, peut-être pour la saison prochaine, ce site à une dizaine de régions.
Vous êtes également Président du Comité Indre-et-Loire de Karaté, racontez-nous une semaine type de votre agenda !
Oui et président du club des Arts Martiaux Montlouisiens. Ma semaine est ponctuée des entraînements que je dispense et de la gestion du département et de mon club. Les lundis et mercredis, sont dédiés à la gestion du département ou du club suivant les besoins, les mardis et jeudis aux entraînements que je dispense et les mercredis et vendredis aux entraînements que je suis. Etant salarié du privé, je suis obligé de poser des jours de congés pour les rendez-vous auprès des partenaires institutionnels ou privés. En parallèle, je me dégage du temps pour travailler sur ma mission au sein de la CNA. C’est un emploi du temps très chargé mais je suis entouré de personnes très compétentes au sein de mon département qui connaissent leurs rôles et qui le font à merveille.
Quel est votre métier en parallèle de votre activité dans le karaté ?
Je suis concepteur de projet dans l’informatique pour la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV). Je suis chargé de mettre en œuvre par des programmes informatiques, les directives ministérielles en matière d’assurance retraite. Retraite anticipée carrière longue, Indemnités journalières Maladie, Majorations trimestres enfants, Prise en compte de la Pénibilité, etc. tout ce qui est en rapport avec la carrière des assurés. C’est un métier intéressant où l’on répond à des besoins d’actualités qui touchent toute la population.
Avez-vous des passions autre que le karaté ?
La randonnée en montagne et les récits de voyage. Tous les ans j’essaie de partir faire une randonnée avec ma femme ou mon frère. Le Tour du Mont-Blanc (1 semaine de randonnée dans les Alpes), une partie du GR10 (1 semaine de randonnée dans les Pyrénées) et dernièrement le Tour du Piton des Neiges GR R1 (5 jours de randonnée à la Réunion). Nous avons pour projet le GR20 en Corse et plus tard le Tour des Annapurna dans l’Himalaya. Le fait de marcher dans des grands espaces, de contempler l’immensité des paysages et de se dire que malgré nos petites jambes on arrive à gravir des sommets…
Fiche d’identité
- Franck
CHEREAUArbitre internationalNé le 02 novembre 1981- Ligue: TBO– Début du Karaté: 5 ans
– Début de l’arbitrage: 13 ans