

Nicolas Boulassy, un homme de transmission
C’est un visage incontournable de la fédération qui s’apprête à tirer sa révérence pour cause de retraite après plus de trente ans au service de la formation et de tous ceux et celles qui ont voulu pousser l’expérience au-delà de la simple pratique. Un rouage essentiel du karaté français.
« Tout commence en Guadeloupe par une injustice. Champions avec mon équipe de football, nous sommes relégués pour des raisons administratives qui me découragent. Je me mets donc à la recherche d’une nouvelle activité, je découvre presque par hasard le karaté, que je commence à pratiquer en cachette car ma mère avait peur que je me blesse. Moi qui suis de Basse-Terre au sud de l’île, je faisais de l’auto-stop pour suivre les cours de Camille Paulin, pionnier du karaté guadeloupéen et faiseur de champions, sur Pointe-à-Pitre. Je le revois ensuite faire la route jusque chez moi pour supplier ma mère de me laisser m’entraîner, car j’avais été aussitôt conquis par cette discipline où tu n’avais pas besoin d’être grand ni costaud pour être efficace. Je voulais tellement faire partie des meilleurs à performer dans ce système-là que j’ai pris, à vingt ans, la décision de venir à Paris. Nourri par la lecture d’un livre d’Henry Plée, qui s’achevait sur l’image d’un dojo bâti à côté d’un grand sapin, j’étais convaincu de retrouver ce lieu, que j’avais naïvement mythifié, en me rendant à son dojo de la montagne Sainte-Geneviève à mon arrivée dans la capitale. Malgré la surprise, j’ai poussé cette grosse porte en bois et je ne l’ai pas regretté une seconde ! Je suis tombé sur d’excellents formateurs, à commencer par Raphaël Gaillard et Jean-Luc Montama (premier champion du monde français, sacré en 1980, NDLR), qui m’ont aidé à devenir un karatéka complet, à la fois technicien et combattant, avec quelques résultats à la clé comme des titres de champion de Paris et d’Île-de-France. »
Par Antoine Frandeboeuf / Sen No Sen
Photo Denis Boulanger