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Open de Paris 2020 – Une édition sous pression

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L’Open de Paris 2020 a bien des chances de rester longtemps le seul rendez-vous du karaté mondial à ouvrir une année olympique. C’est en effet la dimension qui emporte tout cette fois : derrière les médailles prestigieuses, ce sont les points à la « standing » qui comptent. Devant un public survolté – qui annonce un TQO d’anthologie – des athlètes souvent exténués ont tout donné pour prendre position dans le peloton avant la dernière ligne droite.

Si tout paraît familier, l’Open de Paris 2020 ne ressemble en fait en rien à ce que le public connaît. Celui-ci ne s’y trompe pas d’ailleurs, encourageant plus que jamais les couleurs françaises, collectivement conscient de la difficulté à laquelle sont confrontés ses combattants favoris. L’effet « à domicile », l’échelle des hiérarchies de valeur, la capacité à se préparer pour un événement spécifique… plus rien ne tient devant le rouleau compresseur qu’est cette course harassante qui se répète de week-end en week-end, mobilisant toute l’élite sans exception, sinon les blessés et les exténués, et qui nivelle tout.

Une course d’autant plus épuisante qu’elle est totalement hors norme dans l’expérience de cette élite habituée à gérer sa préparation de façon bien différente. Elle sera aussi globalement vaine pour l’immense majorité d’entre eux. Outre la qualification directe, si difficile à atteindre, dans l’une des six catégories « combat » qui rassemble les dix catégories traditionnelles, se joue aussi une sélection pour les championnats d’Europe, des points qui compteront encore, ultime chance de monter d’un cran dans la hiérarchie, et pour le terrible TQO à venir. Un tournoi de « mort subite » à Paris dont on mesure à quel point il exacerbera toutes les émotions : le paradis pour dix-huit combattants qui sortiront dans les trois meilleurs des catégories olympiques qui seront proposées, l’enfer immédiat et total pour tous les autres, à l’issue de chaque combat perdu. Un océan de larmes en perspective, dont certaines de joie.

Les Da Costa à l’assaut !

Lui fait la course en tête avec une belle assurance. Le champion du monde et d’Europe français Steven Da Costa s’est bien remis de la petite baisse de régime qui avait suivi le rendez-vous européen et enquille les médailles. C’est la troisième consécutive après sa victoire à Moscou en octobre et sa troisième place à Madrid en novembre. Il assure à la fois les points, le spectacle et même la bataille psychologique, car c’est contre l’un des adversaires qu’il apprécie le moins qu’il lâche les chevaux en finale au point de le détruire sur place à coups de mawashi et ura-mawashi diaboliques (et un suffoquant yoko-geri). Le malheureux Italien Luca Maresca qui ne pouvait que baisser la tête en applaudissant à la fin du compte. Un triomphe parisien accompagné comme il se devait par une « standing-ovation » du public, et c’est plus que jamais le cas de le dire. Steven Da Costa est en effet le meilleur -67kg dans cette course impossible aux quatre meilleures places directement qualificatives. Quatre places pour deux catégories… C’est d’ailleurs le -60kg kazakhastanais, Darkhan Assadilov, qui tient toujours la corde avec le plus grand nombre de points dans cette catégorie des légers (-67kg) « olympiques ». Mission pleinement accomplie pour le golden boy du karaté français sur lequel reposent tant d’espoirs. Mais avec trois « Premier League » à quasiment mille points encore possibles, dont Dubaï dans quinze jours, un championnat continental en plus, il devra, comme les autres, se battre jusqu’au bout.

Dnylson Jacquet revient bien

Les Da Costa aiment quand cela devient difficile et l’aîné Logan est clairement passé à la vitesse supérieure en -75kg. Toujours aussi combatif, mais aussi plus lucide et tactique, il enchaîne sa deuxième finale en Premier League après Madrid. Malgré les mille cinq cents points qu’il vient de récolter dans ce renouveau, il regrettera peut-être de ne pas avoir su gagner ces finales, notamment ici à Paris contre le n°1 du classement, le longiligne Iranien Bahman Asgari Ghoncheh. Ni d’avoir su prendre les « gros points » plus tôt. Il est encore en effet à plus de deux mille unités du dernier qualifié direct, l’Américain Thomas Scott. Une sacrée gageure, même si elle ne lui fait pas peur.

On note un encourageant parallèle avec Dnylson Jacquet en « +75kg ». Longtemps réduit à un rôle de participant, le +84kg du Samouraï 2000 Le Mans a commencé à manifester un impact nouveau depuis septembre en gagnant le tournoi Série A de Santiago du Chili. Il reste lui aussi sur deux finales successives, Madrid et Paris, et malheureusement les perd toutes les deux, contre l’Iranien Ganjzadeh n°2 de la standing à Madrid, contre le Géorgien Arkania à Paris – un adversaire engagé dans un rush impressionnant : six médailles en sept participations, dont deux victoires, et actuellement cinquième à la standing. Dnylson Jacquet arrive en forme – malgré une main douloureuse – dans un bon timing et s’impose au moins comme un vrai rival pour Medhi Filali, lequel, malgré une intéressante cinquième place à Paris, ne renoue pas avec la série de quatre podiums sur lesquels il a su se hisser entre juin et octobre. Un duel final se dessine entre ces deux-là.

Chez les masculins, la médaille de bronze tout en relâchement et en feeling du jeune Yanis Lamotte en -67kg amène un peu de fraîcheur dans cette ambiance de sueur froide, crispée par les enjeux.

Au bout du rouleau

Hélas, rien ne bouge pour les féminines françaises des catégories légères. La mieux classée des -55kg olympiques, Alexandra Recchia, un bel espoir de médaille à Tokyo au départ de la course aux points, n’y arrive pas. L’explosive ne parvient plus, même devant son public, à trouver les ressources pour accélérer et sort dès le deuxième tour, Sophia Bouderbane, avec qui elle est en concurrence, perdant au troisième. Il y aura un va-tout à jouer sur le TQO.

La déception est énorme en +61kg où la -68kg Alizée Agier, qui se bat pour la sélection directe, perd une occasion parfaite de se donner un peu d’air à Paris, en échouant dès le premier tour, laissant l’Azerbaïdjanaise Iryna Zaretska, l’Iranienne Hamideh Abbasali, toutes les deux en or à Paris (-68kg et +68kg), mais aussi des rivales directes comme la Turque Meltem Hocaoglu, la Chinoise Gong Li, la Suissesse Quirici ou l’Égyptienne Ferial Abdelaziz, renforcer leurs menaçantes positions. Très à l’aise jusqu’en septembre avec une dernière finale à Tokyo, la championne d’Europe et du monde française, désormais première non qualifiée, laisse monter le doute, dont profite Anne-Laure Florentin, efficace troisième à Paris, encore loin derrière à la standing, mais peut-être la fille en forme dans l’éventualité d’un TQO décisif.

Enfin si elles sont toujours là, fidèles dans leur rivalité pied à pied, on peut être tout de même déçu pour elles qu’elles ne se soient pas retrouvées en finale en -61kg comme on en rêvait.

Leïla Heurtault était battue par la Turque Merve Coban et Gwendoline Philippe par la Chinoise Yin Xaoyan, respectivement n°3 et n°1 mondiales. Malgré leurs médailles de bronze, c’est une mauvaise opération objective. Gwendoline reste la première non qualifiée, désormais à cinq cents points de la quatrième et dernière de la liste, la Serbe Jovana Prekovic, et à plus de mille points de Coban qui l’emporte à Paris. Leïla Heurtault, 9e, est encore cinq cents points plus loin.

La bataille finale sera éprouvante pour les nerfs. Si le Japon commence à lâcher – mais aura ses six combattants frais à Tokyo – la Turquie (cinq qualifiés potentiels) et l’Iran (quatre qualifiés potentiels) en particulier continuent à s’accrocher aux places qualificatives.

L’Espagne prépare sa médaille olympique

Et le kata ? Mauvaise sensation pour le Japon qui voit la passation de pouvoir s’opérer entre la Japonaise Shimizu et la championne espagnole Jaime Sanchez, qui l’emporte désormais systématiquement contre elle. Heureusement pour le Pays du Soleil Levant, Ryo Kiyuna – qui n’a plus perdu depuis février 2018 – continue à faire rempart aux prétentions de l’Espagnol Damian Hugo Quintero Capdevila.

Si, malheureusement, le Français Enzo Montarello ne parvient pas à s’approcher de l’élite qui compte aussi le Turc Ali Sofuoglu, l’Italien Busato et le Vénézuélien Diaz, la meilleure Française, Alexandra Feracci, demi-finaliste à Paris, est désormais en vue de l’élite féminine. Neuvième à la standing, tous les espoirs pour le TQO lui sont permis.

Emmanuel Charlot / Sen No Sen
Photos : Denis Boulanger / FFK

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