Open de Marseille : quel spectacle !

Organisée le week-end dernier au Dôme de Marseille, sous la houlette du Club Arlésien de Karaté Do et du comité départemental, cette première édition de l’Open de Marseille a fait vibrer les Bouches-du-Rhône.

Fatigué mais heureux. Ben Abdeselem, vice président du comité départemental des Bouches du Rhône et directeur technique du club arlésien, ne cache pas sa joie après les trois jours de compétition, même si la logistique va encore l’occuper jusqu’à ce vendredi. Pas très grave, tant ce pari d’un nouveau tournoi international dans les Bouches-du-Rhône a revivifié un feu jamais éteint. « Il y a cinq-six ans, l’idée de mettre en place un nouvel événement avait germé. Notre ambition avait été freinée par la période covid mais rien ne s’est jamais vraiment arrêté dans nos têtes et tout s’est finalement réenclenché à vitesse grand V il y a quelques mois. Je me dois de remercier nos partenaires majeurs (la région sud, le département des Bouches du Rhône, la mairie de Marseille), mais également le Président de la Fédération Française de Karaté, M. Francis Didier, pour son soutient des plus importants a l’événement, dont en repose l’entière réussite. Je crois que l’on peut parler d’un événement magnifique avec une salle splendide, ce qui m’a souvent été rapporté durant ces trois jours. »

« On pense déjà la prochaine »

Président du comité départemental, Charles Farrugia, confirme l’excellente impression laissée par ce tournoi. « Avec quatre-cent quatre-vingt-seize combattants, le nombre de participants est la première des belles réussites de cet Open. C’est d’autant plus satisfaisant quand on sait que les prix des hébergements, étaient plus élevés ce week-end du fait de la coupe du monde de rugby, de la foire de Marseille et de la présence du Pape ! Il s’agit d’un événement moteur et fédérateur pour notre département et notre ligue, qui doit jouer le rôle de vitrine pour notre discipline et continuer à attirer du monde, notamment la jeunesse, dans nos dojos. Nous partons en effet sur des bases légèrement supérieures à la saison dernière, mais notre ambition est d’atteindre les 10 000 licenciés car le potentiel est réel. Le renouvellement de cet Open ? Nous y réfléchissons déjà évidemment. L’équation financière est un enjeu évidemment puisqu’il s’agit d’un budget de 150 000€, mais il faudra sans doute aussi réfléchir sur son positionnement. La date choisie cette année ne fut sans doute pas la meilleure. Pour la prochaine édition, nous pensons à un week-end entre février et avril qui est plus léger en termes de compétitions au niveau national. »

Le Kazakhstan en force

Un événement dont la réussite fut aussi d’attirer un plateau international dense et de qualité. Quatre continents, trente-sept pays, dont certains venus de très loin à l’image des vingt-trois Népalais, 45 Iraniens, 20 Turcs et des quinze Colombiens… Mais surtout, des cent-trois Kazakhstanais, la plus grosse délégation de cette édition derrière les Français. Une équipe kazakhe qui termine d’ailleurs meilleure nation, avec seize titres, onze médailles d’argent et vingt-quatre de bronze. Un résultat impressionnant pour l’équipe dirigée par l’ancien champion de France et international tricolore Tareq Abdesselem (Directeur des équipes du Kazakhstan), formé par son père à Arles, qu’a surtout pu côtoyer, en amont de la compétition, les jeunes karatékas de la région, comme le raconte avec un grand sourire Axel Joao, le directeur technique l’AS Brignoles Karaté. « Ils sont venus au club mercredi dernier pour partager leur expertise. Parmi eux, figurait notamment Sofya Berultseva, médaillée de bronze olympique à Tokyo en -61kg. Un moment magique pour les compétiteurs du club… et pour moi ! J’aime leur style, plus athlétique que le nôtre et qui repose sur des déplacements très dynamiques. Les avoir vus à l’œuvre au club et lors d’un stage à Sainte-Tulle, dans les Alpes-de-Haute-Provence, va me permettre de travailler ces spécificités avec mes élèves, d’autant que la prochaine échéance arrive vite avec l’Open de France à la mi-octobre. »

Nancy Garcia en préparation

Le club brignolais qui s’est d’ailleurs distingué chez les jeunes avec trois victoires en benjamin pour Elian El Aouni (-30kg), Haroun Nefzaoui (-35kg) et Antoine Caren (-40kg). « J’avais engagé seize combattants au total, poursuit Axel Joao. Vu le niveau de cette compétition, j’avais décidé de faire une sélection : seuls les médaillés nationaux la saison dernière pouvaient participer. Nous avons débuté les entraînements début août pour cet Open de Marseille, qui a non seulement l’avantage d’être très proche au niveau géographique pour nous, mais également de proposer un niveau d’opposition très intéressant. Finalement, nous finissons à onze médailles, de quoi bien lancer la saison. » Un tournoi auquel participait également l’une des leaders du karaté français : Nancy Garcia. Formée au club arlésien de Ben Abdesselem, l’actuelle licenciée de l’AASS Karaté Sarcelles, double médaillée de bronze aux championnats d’Europe 2022 et 2023 en +68kg, avait coché de longue date cet événement dans le cadre de sa préparation aux championnats du monde de Budapest (Hongrie), fin octobre. « L’objectif était d’avoir quelques combats dans les jambes avant le grand rendez-vous mondial, d’emmagasiner de la confiance et de tester les pistes de travail que je mets en place, notamment autour de la prise d’initiative. Finalement, j’ai effectué quatre combats, deux assez faciles, deux plus compliqués. En finale, j’ai rencontré la Colombienne Shanee Torres et je marque à la dernière seconde, mais c’est un combat qui me satisfait car je suis restée très concentrée jusqu’au bout ce qui est l’un des points sur lesquels je dois m’améliorer. »
Une championne du cru, qui, au-delà, était heureuse et enthousiaste d’avoir pu évoluer proche de ses terres lors de cette première marseillaise. « C’est vraiment très plaisant et une excellente chose pour la dynamique du karaté français qu’il y ait des événements ailleurs qu’à Paris. Ici, vous le voyez, ça vibre pour le karaté ! ».