
Le kobudo traditionnel a rendez-vous
Organisée ce samedi à Paris, la coupe de France de kobudo traditionnel s’annonce sous les meilleurs auspices, avec une participation en hausse et une nouveauté au programme.
Le ton est résolument optimiste : « l’année dernière, l’organisation de cet événement au début des vacances scolaires de la zone C, celle de l’Île-de-France et de l’Occitanie, et à la fin de la période covid, avait eu un impact sur la présence des jeunes combattants. Cette année, nous attendons entre soixante-dix et quatre-vingts participants dans la catégorie espoirs 1 (pupilles et benjamins), espoirs 2 (minimes et cadets) et juniors », explique avec enthousiasme Jean-François Herdoin, responsable de la commission kobudo traditionnel. Si l’on ajoute la soixantaine de seniors inscrits à ce jour, c’est à une compétition dense et riche à laquelle le public va assister ce samedi au sein du gymnase Élisabeth, dans le quatorzième arrondissement de Paris. Une édition 2023 liée aussi, bien évidemment, à ce qui fait l’ADN du kobudo traditionnel : « notre pratique tient dans l’utilisation des armes anciennes, utilisées par les pêcheurs ou paysans d’Okinawa contre les brigands ou samouraïs peu scrupuleux, rappelle Jean-François Herdoin. Le tonfa, par exemple, servait à faire fonctionner les meules quand le nunchaku était utilisé pour battre le riz. Des outils du quotidien transformés en armes d’auto-défense. »
Kata kihon bunkaï
Une compétition qui sera marquée par une nouveauté dans les catégories espoirs puisqu’une nouvelle épreuve collective vient s’ajouter au kata individuel. « Elle va s’appeler kata kihon bunkaÏ. Elle se déroule par équipes de trois combattants. Les bunkaï présentés devront être issus de la liste des katas. Une manière de proposer aux jeunes une nouvelle épreuve pédagogique et collective », précise Jean-François Herdoin, pour une population en forte croissance cette saison au sein des clubs. « Nous voulons y voir un attrait pour l’utilisation des armes qui possède un côté ludique et pour une rigueur des arts martiaux qui fait sens dans notre société. »
Le travail du corps
Chez les juniors et les seniors, trois épreuves seront au programme : le kata individuel, le « bunkaï oyo » (une démonstration à deux, l’un des deux partenaires présente d’abord le kata seul, puis les deux compétiteurs, enchaînent sur le bunkaï oyo du kata présenté) et le « kata avec armes supérieures », à savoir nunchaku, santsetsukon, eku, nunti, rochin, kuwa, timbei et kama – en bois ou protégé par un étui si la lame est tranchante.
Quand à l’état d’esprit du kobudo traditionnel, qui prendra possession du gymnase Élisabeth ce week-end, il sera incarné par Zenei Oshiro, neuvième dan, expert fédéral et responsable du kobudo au sein de la fédération. « Le travail de l’esprit accompagne toujours celui du corps. Dans la pratique du combat guerrier, quand on dit “Shin – Gi – Tai” – l’esprit, la technique et le corps – c’est parce que l’esprit est ce qu’il y a de plus important sur un champ de bataille. Il faut du courage, de la résolution, de la fiabilité pour ce genre d’expérience. Dans notre Budo, il faut penser à l’inverse “Tai – Gi – Shin”, le corps, la technique, l’esprit. On a le temps de faire les choses dans le bon ordre, on peut dire comme ça. On aiguise le corps qui permet le développement d’une grande technique et l’esprit se développe avec puissance. Mais pour le pratiquant, finalement, il faut toujours revenir au corps. Sans lui, la technique disparaît, l’esprit vacille. Mais si on continue à travailler le corps en même temps que la technique, alors ce n’est jamais fini. Et l’esprit que l’on développe par l’habitude de l’entraînement, c’est lui qui nous tire en même temps pour continuer à faire les choses quand l’effort devient plus difficile. »