
Le kyokushinkai insiste sur le mélange des styles
Le week-end dernier avait lieu le premier stage de kyokushinkai de l’année, au stade Élisabeth à Paris. Encadrés par quatre instructeurs, près de cents combattant(e)s venants de styles et d’écoles résolument différents s’étaient donnés sur le tapis. Récit d’une journée sereine.
« Le kyokushinkai est très riche et a beaucoup de choses à donner, ça serait dommage de passer à côté. » L’appel tout en sincérité de Romain Anselmo, illustre ancien de l’équipe de France combat devenu figure centrale de la discipline et artisan de cette grande première, avait visiblement fait mouche. Ce samedi matin était ensoleillé à l’extérieur, mais ça brillait aussi à l’intérieur. Malgré l’heure matinale, ils étaient ainsi près d’une centaine à s’être déplacés. « En raison du covid, la tenue du stage a longtemps été incertaine, nous n’avons pu l’annoncer que fin janvier », résume le champion d’Europe 1994. Bretons, Picards, Alsaciens, ou Normands, des combattants de toute la moitié nord du pays avaient fait le déplacement pour assister au premier stage mêlant les différents styles de kyokushinkai en France. Pour l’occasion, une majorité de licenciés en kyokushinkai, mais pas seulement. « Le kyokushinkai intéresse beaucoup d’écoles, notamment pour son important travail de low-kicks. Ce qui fait que nous avons eu des pratiquants des styles goju-ryu, uechi-ryu et shotokan, de kudo aussi, que ce soit pour apprendre ou par curiosité de découvrir notre style, réputé plus dur que les autres », insiste Romain Anselmo, lui-même 3e dan kyokushin et 7e dan shotokan.
Quatre à la suite
« Nous nous connaissions déjà, mais on s’est encore davantage découverts samedi. Surtout, nous partageons tous un point commun, l’envie de transmettre ce que l’on a appris. Lorsque la commission m’a proposé ce stage, ma condition était que l’on y représente différentes écoles de karaté kyoku’ » poursuit Romain Anselmo. Chacun des quatre instructeurs – entrés en contact il y a quelques semaines pour préparer l’échéance – dirigeait l’une des quatre séances d’une heure et demie pour apporter son expertise, pendant que les trois autres participaient ou supervisaient le cours. Du classique efficace.

Pilier du projet, c’est le triple champion du monde combat qui ouvrait le bal dès dix heures, choisissant de débuter par une partie très technique, sans partenaire, axée sur les déplacements. C’était ensuite au tour de Johnny Desmedt, vice champion d’Europe 2006 et 2007 de la discipline, de prendre le relais en proposant un travail de déplacements avec partenaire. « En tant que compétitrice, c’est cette partie, privilégiant le travail d’esquive et de contre, qui m’a le plus appris. C’est une facette que j’utilise particulièrement en combat », se réjouissait ainsi Véronique Pan, en lice lors de la dernière coupe de France de kyokushinkai deux semaines auparavant. À quinze heures, c’est avec encore davantage de combattants – signe d’une forte mobilisation – que le stage reprenait après une pause déjeuner « aussi primordiale que conviviale » pour recharger les batteries. « Vincent Simon a repris par une nouvelle partie technique de bunkai, à partir duquel on a pu travailler sur la partie self-défense notamment, avant de terminer par plus d’une heure de combat, encadré par le vice champion du monde toutes catégories Djema Belkhodja », continue Romain Anselmo.
Premier d’une longue série ?
« C’était le premier stage de ce type auquel je participais, en trente ans de pratique. En plus de soutenir l’initiative, c’est toujours très intéressant de travailler avec d’autres instructeurs, venant de différents dojos et styles » posait pour sa part José Pernas, lui-même instructeur au Maccabi Paris, et présent samedi en compagnie d’une quinzaine de ses élèves. Après deux ans sans pouvoir se réunir régulièrement en intérieur et au cours desquels les stages étaient devenus impossibles, ce troisième week-end de février a sonné comme une libération. Alors que les premiers retours s’avèrent très positifs, une seconde édition est déjà prévue en septembre, dans le sud de la France cette-fois. « Parfois, les stages sont assez fermés et ne favorisent pas toujours le mélange de styles, constate Romain Anselmo. Là, c’est aussi et surtout grâce à la fédération qui, sous la direction de Francis Didier, s’ouvre à tous les styles de karaté, et nous permet de pratiquer dans un environnement favorable. Avec la commission kyokushinkai, ce sont eux qui ont permis ce stage inédit, gratuit, ouvert à tous les licenciés de participer quelle que soit leur école de karaté. » Pas question pour autant d’en rester là pour l’instructeur de l’ACBB, qui prévoit de faire varier les profils qui l’entourent : « Nous avons une chance énorme : les pionniers du karaté kyoku’ en France, Alain Setrouk et Jacques Legrée, ont formé beaucoup de très bons instructeurs, alors ça serait dommage de s’enfermer dans un style et de ne pas en profiter ». Un point de vue qui pourra peut-être convaincre Véronique Pan de s’y inscrire à nouveau. « Si les instructeurs présents ne variaient pas, j’aurais sans doute laissé ma place à d’autres pour qu’ils puissent découvrir. En revanche, si ce sont de nouvelles personnes, françaises ou étrangères, il est très probable que je fasse le déplacement dans le sud de la France. On essayera de s’organiser ! ».