Francis Didier « Une continuité nécessaire »
Après près de vingt-cinq années à la tête de la FFKDA, Francis Didier laissera sa place de président le 13 décembre prochain. Une vie dédiée au karaté pour des réalisations monumentales. Visionnaire, il aura marqué le sport français de son empreinte. Un parcours exceptionnel qui méritait bien un entretien XXL.
Parcours – Une vie dédiée au karaté
Né à Épinal, père menuisier et mère employée à l’usine, c’est en 1964 que Francis Didier a découvert le karaté en arrivant à Soisy-sous-Montmorency, dans le Val-d’Oise. Il rejoint la salle de Jacques Bahut quelques semaines plus tard, à quelques kilomètres de là, du côté de Saint-Gratien. Le Vosgien, étudiant à l’école centrale d’électronique, aime la compétition, va combattre partout où c’est possible. Rapidement membre de l’équipe de France, il sera des premiers championnats du monde au Japon en 1970. Membre de l’équipe mythique championne du monde combat en 1972 – le premier titre mondial du karaté français, champion d’Europe Open l’année suivante et bon technicien, il devient entraîneur de l’équipe de France dans la foulée. Les débuts d’un encadrement national… qui lui devront aussi, c’est peu connu, une participation aux championnats du monde de 1977 en kata, faute de représentant français et troquant pour quelques minutes son survêtement d’entraîneur pour le karatégi de compétition. Présent pour voir le premier titre de champion du monde individuel de l’histoire du karaté français en 1980, il sera l’un des grands artisans de l’histoire homérique du karaté français au niveau mondial des années 1980 et 1990, prenant la responsabilité du collectif en réunissant notamment féminines et masculins, souhaitant que le karaté s’ouvre, cherche au contact des boxes, française et anglaise notamment – qu’il pratiqua lui-même. Combattant dans l’âme, leader respecté, il introduira le travail d’analyse vidéo, la préparation physique spécifique et la tactique, et a toujours la réputation d’être intraitable sur les postures… DTN adjoint à partir de 1993, il s’intéresse aux relations avec le ministère des Sports, fréquente les autres fédérations, dont le judo, arrête d’entraîner l’équipe de France en 1995 et devient directeur technique national dans la foulée. Ouverture, toujours. Alors que Jacques Delcourt, fondateur de la FFKDA en 1975, met fin à son mandat de président après vingt-trois ans à ce poste en 1998 – l’année où le karaté est reconnu par le CIO, Francis Didier se présente à la présidence de la FFKDA en 2001. Sous sa présidence, la fédération est passée de 194 000 à 250 000 licenciés. Il aura aussi pesé sur la réglementation internationale, en faveur d’un karaté précis et spectaculaire, tout en militant pour la protection des athlètes. Il laissera également le souvenir des plus beaux championnats du monde de karaté de l’histoire organisés à Bercy en 2012. Fin connaisseur des arts martiaux, de l’histoire du karaté et des symboles, il aime partager et transmettre la culture de notre discipline. Significatif aussi dans ce parcours exceptionnel de dirigeant, son approche de bâtisseur, au sens propre puisqu’il effectua de nombreux travaux au siège actuel de la fédération, aujourd’hui valorisé à plusieurs millions d’euros. Bâtisseur de lien aussi, on lui doit d’avoir rassemblé le karaté français pour le faire grandir, à l’image du collectif unique que forment les experts japonais à son initiative, des glorieux anciens dont Dominique Valéra, Jean-Pierre Lavorato et Hiroo Mochizuki, les trois 10e dan français qu’il soutient dans la diffusion de leur savoir-faire et de leur savoir-être.
Conserver le lien
« Présider et gérer une fédération, c’est d’abord conserver le lien, le contact avec le terrain. Mais mes racines vosgiennes et les différents clubs que j’ai montés m’ont toujours permis d’être bien ancré dans le réel je crois (sourire). C’est évidemment l’enjeu majeur : ne pas perdre le contact avec le club et le professeur. Dans mon rôle, comme les gens veulent vous rencontrer, le réel est présent tout le temps. Nous avons aux alentours de quatre-vingt-huit manifestations chaque année. J’assiste parfois à trois d’entre elles sur un seul week-end depuis plus de vingt ans… Cela m’a donc permis d’écouter les questions, de conseiller, de soutenir, de réfléchir aussi… Ce n’est pas toujours spectaculaire et même rarement, mais il faut que ce soit efficace, il faut apporter une réponse, claire et utile. Ouverture, disponibilité maximum, pratiquement sept jours sur sept trois-cent-soixante-cinq jours par an, j’ai fait ce choix de vie, au service du karaté. J’ai aussi toujours cherché à valoriser le professeur, celui qui fait, l’artisan du karaté. Dans notre fédération, il est, en majorité, celui qui vient plusieurs soirs de la semaine dispenser ses cours à ses licenciés. Il complète parfois un peu ses revenus, mais surtout il communique savoir et passion. Il est celui qui forme, au karaté, à d’autres disciplines, et à la vie aussi. »
Reconnaissance du travail du professeur
« D’ailleurs, la mise en place du passage du 1er dan dans les clubs depuis trois ans – ce qui se passe dans 85 % des cas désormais, répondait à cette volonté de valoriser le travail du professeur. Qui d’autre que lui comme maître d’œuvre dans son club, petit ou moyen, peu importe ? Il est celui qui connaît ses élèves, est capable d’évaluer leur progression technique mais aussi leur engagement, ce qui, à mon sens, fait aussi une ceinture noire de qualité à partir d’un rituel bien organisé par le professeur. D’ailleurs, en mettant en place ce passage de 1er dan dans les clubs, ce qui a parfois été vu comme une petite révolution, nous n’avons fait que revenir à la tradition japonaise : dans les petits clubs du Japon ou d’Okinawa, c’est le professeur qui jugeait, et juge encore du niveau et délivre le premier dan. Respecter le professeur, c’est aussi tout ce que nous mettons en place : formations, services rendus via les organes déconcentrés… »
Une fédération plurielle
« Nous sommes la Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées. Cela signifie quelque chose. Accueillir une discipline associée, au départ, c’est à chaque fois une responsabilité : celle confiée par le ministère des Sports d’accueillir une pratique, différente du karaté, et de l’aider à s’organiser. À la FFKDA, c’est devenu un peu plus que cela : accueillir les arts martiaux vietnamiens, le wushu, le krav-maga, les arts martiaux du sud-est asiatique, le yoseikan budo a fait de nous une fédération plurielle que nous avons construite année après année. À cela s’ajoute toutes les autres formes de karaté : karaté contact, karaté mix, tai-jitsu, nihon tai-jitsu… mais aussi tous les styles. Shotokan, shito-ryu, uechi-ryu, wado-ryu, shorinji kempo, shotokai, kyokushinkai, etc. ont leur propre histoire, leurs propres exigences… Mon travail a été d’apporter de l’harmonie dans tout cela. C’est complexe parce que, du coup, notre fédération n’est pas monolithique. Si on fait du basket, du handball, même du judo, c’est monolithique parce que tout le monde fait la même chose. Nous, c’est complètement l’inverse, c’est une famille qui est démultipliée.
« La clé des disciplines associées ? Je crois que ça a été de les respecter toutes et de leur donner une autonomie dans leurs grades et leur pratique »
Du respect et de l’autonomie
« La clé ? Je crois que ça a été de les respecter tous et de leur donner une autonomie dans leurs grades et leur pratique, qu’il s’agisse d’une grande ou d’une petite discipline en nombre de pratiquants. Les faire se sentir bien, les soutenir via la mutualisation des moyens, les inciter à décloisonner pour s’enrichir. Au cours de ces années, j’ai cherché à les respecter en essayant de comprendre comment ils fonctionnaient et ce dont ils avaient besoin. Vivre et grandir ensemble, c’est surtout ne pas vivre en autarcie, respecter des visions différentes et faire l’effort de les comprendre, sans perdre de vue les besoins du professeur de karaté traditionnel dans son dojo… Et pour ne pas perdre le fil, je dirais qu’il ne faut justement pas avoir de fil. C’est là qu’est le secret. Par exemple, si on parle de toutes les disciplines de contact, ils vivent plutôt dans une forme de boxe ou de lutte, et pas forcément dans un kimono. Dans les disciplines chinoises, pour la tenue encore, c’est une vision qui est plus basée sur une culture de société. Donc, il faut les connaître. Ils n’ont pas les mêmes rituels. Idem pour les notions techniques : les bases japonaises ou chinoises sont différentes. Il ne faut donc pas être donneur de leçons, mais élargir sa connaissance. C’est d’ailleurs ce qui m’a passionné dans tout mon parcours martial. »
Dirigeant : une responsabilité croissante
« Dirigeants du monde sportif, nous sommes comme les maires des communes qui portent une énorme responsabilité pour la collectivité, avec pour seul objectif d’œuvrer pour l’intérêt général. J’ai vécu toute cette expérience au sein du karaté, en tant que technicien puis en tant qu’élu, comme une chance. Celle notamment de côtoyer d’autres dirigeants aussi passionnés que moi par le développement du karaté et des disciplines associées : présidents et membres des bureaux de clubs, des départements, des ligues, arbitres, coaches… Je sais l’investissement personnel que cela demande, comment cela empiète sur la vie de famille, et même souvent sur une carrière professionnelle. J’ai moi-même fait ce choix. Je ne m’en plains pas. J’ai un profond respect pour ces femmes et ces hommes, qui, dans l’ombre, font collectivement le karaté français dans une société où c’est désormais plutôt l’individualisme qui prime. »
Un patrimoine immobilier construit au fil des années
« La bonne idée de l’équipe dirigeante de la fin des années 1990 conduite par Jacques Delcourt est d’avoir acheté les locaux de la fédération rue de la Tombe Issoire à Paris. C’est ce capital mobilier qui nous a permis d’acquérir ce qui était alors un plateau nu de 1000m2 à Montrouge, où se trouve la fédération depuis 2006. L’occasion aussi de saluer la mémoire d’Alcino Alvès Pires, notre secrétaire général décédé subitement en 2019, car c’est lui qui a trouvé ces locaux. Une fédération, ce sont des hommes et des femmes, il ne faut jamais l’oublier. Il fallait alors savoir se projeter : tout était à imaginer et à faire. C’était “hors d’eau, hors d’air” comme on le dit dans le bâtiment : il n’y a alors que les fenêtres. L’achat a coûté 2,6 millions d’euros. J’ai entendu les interrogations au moment de la première visite, notamment sur le fait que l’on voyait trop grand. Ce siège fédéral est aujourd’hui évalué à près de huit millions d’euros. C’est un bien acquis et payé par la fédération, qui lui appartient en totalité depuis 2021. Il constitue un lieu de travail et de vie agréable pour nos salariés, nos cadres techniques, nos élus, nos arbitres, nos bénévoles, les professeurs et les experts qui y passent. Nous aurons aussi bientôt terminé de rembourser le crédit du Centre National d’Entraînement de Castelnau-le-Lez que nous utilisons depuis 2013, au service de tous. Là, c’était encore différent : il s’agissait de partir d’un terrain vague, mais je savais que de grandes entreprises, comme Dell ou IBM, s’y installaient, de plus petites sociétés aussi, avec des transports en cours de déploiement, dont le Tram, de l’hôtellerie, l’aéroport tout proche… Le karaté français dans son ensemble profite de cet outil superbe depuis plusieurs années maintenant. Et entre Montrouge et le CNE, c’est un patrimoine immobilier, construit au fil des années, aujourd’hui évalué à 13 millions d’euros. Peu de fédérations peuvent en dire autant je pense. Tout cela est le patrimoine commun de tous nos clubs et nous devons le protéger. »
Bientôt une salle dédiée au karaté français et à nos disciplines associées
« Sur la même logique, le prochain investissement de la fédération, voté lors de la dernière assemblée générale, est celui d’un complexe à Villepinte, au nord de Paris, tout près de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. La ville nous cède le terrain seulement, en échange d’une occupation par les scolaires du lundi au jeudi. Nous en conservons la jouissance du vendredi au dimanche, ce dont nous avons besoin pour nos compétitions et stages. Sur 2000m2, nous prévoyons huit surfaces de tatamis, une capacité de cinq-cents spectateurs, une salle d’échauffement qui donne sur l’aire centrale, une cafétéria, du chauffage par géothermie, un grand parking, des hangars pour le stockage du matériel… Il s’agit d’un projet qui pourra démarrer mi-2025 pour une livraison à deux ans. Tout existe déjà à proximité : un grand centre commercial et des hôtels. Le Conseil régional d’Île-de-France nous suit, ainsi que l’Agence Nationale du Sport. C’est un enjeu car il faut comprendre qu’outre la difficulté à trouver des salles en région parisienne, chaque compétition coûte entre 50 000 et 70 000 euros en tenant compte de tous les frais (transport du matériel, restauration, sécurité, sonorisation, stockage…). Ce complexe à Villepinte constituera donc un investissement tout en nous permettant des économies substantielles sur les locations coûteuses de salles. »
« Sur le plan des finances, je rappelle que nous avons des experts-comptables et un commissaire aux comptes qui les valident, lesquels sont approuvés par une assemblée générale annuelle de 250 représentants où les micros sont ouverts »
Finances : une fédération en bonne santé
« Le budget de la FFKDA est passé de sept à douze millions d’euros ces dernières années mais, je le souligne, sans augmenter la licence depuis six ans. Ceci grâce notamment à une gestion rigoureuse, sans toucher au fonds de réserve de la fédération. Nous figurons d’ailleurs parmi les licences les moins chères des grandes fédérations, même après le covid. Avec des résultats comptables régulièrement positifs ces dernières années, j’ai continué de faire le choix d’investir pour le développement de la pratique avec le soutien aux clubs et aux organes déconcentrés, la formation, le para-karaté… avec une affectation de budgets dédiés qui remontent évidemment à la fédération en cas de non utilisation effective, c’est le principe. Sur le plan des finances, je rappelle que nous avons des experts-comptables et un commissaire aux comptes qui les valident, lesquels sont approuvés par une assemblée générale annuelle de 250 représentants où les micros sont ouverts. Notre fédération et le karaté français sont en bonne santé financière. C’est un travail de près de vingt-cinq ans qui permet d’envisager sereinement les années à venir. »
Un standard de compétitions élevé
« La compétition ne concerne que quelque quinze pour cent de nos licenciés, toutes disciplines confondues. Mais c’est évidemment une vitrine pour nos pratiques. Les standards d’organisation ont été élevés au fil des années. Le mérite en revient à la commission sportive, à la commission nationale d’arbitrage, à nos élus et à nos bénévoles qui sont sur les compétitions – parfois plusieurs en même temps – chaque week-end, mais aussi une vision d’investissement continu des moyens de la fédération. Nous n’avons pas vocation à faire des bénéfices mais bien à structurer notre pratique, ce que je me suis astreint à proposer et, je pense, à réussir au cours de toutes ces années. Si l’on n’avait pas investi ni structuré, ce serait un peu inquiétant. Je pense pouvoir dire que je laisse aussi cela à la fédération. »
DTN : au service du projet global
« Compétiteur, entraîneur, directeur technique national, puis président, j’ai eu la chance de vivre énormément d’émotions et de gagner beaucoup sur les tatamis du monde entier avec l’équipe de France. J’ai eu le plaisir de mettre en place les entraîneurs nationaux tels que Claudio Pettinella et Thierry Masci, lesquels ont formé et laissé leur place à la génération de Yann Baillon. Yann, on l’a repéré quand il avait seize ans. Il avait déjà quelque chose de spécial. Il a été champion du monde, mais il a surtout voulu apprendre pour continuer à apporter au karaté français et il le fait très bien. Champion, il a transmis sa culture de la gagne aux équipes de France durant dix ans, en tant qu’entraîneur régional, entraîneur national, directeur des équipes de France puis de la haute performance… Mais il a surtout eu l’intelligence de développer le projet global que nous portons : la valorisation des clubs et des professeurs qu’il a associés aux grandes orientations, notamment sur la pédagogie enfants, le développement du para-karaté, l’écoute et l’aide à la progression des disciplines associées, le redéploiement des cadres sur le territoire et l’intégration à venir du karaté dans le sport scolaire… Le karaté au sens large, pour lequel, en tant qu’élu, j’ai alloué des moyens importants, notamment sur les disciplines associées, parce que les projets sont clairs, innovants et efficaces. »
« Être président d’une telle fédération (..), c’est aussi avoir une vision loin devant soi parce que l’on ne peut pas naviguer dans le brouillard. Cela demande de l’expérience, de ne pas rompre tout ce qui a été fait »
Concentré sur la maison karaté
« Contrairement à ce que j’entends parfois, il n’y aura pas de Los Angeles 2028 pour nous, et pour Brisbane 2032 c’est incertain… On peut toujours pérorer ou promettre : Paris 2024 et Tony Estanguet ont fermé la porte au karaté et le processus est tellement long que si l’on peut oser espérer quelque chose, ce serait pour 2036, c’est-à-dire dans douze ans au mieux… si les JO continuent dans leur forme actuelle. Je me suis déjà exprimé là-dessus : il est terrible de se dire que Steven Da Costa restera à jamais notre seul champion olympique et que les générations suivantes n’auront pas pu connaître cela. Mais le karaté français n’en a pas souffert dans son organisation parce qu’il était fort sur ses bases, sur le socle formé par ses clubs. C’est aussi pour cela que je n’ai pas perdu trop de temps au CNOSF durant toutes ces années où de nombreux présidents de fédérations mettent, eux, beaucoup d’énergie, parlent d’international, gèrent leur carrière. J’ai préféré me concentrer sur notre maison, celle du karaté français. »
Assumer les critiques
« En tant qu’élu, nous sommes forcément attaqués, avec davantage de virulence, voire de violence, en particulier via les réseaux sociaux où il est facile de se cacher derrière un écran. J’ai toujours entendu les reproches qui me sont faits, ils peuvent nourrir le débat… à condition qu’ils soient pertinents, justes et argumentés. Cela dure depuis longtemps et on s’y fait assez bien mais, au cours de cette campagne pour la présidence par exemple, j’ai lu et entendu peu de choses précises justement. J’ai souri à la critique entendue récemment – visiblement sujet de préoccupation majeur ! – sur le fait que la fédération était dotée d’une cuisine et d’un atelier : heureusement que c’est le cas ! Nous avons les membres du personnel qui doivent pouvoir déjeuner dans de bonnes conditions tous les midis, nous organisons des réunions pour la DTN, les experts, les professeurs de clubs, les diverses commissions, d’autres dirigeants du monde associatif, la presse… Ces équipements sont amortis sur plusieurs années et nous permettent justement de maîtriser nos dépenses. Imaginez que nous passions tout ceci en note de restaurants ! Il en va de même pour nos services généraux et l’atelier de la fédération qui a fait parler : oui, les membres du comité directeur de l’époque ont fait le choix d’acquérir des équipements qui ont permis la construction de la fédération et de ne pas appeler systématiquement une entreprise dès qu’il y a un aménagement ou une réparation à faire et ce matériel appartient à la fédération. La formation ? Nous avons beaucoup travaillé le sujet, nous proposons des diplômes fédéraux concrets et très peu chers pour lesquels nous avons reçu la certification de France Compétences qui atteste de leur qualité et le partenariat de Qualiopi pour les conditions financières. Le karaté scolaire, le karaté santé, tout cela est déjà inscrit depuis plusieurs saisons dans le projet fédéral et les avancées sont significatives. On me reproche de ne pas donner de sens à la licence. Est-ce que tout ce que nous avons évoqué ensemble n’est pas la meilleure réponse, le meilleur service aux clubs et la preuve que l’argent des licences est utilisé avec efficacité, précisément dans l’intérêt collectif, avec une fédération forte et à l’écoute de ses clubs, de ses professeurs et de ses pratiquants ? »
De la continuité pour garantir l’avenir
« Pour effectuer une passation réussie, c’est comme dans le cas d’une reprise d’entreprise, il faut de la continuité. C’est la fin d’une très belle aventure pour moi en tant que président, avec la satisfaction de laisser cette fédération là où elle est, comme je l’ai évoqué lors de cet entretien. Être président, c’est aussi une responsabilité, celle des trente-sept salariés de la fédération à qui j’adresse mes profonds remerciements pour leur investissement au service de nos passions communes, le karaté et les disciplines associées, pour lesquelles travaillent aussi nos douze cadres d’État. Être président d’une telle fédération, avec plus de deux-cent-cinquante-mille licenciés, c’est aussi avoir une vision loin devant soi parce que l’on ne peut pas naviguer dans le brouillard. Cela demande de l’expérience, de ne pas rompre tout ce qui a été fait. Je le dis : je pense que Bruno Verfaillie est le candidat le plus à même d’assurer l’avenir de notre fédération et de poursuivre le long travail qui a été fait depuis des années, par les élus, la direction technique nationale actuelle, les salariés de la fédération, les professeurs et dirigeants de nos 5000 clubs, là où tout se passe et qu’il connaît parfaitement. Il en a toutes les qualités, les compétences multiples et l’honnêteté nécessaires. Je me suis attaché à réussir ça depuis un quart de siècle mais il est temps pour moi de rendre mon tablier (sourire), il faut savoir tourner la page et l’âge me rattrape. D’ailleurs, je ne postule à aucun poste d’élu au Conseil d’Administration ! »