

Les bienfaits du Wushu Santé au sein des EHPAD
Pendant les 2 années qui ont précédé la crise sanitaire en région lyonnaise, des soignants en Ehpad ont suivi des modules de formation en Qi Gong. Rencontre avec Corinne Forquez, leur professeur, persuadée que le Qi Gong est non seulement bénéfique pour les résidents, mais aussi pour le personnel.
Comment en êtes-vous arrivée à travailler dans les Ehpad de Sainte-Foy-lès Lyon et de Givors ?
« Un peu par hasard, j’ai rencontré le directeur du centre hospitalier de Sainte-Foy-Lès Lyon, Fabrice Lizack de Masary. Il revenait d’un voyage en Chine avec une équipe de cadres de santé et Gaëlle Dessertaine, la directrice de l’hôpital de Givors. Sur place, ils ont découvert le Qi Gong en milieu hospitalier, proposé aux patients notamment à la suite de cancer. Donc, ils cherchaient un professeur de Qi Gong pour former le personnel soignant, pour qu’ils puissent proposer aux résidents des mouvements dans le cadre de la prévention des chutes et au personnel dans le cadre de la prévention des risques psychosociaux et des maux de dos. »
En quoi le Qi Gong permet-il de limiter les chutes ?
« En Ehpad, les chutes sont la première cause de problèmes. On sait que les chutes adviennent fréquemment. Le manque d’attention induit souvent une distraction et une perte d’acuité sensorielle, on est moins à l’écoute de son corps, on perçoit moins les retours proprioceptifs et on est « déconnecté de son corps » en quelques sortes… Le Qi Gong permet de limiter les risques car c’est une pratique « trépieds » : un mouvement conscient, réalisé avec des indications de respiration et une intension dirigée. Lorsque l’on réunit ces trois plans, l’équilibre est optimum. On a conscience de son corps dans l’espace, on travaille sur l’axe et sur le fait de ne pas se précipiter. »
En quoi le Qi Gong peut-il éviter les risques psychosociaux pour le personnel soignant ?
« C’est évidemment par rapport au rythme de travail. Quand les gens pensent qu’ils ont trop de tâches à accomplir en un temps trop restreint, ils ont l’impression de ne pas arriver à bien faire leur travail. C’est un cercle vicieux. Cette situation répétée peut conduire au burn-out. Ainsi, quand on sent qu’on est en sur-régime, il faut savoir prendre du recul. Les soignants de Givors ont été formés pendant 21 heures sur un module basé sur la respiration. Au début, c’était déroutant pour eux car ils sont passés d’une course contre la montre « à 200% » comme ils le disaient, à des mouvements lents, voire très lents tirés d’une méthode de Qi Gong des Monts Wudang. Pendant le temps de la formation, ils ont pu faire abstraction de leurs tâches habituelles. Lors de la dernière séance, ils étaient dans un état de calme. Ils arrivaient à concentrer leur présence sur les mouvements et trouver de l’harmonie entre gestuelle et respiration. Le gros défi pour la plupart fut de se rassurer au niveau de la respiration. Leurs diaphragmes étaient quasiment tous verrouillés et leurs cycles respiratoires haletants… Certains d’entre eux se sentaient même en apnée. Ils ont tous observé un véritable changement dans leur façon d’aborder leur journée de travail. Cette formation très appréciée a été considérée comme un outil de reconnexion au corps. Ils ont ressenti des répercutions dans leur vie professionnelle. »
Le Qi Gong agit aussi sur des critères de mieux être physique n’est-ce pas ?
« A Sainte Foy-Lès-Lyon, j’ai basé la formation de 20 heures sur la pratique de Qi Gong de renforcement et libération du rachis grâce à la pratique des Mawangdui. L’objectif de cette méthode étant de mettre en mouvement l’énergie dans les méridiens et les chaines musculaires associées en portant une attention particulière au niveau de la colonne vertébrale, véritable axe du mouvement. Cette méthode agit directement sur les maux de dos. La formation fut complétée par un module de massage sur chaise du haut du dos de 10 heures. La combinaison des exercices physiques et des massages fut l’occasion de prendre conscience de tensions qui pouvaient trouver des voies de libération. Un petit groupe de soignants a pu poursuivre une pratique en autonomie au moins une fois par semaine dans l’enceinte de l’établissement. Un autre atelier à destination des résidents de l’Ehpad s’est aussi déroulé à raison de deux fois par mois sur la base d’une participation volontaire. L’atelier Qi Gong a trouvé un réel écho au sein de cet établissement, des soignants et des résidents. »
Vos actions de formation vont-elles être reconduites ?
« Nous avons été obligés de mettre les formations entre parenthèses pour les raisons que nous connaissons tous. Au-delà de Sainte-Foy-Lès Lyon et Givors, je constate que beaucoup d’hôpitaux lyonnais s’ouvrent à de nouvelles techniques. C’est réjouissant car ils proposent ainsi des perspectives de meilleures conditions de vie pour les usagers et le personnel. Nous sommes en train de bâtir d’autres actions dans ces établissements, notamment une étude qui se déroulerait sur une durée de trois ans, sur un panel d’une centaine de participants. J’ai hâte de démarrer ce projet ! »
Rendez-vous à Eaubonne les 13 et 14 novembre prochains pour le premier stage Wushu Santé de la saison !