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Mondiaux de krav-maga – Alain Formaggio : « Se confronter au réel »

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Septième dan et expert fédéral, Alain Formaggio défend un krav-maga en prise avec le réel et le lien avec la compétition, avec les championnats du monde à Paris en ligne de mire.

Avant de parler du grand événement que constituent les championnats du monde, quelques mots sur votre parcours et votre rencontre avec le krav-maga…
J’étais déjà instructeur dans la police depuis 1985 quand j’ai croisé le krav-maga, après avoir commencé jeune par le karaté, puis le full-contact, la boxe française et le kick boxing. Cette discipline a rencontré mon obsession du « petit qui peut vaincre le fort » comme on dit dans le milieu martial – et que je traduisais volontiers en langage plus fleuri. J’ai beaucoup bourlingué dans cette discipline qui a tout de suite éveillé mon intérêt, car elle proposait exactement ce que je recherchais depuis le début. J’ai fait de nombreux stages avec Haïm Zut, le premier diplômé du fondateur Imy Lichtenfeld, j’ai travaillé avec Daren Levine, une référence aux États-Unis, j’ai été diplômé par Eyal Yanilov en 1998. Depuis 2010, je travaille beaucoup avec Itay Gil, un ancien des Forces Spéciales israéliennes, instructeur au YAMAM, qui est l’équivalent du RAID ou du GIGN en Israël. Mais mon passé de boxeur et mon expérience professionnelle m’ont conduit à une synthèse pédagogique un peu personnelle. La boxe a notamment renforcé, chez moi, l’idée de supprimer toute attaque préconçue. Les techniques sophistiquées apprises à l’entraînement ne marchent jamais en situation de stress.

Vous êtes membre de la commission nationale de krav-maga depuis sa création et vous avez notamment, pour parler de compétition, poussé pour la création d’un championnat de France…
Oui, ces championnats de France lancés en 2014 se faisaient alors uniquement à travers une prestation technique en binôme. Nous avons laissé le temps à ce format de s’installer, de manière à avoir cinq à six championnats techniques avant de mettre en place la deuxième idée qui était de faire un championnat combat.

Avec quel état d’esprit ?
Celui du krav-maga ! C’est-à-dire du travail à mains nues et du travail avec armes, sur un tatami au début, puis sur une aire de combat avec des boudins autour, sur un ring puis une cage. La question s’est posée de savoir si on laissait tomber la formule combat défense avec couteau, bâton et mains nues pour ne faire que de la cage, un peu comme le karaté-mix, et prouver aussi qu’au krav-maga on faisait du combat total. Francis Didier nous a autorisés à maintenir les deux compétitions avec l’idée de répondre à celles et ceux qui sont plus traditionalistes, en passant sur un ring pour le combat défense afin que ce soit plus visible pour les spectateurs et également pour les arbitres.

Pouvez-vous justement nous rappeler le format de compétition des prochains championnats du monde ?
Il y a trois épreuves : technique, combat défense et combat libre. La technique, cela ne change pas avec une prestation en duo. Pour le combat défense, il s’agit d’un mode « défense surprise » sur le ring, celle du combat de rue : dos tourné à l’agresseur, dont on ne sait pas s’il attaque avec un bâton ou un couteau, au déclenchement du gong, on se retourne et on doit faire face à des attaques enchaînées. Chacun est attaquant puis défenseur pendant des périodes de dix secondes, puis on change d’arme. On ne marque un point que si l’on réussit à bien se défendre en tant que défenseur, c’est-à-dire en n’étant pas touché plus de deux fois, au couteau comme au bâton. Techniquement, on doit faire très attention au bras armé, et bien le capturer même si on va au sol, de manière à ne pas se faire toucher. En cas d’égalité, on part sur une défense pied-poing de dix secondes chacun son tour. S’il y a encore égalité, c’est un combat libre qui dure trente secondes à l’issue duquel les juges doivent départager les combattant(e)s. C’est très explosif, très rapide, très rythmé.

Quid du combat libre ?
Pour le combat libre, qui se disputera le dimanche matin sur ces championnats du monde, nous sommes très cousins du
karaté-mix dans les règles, mais nous avons laissé les pratiquants de krav-maga travailler sur toutes les percussions possibles, avec moins d’interdictions, notamment celles des coups de genou. L’idée est de ne pas dénaturer le krav-maga, celle du combat réel évidemment. Les éliminatoires se feront dans la cage sur deux minutes, avec frappes debout et frappes au sol autorisées sur toutes les zones du corps, sauf au visage. La finale, elle, se jouera en 2 x 2 minutes. Pour les cadets, les juniors, les vétérans 1 (35-45 ans) et les vétérans 2 (plus de 45 ans), on sera en light contact. Pour les seniors (18-35 ans) en revanche, ce sera du plein contact, donc avec K.O autorisé, que ce soit en combat défense sur le ring ou en combat libre.

L’idée est que l’on reste connecté à l’essence de la discipline…
Oui, tout à fait. Avec de la liberté et du réalisme. Bien sûr, on ne peut pas faire de la défense pistolet, ou des choses comme ça. Mais je suis policier, toujours en activité, je regarde les statistiques et plus de la moitié des agressions se font à l’arme blanche désormais. Le temps où l’on s’empoignait pour se mettre un coup de poing au visage, c’est fini. Aujourd’hui, une embrouille en voiture, un problème de voisinage… on voit les gens sortir avec un couteau. Il y a trente ans, si je montrais du couteau, on me disait : « Montre-nous plutôt des saisies, des étranglements, des coups de poing, des coups de pied parce que les coups de couteau, je ne vais pas tous les jours… ». J’entends ceux qui me disent : « Oui mais, dans la rue, on est sur du béton, pas sur un tatami, dans la rue, on a un vrai couteau… »

Que leur répondez-vous ?
Ma réponse, comme notre approche du combat, est claire : systèmes de self-défense traditionnelle et compétition ne s’opposent pas. C’est d’ailleurs pour cela que nous avions lancé les premiers championnats de France, puis participé activement aux premiers championnats du monde en 2017 en Israël grâce à l’aide de Marc Fesler d’ailleurs. Et mon discours n’a pas changé : c’est vrai, on a un couteau en mousse, on n’est pas sur le bitume, mais si tu ne fais rien, tu ne sauras jamais rien faire ! C’est valable au cours de krav-maga du quartier comme pour les forces de l’ordre, et même les troupes d’élite. Si on ne simule pas, on ne sait pas faire le jour J. Le lien est là : la compétition, c’est la simulation ultime, où l’on retrouve un peu l’adrénaline et le stress du combat de rue. Rester dans le traditionnel, trop dans le discours, c’est se tromper. Nous sommes dans une ère de progression nouvelle.

Cet entretien est à issu du numéro d’Officiel Karaté Magazine n°16 à retrouver ici dans intégralité

Toutes les informations relatives aux championnats du monde de krav-maga sont disponibles ici.

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