

JOUR 3 – Un trio masculin qui peut voir loin
Il y a un mois à Tokyo, ils étaient cinq tricolores invités le dimanche à disputer les médailles, pour trois finales perdues et une place de trois remportée sur deux. Cette fois, le carton est quasi plein avec trois opportunités de podium concrétisées sur quatre. Seule Gwendoline Philippe manquait la dernière marche (2-4), butant sur la vice championne du monde chinoise Xiaoyan Yin, en or plus tôt dans l’année aux Premier League de Rabat et Shanghai, avant que les trois masculins ne relèvent le gant de fort belle manière.


Tout d’abord Jessie Da Costa (-84kg), qui a su être patient pour dominer le Serbe Uros Mijalkovic, attentiste jusqu’au premier point encaissé avant de se découvrir et laisser le Français prendre irrémédiablement le large (3-0) pour s’offrir son premier podium en Premier League. Dans la foulée, Mehdi Filali se montrait plus combatif que Rob Timmermans de Curaçao, mais ne devait son salut qu’à une remise en toute fin de combat (1-0). Quatrième podium en cinq Premier League cette année pour lui, une régularité détonante à tout juste vingt ans. Enfin, le feu d’artifice venait de Steven Da Costa, bredouille sur ses trois dernières sorties et qui remettait les points sur les i en privant l’Égyptien Ali Elsawy de la victoire avec autorité et détermination (2-0).

Trois médailles dont pouvait se réjouir Yann Baillon, directeur des équipes de France. « C’est un bilan positif puisque nous remportons une finale grâce à Steven, qui conforte sa place au ranking et une potentielle qualification directe pour les Jeux olympiques. Voir Mehdi Filali monter à nouveau sur un podium est également très intéressant. Loin d’avoir été à son meilleur niveau cette semaine, il parvient tout de même à répondre présent. Il est encore en recherche pour construire son karaté, trouver les stratégies à adopter suivant ses adversaires, et c’est de bon augure pour la suite. De son côté, Jessie sort une compétition fantastique pour dominer tous les meilleurs de son tableau. Il a peut-être trop voulu aller à la bagarre en demie contre l’Iranien, qui a beaucoup de métier, mais nous ne pouvons pas être déçus de sa performance puisqu’il a su rebondir ce matin en faisant vraiment du beau karaté. Il met des belles techniques, c’est intelligent, construit, à l’image de ce que nous voudrions voir tout le temps chez tout le monde. Enfin, il faut noter le bon parcours de Gwendoline, qui perd certes deux combats importants en demie et en place de trois, mais qui démontre une belle évolution par rapport à Tokyo où elle n’avait pas du tout été dedans. »

Pour ceux qui ne sont pas parvenus à se qualifier pour les combats du dimanche et qui se retrouvent distancés dans la course aux points après cette étape russe, les prochains mois vont être l’occasion de relancer la machine par d’autre biais selon Yann Baillon. « Avec ceux-là, il va falloir être intelligent et positif car, au-delà des Jeux olympiques qui restent une compétition à part, dans un format à part, il ne faut surtout pas gâcher de génération. Il y a encore quelques années, nous ne parlions pas des Jeux et ce n’est pas ce qui faisait les carrières des sportifs. Il y a beaucoup de pression et d’engouement autour de cet événement, mais nous sommes arrivés à une étape où nous devons bâtir pour les championnats d’Europe et du monde, avec une stratégie différente suivant que les athlètes soient en course pour la standing et le TQO ou non. En parallèle, nous devons travailler avec les plus jeunes, qui ont besoin de s’aguerrir et de se construire. Ce n’est pas en les sortant tous les mois sur des compétitions de très haut niveau mondial, où il y a de fortes chances qu’ils enchaînent les défaites, qu’ils vont y parvenir. C’est même l’effet inverse qui se produit, avec beaucoup de doutes qui s’installent chez eux. Je préfère qu’ils prennent davantage leur temps et qu’ils construisent leur performance pour que nous puissions les sortir à des moments bien précis, comme les championnats d’Europe. »