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Jacques Charprenet « Une troisième génération encore plus entreprenante »

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Auréolés de quatre podiums lors de la dernière coupe internationale Vovinam, les arts martiaux vietnamiens ne comptent pas sarrêter en si bon chemin. Continuer de se développer et toujours évoluer, voici le cap dressé par Jacques Charprenet avant daborder la seconde partie de saison.

Que vous inspire le retour du Vo Co Truyen au calendrier fédéral, après dix années dabsence ?

Cela répond tout simplement à la logique actuelle de la discipline, après une première tentative de l’instaurer il y a dix ans, sans succès. Depuis, les arts martiaux traditionnels vietnamiens profitent d’une dynamique nouvelle, notamment impulsée par Hung Mai Huynh depuis longtemps, mais également l’arrivée de Maï Trinh Nguyen il y a six ans. Encore plus entreprenante que la précédente, notre troisième génération de pratiquants et de compétiteurs s’impose également dans le paysage martial au point qu’il devient impossible de ne pas prendre en compte sa demande. En clair, si l’on s’intéresse aux champions de France technique d’arts martiaux vietnamiens de la dernière décennie, une majorité sont originaires du programme commun au Vo Co Truyen. Continuer de se priver de leur savoir-faire à mains nues, et avec armes, aurait constitué une erreur et cette coupe de France en est une nouvelle illustration. Soixante-dix participants à la compétition, plus encore lors du stage le lendemain, mais surtout un excellent un niveau technique, notamment chez les plus jeunes. J’y vois le signe d’un potentiel immense.

Du point de vue fédéral, quelle volonté ce retour traduit-il ?

Exploiter la diversité dont nous jouissons au sein de la fédération. Du Lam Son au Qwan Ki Do, en passant par le Tay Son, le Thanh Long, ou le Viet Vo Dao, une multitude de styles et d’écoles s’expriment sous la bannière des arts martiaux vietnamiens traditionnels. Or, si cet héritage d’écoles familiales qui remonte au mitan du vingtième siècle fait la richesse des AMV autant que la singularité des styles, il est aujourd’hui responsable de leur difficulté à s’exporter à l’international. À l’inverse, certaines écoles (Vo Vietnam, Minh Long, Van Vo Dao, Viêt Vu Dao, NDLR) qui ont vu le jour en France, s’exportent dans les quatre coins du monde par le biais du mouvement Vo Co Truyen impulsé par le Vietnam depuis sa création dans les années 1990. Une pratique compétitive au goût du jour nécessite de se remettre en question et aucune école ne peut prétendre disposer d’un programme aussi riche que les « dix-huit quy dinh » Vo Co Truyen. Pas-à-pas, il faut donc poursuivre le développement, l’acquisition de ces dix-huit quyên (leçons) qui, j’insiste, forment un tronc commun fédéral pour tous les styles.

Il y a donc une ambition de se confronter aux combattants étrangers…

Bien sûr ! Sauf que, sans ce socle commun approprié et nivelé, il est presque impossible de fédérer les pratiquants, donc de réunir des compétiteurs et de se confronter aux autres combattants, à l’image du wushu. Actuellement, les compétitions organisées à l’étranger sont en majorité calquées sur le programme Vo Co Truyen, et nous poursuivons l’objectif de créer une équipe de France dans ce domaine technique dès la saison prochaine. Les résultats de trois compétitions permettront de déterminer la sélection : les championnats de France technique et combat, et évidemment la deuxième édition de la coupe de France Vo Co Truyen.

À mi-parcours, quels enseignements tirez-vous de ce début de saison ?

Au regard des quatre dernières compétitions, tous les voyants sont au vert ! Côté jeunes, la coupe de France interstyles ouvrait le bal dans un gymnase Léo-Lagrange aux allures de chaudron. Deux-cent-quarante compétiteurs au compteur pour un niveau général qui n’a rien eu à envier à nos meilleures années et des tribunes pleines. Une telle entame a placé la barre haut, certes, mais suscite une réelle dynamique. La preuve, nos trois coupes de styles suivantes, en Lam Son, Vovinam et Vo Co Truyen, se sont hissées au niveau, tant en termes de participation que de niveau et promettent beaucoup en vue des championnats de France technique. Si la saison dernière marquait la reprise des compétitions, celle-ci sonne le retour d’un haut niveau technique et d’une forte affluence de licenciés. Dans notre volonté de nous développer à l’international, il s’agit d’un paramètre clé, car de leur nombre dépendront nos moyens d’expansion. La voie empruntée me semble être la bonne, même s’il existe toujours des axes d’amélioration.

Lesquels ?

Il faut actualiser les méthodes d’enseignement. Au mystique et histoires du passé, je pense que nous devons préférer l’aspect sportif de la pratique, ce qui demande une méthodologie particulière et rigoureuse. Je compte sur nos experts, voire des champions dans le futur, pour faire passer ce message. Nous devons aussi augmenter les connexions entre les différentes écoles afin d’augmenter le nombre de compétitions mutuelles. En Lam Son, la coupe Quach Van Kê l’a encore réussi il y a quelques semaines, affichant une image d’école motivée et déterminée, mais aussi ouverte aux autres. D’autres ont encore tendance à s’enfermer dans leur style, alors que la diversité porte ses fruits. Notre stage d’experts programmé au mois de mai sera une occasion de rassembler, mais l’idée de séminaires d’enseignants par zone se développe également. Ils seraient idéaux pour échanger et harmoniser nos messages.

Propos recueillis par Maël Jeanthon / Sen No Sen

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