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Catherine Théry, passion partagée

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Enseignante au Karaté Wado Péronne depuis maintenant plus de vingt ans, Catherine Théry a obtenu son sixième dan en 2015. Une distinction venue récompenser un parcours que l’experte fédérale mène depuis le début avec Ghislain, qui a été son professeur avant de devenir son mari.

Découverte sur le tard

Aujourd’hui, c’est avec une ceinture rouge et blanche autour de la taille que Catherine Théry dispense ses cours. Mais l’experte fédérale (6e dan) a dû attendre l’adolescence pour enfiler son premier karategi. C’est en effet avec des crampons et balle au pied que cette cadette d’une famille de quatre enfants a débuté sa pratique sportive. Au fond, comment pouvait-il en être autrement ? À Estrée-Mons, petit village situé à une soixantaine de kilomètres d’Amiens, seul le football a alors droit de cité. La jeune fille ne s’entraîne qu’avec des garçons, ce qui ne la dérange guère. Toujours très impliquée et désireuse d’aller le plus loin possible, elle participe à des sessions de détection et passe des examens d’arbitrage (en compagnie de Rudy Buquet notamment, devenu depuis l’un des meilleurs sifflets français). « Le football féminin peinait vraiment à décoller et, au bout d’un moment, j’ai eu l’impression de tourner en rond, » concède toutefois Catherine.

En 1991, un club de karaté ouvre dans un village voisin. Attirée par la curiosité, l’adolescente s’y rend. Impressionnée par les enchaînements techniques effectués par le professeur, elle prend immédiatement sa licence. « Je ne ratais aucun cours et, s’il le fallait, je n’hésitais pas à emprunter la mobylette de mon frère pour m’y rendre, assure la native de Péronne. La fille travailleuse et perfectionniste que j’étais a directement accroché avec l’aspect martial du karaté, la rigueur, la discipline qui prévalait lors de chaque cours. »

Duo inséparable

Le jour où elle entre pour la première fois dans le dojo, Catherine n’a pas seulement un coup de foudre pour le karaté. Elle fait aussi la rencontre de Ghislain, son professeur, qui deviendra son mari le 28 juin 2003. « Quand on y repense, c’est vrai que cette histoire est assez incroyable, sourit la Péronnaise. Tout cela s’est fait très naturellement. Si j’en suis arrivée là, c’est en très grande partie grâce à lui. Il m’a tout appris, et désormais nous formons un duo inséparable, qui vit et respire karaté tout au long de la journée, au dojo comme à la maison. » Tous deux professeurs au sein du Karaté Wado Péronne, Catherine (43 ans) et Ghislain (57 ans) sont indissociables. Ils enseignent en binôme, partent en stage ensemble et profitent de leur complicité inébranlable pour progresser, main dans la main, dans la hiérarchie des grades. «  L’un sert de plastron à l’autre, et vice-versa », précise Ghislain, qui a obtenu son sixième dan en 2013. À ce moment-là, Catherine, ne nourrit pas forcément l’ambition d’intégrer à son tour le cercle des hauts gradés. Mais elle ne tarde pas à trouver une source de motivation. « Honnêtement, je pensais m’arrêter au cinquième dan, confie-t-elle. Quand la ceinture rouge et blanche a été remise à mon mari durant une cérémonie organisée au club, j’ai vu les yeux des enfants briller. C’est à cet instant que j’ai eu un déclic. Moi aussi, je voulais susciter ce mélange d’admiration et de fierté chez nos élèves. » Une mission accomplie avec brio en 2015.

 

Attentive et perfectionniste

Au-delà de leur ceinture bicolore, Catherine et Ghislain partagent une même volonté : celle d’en apprendre toujours plus sur la manière dont ils doivent transmettre leur art. Régulièrement, le couple se rend à des stages lors desquels il s’abreuve des conseils de pontes du style wado-ryu, tels que Patrice Belhriti (9e dan) ou Hiroji Fukazawa (8e dan). « La pédagogie, c’est indéniablement ce qui m’intéresse le plus dans le karaté, avoue celle qui a dévoré les ouvrages de Gérard Chemama et d’Henri Herbin dédiés à ce sujet. Analyser et décortiquer les méthodes des autres enseignants, réfléchir soi-même à la meilleure façon de faire passer son message auprès de ses élèves, être à leur écoute… Voilà ce qui m’anime au quotidien. » Du temps où elle jouait au football, la Picarde – alors âgée de douze ans –  a d’ailleurs pu encadrer des jeunes. « Je n’ai pas mis longtemps à déceler de fortes qualités techniques et pédagogiques chez elle, se remémore Ghislain. J’ai senti qu’elle avait cette fibre, qu’elle était faite pour cela, peu importe la discipline d’ailleurs. Quelques mois seulement après son arrivée au club, j’ai commencé à lui laisser prendre des initiatives vis-à-vis d’autres élèves. Elle transmettait parfaitement son engouement, aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Nous avons la même vision globale du karaté, et la même manière d’enseigner. Je note toutefois qu’elle est encore plus perfectionniste et pointilleuse que moi. Avec elle, aucun détail n’est ignoré ! »

Porter la voix des femmes

Ses méthodes, Catherine les applique depuis maintenant plus de vingt ans au sein du Karaté Wado Péronne, qui regroupe actuellement quelques 140 licenciés. En plus de proposer un apprentissage traditionnel, le club a récemment ouvert des sections de karaté défense et de body karaté. « Ce sont de nouvelles portes d’entrée vers notre discipline, justifie celle qui est directrice de médiathèque hors des tapis. Cela nous permet d’attirer un autre public. À terme, ces pratiquants prennent conscience qu’ils peuvent, eux aussi, décrocher une ceinture noire. » En parallèle de son investissement quasi quotidien dans son club, la Samarienne s’implique également auprès de la commission féminine de la FFKaraté. « J’ai eu la chance de ne jamais avoir été mise à l’écart en raison de mon sexe, peut-être parce que j’avais un fort tempérament et que je savais m’imposer, raconte-t-elle. Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de permettre aux femmes d’avoir la possibilité de s’exprimer. Elles aussi ont des choses à apporter. »

Si elle tient à souligner le travail effectué par Isabelle Amiel (présidente de la commission) et le soutien sans faille apporté par la fédération, Catherine concède que le chemin vers l’égalité des sexes est encore long. Tout comme celui menant au septième dan, qu’elle garde dans un coin de la tête. « Je n’ai pas encore cinquante ans, donc j’ai le temps de faire mûrir tout cela. » Nombreux sont donc les projets et défis que Catherine espère relever à l’avenir. Aux côtés de Ghislain, cela va sans dire.

Raphaël Brosse / Sen No Sen
Photos DR

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